Le graphisme est une compétence complexe qui se met en place depuis la toute petite enfance. On en prend plus spécifiquement conscience lorsque l’enfant apprend à écrire des lettres et des mots. Le plus souvent, c’est à l’école élémentaire que les parents sont alertés sur d’éventuelles difficultés de leur enfant. On leur dit parfois que c’est illisible, raturé ou alors que leur enfant est trop lent pour écrire. Parfois, c’est l’enfant qui relate une douleur lorsqu’il écrit longtemps.
Plus l’enfant avance dans sa scolarité, plus on lui demande d’écrire. Les textes deviennent plus longs, le temps qui est accordé pour les écrire diminue. L’enfant doit se presser davantage, ce qui peut être ingérable pour lui.

Qu’est ce que le graphisme ?

Ce que l’on appelle graphisme, au cours des apprentissages, est lié à la trace écrite que laisse l’élève avec son crayon. C’est ce qu’on appelait autrefois « l’écriture ». C’est un mode de communication à part entière. Écrire nous permet de véhiculer un message.
Dans les tâches de graphisme que l’on propose à l’école, il y a des activités qui préparent l’écriture, et qui sont réalisées en classe maternelle –petite, moyenne et grande section- . L’activité d’écriture se développe à partir de la grande section puis au cours des classes élémentaires –CP, CE1, CE2, CM1, CM2, quand l’enfant apprend à lire et à écrire.

Comment se développent les compétences graphiques ?

Dès le plus jeune âge, l’enfant expérimente le monde en manipulant les objets qui l’entourent. Il va ainsi découvrir que certaines choses sont dures, d’autres molles, certaines sont faciles à attraper avec la main, d’autres non. Cela commence dès que l’enfant se saisit des objets qu’on lui propose : hochet, balle, doudou. Il découvre également l’espace dans lequel il évolue.
Il va ensuite commencer à laisser une trace : marques des doigts dans le sable, sur la terre, puis sur un support plus habituel : feuille de papier, tableau, toile. Au départ, il est à l’aise avec des outils faciles à attraper par sa petite main. Il tient ses gros crayons à pleine main, puis à plusieurs doigts. Il utilise encore souvent alternativement sa main gauche et sa main droite pour dessiner. Il a ensuite accès, au fil du temps à de nombreux outils, plus ou moins fins, en fonction de l’évolution de sa motricité globale et de sa motricité fine.

À partir de l’entrée à l’école du jeune enfant, on est vigilant à la bonne prise de l’outil : c’est fondamental pour ancrer de bonnes habitudes.
La transformation du graphisme est en lien avec le développement global de l’enfant et dépend du contrôle de ses muscles. L’enfant contrôle d’abord les muscles les plus grands et fondamentaux, puis les muscles les plus petits, en commençant par les zones les plus proches de la tête : le mouvement se fait d’abord avec l’épaule, puis avec le coude, le poignet et enfin, l’enfant maîtrise le mouvement de ses doigts. C’est un processus long et complexe.

Comment se transforme la trace graphique ?

Au départ, le jeune enfant fait du gribouillage. Il ne contrôle pas la forme qu’il produit avec le crayon, la craie ou avec son doigt. En grandissant, il se met à maîtriser la forme dans sa globalité, pour enfin s’attacher aux détails et affiner son graphisme. Cela demande un certain contrôle du mouvement (contrôle moteur), un niveau de représentation adapté de la forme à produire et une bonne coordination entre la main et l’œil. La posture globale est aussi importante, tout comme la régulation du tonus. Il faut appuyer suffisamment, mais pas trop. Autant de compétences fines qui démarrent au cours des premières années de vie.

La facilité à accéder au graphisme est donc liée à des compétences musculaires, toniques, mais aussi aux sens (toucher et vue principalement) qui doivent être compétents et qui se développent simultanément. L’environnement psycho-affectif joue aussi un rôle dans le développement du graphisme. Un enfant que l’on encourage a envie de produire des traces, qu’il s’agisse de gribouillis, de dessins, de petits mots ou de grands textes.

Lorsque l’adulte met du sens sur les premières traces de l’enfant, qui ressemblent à un gribouillage, ça permet de construire l’accès au symbolisme. Au commencement, l’enfant laisse une trace spontanément. Il va ensuite mettre du sens sur ce qu’il dessine, notamment grâce aux interprétations et aux paroles de l’adulte, et il va vouloir communiquer grâce à son dessin. Lorsqu’il accédera aux codes communs de l’écrit, le graphisme cédera la place à l’écriture en tant que moyen de communication.

Quelles sont les difficultés de graphisme les plus courantes ?

Les parents ou les enseignants s’inquiètent du graphisme d’un enfant quand la trace laissée n’est pas adaptée à ce qu’on a demandé : difficulté à respecter la taille des tracés (qu’il s’agisse de formes ou de lettres), écriture irrégulière, illisible, raturée, barrée, peu assurée.
D’autres indices doivent aussi les alerter : lorsque l’enfant est particulièrement lent pour écrire, qu’il n’a pas le temps de finir le travail demandé, ou encore qu’il se plaint de douleurs dans la main ou le bras quand il écrit.

Quelquefois on n’arrive même plus à lire ce que la personne a écrit. Certaines fautes sont difficiles à repérer car on n’est pas sûrs de la lettre que l’enfant a voulu former.Certains enfants rencontrent une difficulté passagère, qui se résorbera avec une rééducation, d’autres connaissent des troubles plus complexes et durables. C’est ce que l’on nomme souvent la dysgraphie.

Peut-on aider son enfant à la maison ?

À la maison, dès le plus jeune âge, les parents peuvent accompagner leur enfant dans l’exploration de son univers. Pour cela, ils jouent avec lui et le laissent manipuler les objets qui sont à sa portée et qui ne sont pas dangereux. Cela peut commencer avec des hochets puis des jeux de transvasements puis d’encastrements, où les formes sont encore très grosses et donc faciles à attraper par des petites mains, des échanges de balles.

Toutes les activités qui sollicitent les mains sont les bienvenues : pâte à modeler, pâte à sel, peinture aux doigts ou avec un pinceau, cuisine. Les gestes de la vie quotidienne participent au développement de l’enfant : apprendre à se laver, à s’habiller, à fermer des boutons ou des fermetures à glissières, autant de compétences indispensables, qui mobilisent les mains, en coordination avec le regard.

Quand l’enfant grandit, on peut lui proposer de faire des grandes traces dans du sable ou de la semoule, sur un tableau, sur de grandes feuilles, en adaptant les outils à ses compétences. On sait par exemple que la coordination de la main et de l’œil évolue. Au départ, seule la main bouge. Puis l’œil suit la main. Ensuite, l’œil devance la main. Tout cela n’est faisable que parce que l’enfant exerce ses compétences main-œil dans d’autres situations (échanges de balles, manipulations et encastrements).
Proposer des lignes de boucles, de ponts et de ronds sera possible uniquement si l’enfant a déjà gravi les premières marches de son développement graphique.

Doit-on consulter et qui consulter ?

Lorsque les difficultés graphiques deviennent gênantes dans les apprentissages ou dans la vie quotidienne, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé. Plusieurs professionnels sont formés aux troubles du graphisme.
Les orthophonistes sont habilités à prendre en charge ces troubles. Parfois l’enfant est déjà suivi par son orthophoniste, par exemple pour des difficultés de lecture ou d’orthographe.

L’orthophoniste, qui exerce sur prescription médicale, reçoit l’enfant et les parents pour faire le point sur le développement global de l’enfant, pour évaluer la demande et faire des tests. Ceux-ci permettent de cibler la difficulté et de voir comment l’enfant se situe par rapport aux compétences attendues à cet âge. Des bilans complémentaires peuvent être demandés : ophtalmologique, orthoptique, psychomoteur. À l’issue du bilan orthophonique, des séances de rééducation sont mises en place si c’est nécessaire.

Les difficultés d’écriture peuvent être liées à un trouble du langage écrit (si je dois réfléchir à l’orthographe du mot, je vais davantage raturer ou hésiter), à un problème attentionnel, à une difficulté motrice fine ou globale, à un refus de respecter certaines règles à une faiblesse visuelle. L’orthophoniste est souvent là en première ligne pour essayer de comprendre l’origine de la gêne graphique de l’enfant et la travailler ou ré-orienter la famille au besoin.

Parfois, la difficulté est plus globale. L’enfant a du mal à réguler son tonus, les pré-requis du graphisme ne sont pas en place, la posture est inadaptée, les gestes de la vie quotidienne sont difficiles (s’habiller, lacer ses chaussures, ébaucher des mouvements précis). Dans ce cas, le bilan de graphisme est réalisé par un psychomotricien et s’accompagne d’explorations plus complètes. Ce professionnel de santé exerce aussi sur prescription médicale et utilise de nombreux outils d’évaluation et de remédiation.

Enfin, malgré une rééducation du graphisme, il arrive que l’écriture soit trop coûteuse à produire, trop lente ou peu lisible. Dans ce cas, certaines personnes apprennent à utiliser un ordinateur auprès d’un ergothérapeute. Ce professionnel va aider dans la mise en place des adaptations concrètes nécessaires pour compenser les troubles du graphisme.
Les prises en charge sont le plus souvent individuelles mais il existe des propositions d’ateliers d’écriture, en groupe, pour retrouver le plaisir d’écrire.

Le graphisme est un outil de communication qui sert à véhiculer une information, organiser la pensée ou mémoriser un contenu. C’est une tâche complexe, un langage codé qui doit être bien maîtrisé par les interlocuteurs. Lorsque le graphisme devient coûteux (lent, douloureux) ou que le résultat produit n’est pas celui attendu (lettres illisibles, raturées), il est important de s’adresser à un professionnel de santé.