Quand un enfant connaît des difficultés dans l’apprentissage de sa lecture : il mélange des lettres, il ne sait plus où il en est dans le texte et il a besoin de suivre avec son doigt pour se repérer dans les lignes. Cela entraîne des erreurs et il a du mal à comprendre ce qu’il lit.
Un suivi orthoptique pourrait l’aider dans sa lecture, en plus du suivi orthophonique.

Pourquoi consulter un orthoptiste ?

On évalue l’acuité visuelle chez un ophtalmologue. L’acuité visuelle mesure la capacité de l’oeil à distinguer deux points distincts, à différentes distances (de quelques centimètres à quelques mètres) ; c’est ce qui est testé quand on doit lire les lettres de plus en plus petites sur l’écran que vous présente l’ophtalmologue. Et c’est ce qui est noté, en dioptries, sur l’ordonnance que l’on donne à l’opticien quand on va choisir ses lunettes. La vision doit être à 10/10 ou normalisée grâce à une correction avec des lunettes. Cette correction est primordiale.
Pourtant, malgré une bonne vue, on peut avoir des troubles visuels. Pour évaluer ces troubles, qui sont en lien avec la mobilité de l’oeil, on consulte un orthoptiste.

Dans le cas de difficultés dans les apprentissages, l’enfant ne se retrouve plus dans un texte. Il saute une ligne ou lit deux fois la même ligne. Il a des difficultés à lire correctement les mots : les lettres se mélangent. Par exemple, l’enfant confond les lettres «p», «b», «d», «q», les lettres «f» et «t» ou encore le «ou» et le «on». En effet, ces lettres sont semblables mais orientées différemment dans l’espace. Autre exemple : l’enfant déplace les lettres et confond des syllabes comme «par» et «pra» ; il va donc lire «partique» pour «pratique» et, s’il arrive à se corriger, il perd du temps et risque de ne plus bien se souvenir de ce qu’il a déjà lu et donc avoir des difficultés de compréhension.
Les troubles visuels peuvent aussi avoir des conséquences sur l’orthographe des mots : si les yeux ne travaillent pas correctement, mémoriser l’orthographe d’un mot risque d’être difficile.

Il est important de faire réaliser un bilan neuro-visuel qui s’adresse plus spécifiquement aux personnes présentant des difficultés dans les apprentissages (lecture, écriture, troubles de l’attention, repérage dans l’espace). Il permettra d’obtenir plus d’éléments qu’un bilan orthoptique classique, de mieux traiter le trouble, et d’aider l’orthophoniste dans la prise en charge de l’enfant.

Fonctionnement de la lecture :

Pour bien lire, l’oeil effectue des sauts (saccades) pour aller d’une lettre à l’autre et d’une syllabe à l’autre. L’acuité visuelle doit être suffisante pour différencier les lettres les unes des autres. Les deux yeux doivent donc travailler ensemble correctement, de la même façon et en même temps : c’est le contrôle oculomoteur. Un bon contrôle oculomoteur est nécessaire, sinon la lecture sera lente, fatigante et/ou émaillée d’erreurs.
Or, dans la dyslexie (trouble de la lecture), des troubles oculomoteurs peuvent être présents et augmenter les difficultés de lecture.
Quand on apprend à lire, lorsqu’on rencontre un mot nouveau, on a tendance à lire lettre par lettre. Quand on devient lecteur expert, notre œil se focalise surtout sur des parties du mot. Il est donc essentiel que cette fixation soit de bonne qualité. De plus, quand on lit un texte, il est indispensable de ne pas se perdre dans les lignes. En effet, si le contrôle oculomoteur est de mauvaise qualité, alors on se repère mal dans le texte, on confond les lettres, donc on fait plus d’erreurs, on lit moins vite et on passe du temps à se corriger. Cela a donc des conséquences sur la compréhension en lecture ; la compréhension est plus difficile et risque d’être imprécise, voire avec des contresens.

Dois-je consulter un orthophoniste et un orthoptiste ?

Si l’enfant est déjà suivi en orthophonie et qu’il a aussi besoin d’un suivi orthoptique, les deux prises en soins peuvent être entreprises simultanément. Cela est à discuter avec l’orthophoniste et l’orthoptiste mais aussi en fonction de l’organisation familiale car mener deux prises en soin en même temps peut être lourd à gérer.
Une fois le suivi orthoptique terminé, cela ne signifie pas que la prise en soin orthophonique doit s’arrêter également. Au contraire, les objectifs déterminés par l’orthophoniste restent à atteindre et, grâce à la rééducation orthoptique, ils seront sans doute plus rapidement atteints et avec moins d’efforts de la part de l’enfant.
C’est l’orthophoniste qui estimera, en concertation avec les parents et l’enfant, quand arrêter la prise en soin.

Un bilan orthoptique peut donc s’avérer utile voire nécessaire et être suivi d’une prise en soin orthoptique. Celle-ci peut permettre d’améliorer la vitesse de lecture, pour augmenter le champ de vision attentionnel ainsi que les saccades et micro-saccades.
Cette prise en soin est généralement assez brève. Elle s’étale sur quelques semaines et elle peut avoir lieu en même temps ou en décalé d’une prise en soin orthophonique. Mais si orthoptie et orthophonie sont nécessaires, il est important que les deux suivis soient effectués.

Le parcours de soin le plus fréquent débute par un bilan orthophonique à la fin duquel un diagnostic de trouble des apprentissages et du langage écrit peut être établi. L’orthophoniste préconise alors parfois la réalisation d’un bilan orthoptique (neurovisuel si possible) qui peut mettre en évidence des soucis à ce niveau et mener à une rééducation orthoptique. Elle est entreprise avant le début de la prise en soin orthophonique ou en même temps.