« Thibaut a 4 ans, il est en moyenne section de maternelle et sa maîtresse parle d’un suivi en CMP pour l’aider avec ses difficultés de langage et de motricité. Nous en avons parlé avec son pédiatre qui pense que ce serait bien. »
Les difficultés de Thibaut
Thibaut est suivi en orthophonie depuis quelques mois car il a du mal à comprendre et à s’exprimer en classe. Ses phrases sont très courtes et la maîtresse de petite section avait l’impression qu’il comprenait peu les consignes et les histoires.
Cette année, les activités de motricité et de graphisme sont difficiles pour lui : il arrive peu à se concentrer, à tenir son feutre, à s’habiller et se préparer seul, à gérer ses affaires à l’école, il s’agite beaucoup.
La maîtresse est inquiète et parle d’une prise en charge en Centre Médico-Psychologique (CMP) pour que Thibaut puisse bénéficier d’une meilleure aide pour ses différentes difficultés.
Le CMP, c’est quoi ?
Un Centre Médico-Psychologique est composé d’une équipe médicale (médecins pédopsychiatres), d’une équipe paramédicale (infirmiers, orthophonistes, psychomotriciens), psychologues, parfois éducateurs ou ergothérapeutes et d’une assistante sociale.
Ils sont rattachés à un hôpital pédiatrique et plus particulièrement à une unité du service de psychiatrie, où les médecins (pédopsychiatres) sont formés aux troubles du langage et des apprentissages, aux troubles du spectre autistique et au développement cognitif et global de l’enfant et de l’adolescent.
Le CMP, c’est où ?
Les CMP sont sectorisés : selon le lieu de résidence, il dépendra d’un centre en particulier (arrondissement, quartier, ville).
Le CMP, c’est pour qui ?
Il s’adresse à des enfants de 0 à 16/17ans, qui présentent des difficultés d’apprentissage : langage, motricité, graphisme, lecture et/ou écriture, ou des difficultés développementales : trouble du spectre autistique, retard global de développement.
Les difficultés d’ordre psychologique ou psychiatrique peuvent également y être prises en charge : angoisse, anxiété, opposition, provocation, tics, troubles de l’humeur, troubles des conduites alimentaires.
Les suivis peuvent être individuels ou en groupe de 3 à 5 enfants.
Un CMP peut proposer aussi des groupes aux parents, qui permettront d’échanger et de travailler autour de thèmes variés en rapport avec l’éducation et les difficultés de leurs enfants. Ces groupes sont en général animés par une ou plusieurs psychologues.
Comment y prendre rendez-vous et y être suivi ?
Un suivi en CMP est indiqué lorsqu’un enfant rencontre des difficultés de développement dans plusieurs domaines : langage, motricité fine et/ou globale, cognitif, ou lorsqu’un suivi psychiatrique ou psychologique est nécessaire.
L’orientation est souvent proposée par un professionnel qui connait déjà l’enfant et qui pense qu’une prise en charge plus spécialisée est nécessaire.
Cela peut être la maîtresse qui remarque des fragilités dans plusieurs domaines, une orthophoniste qui soupçonne des difficultés autres que celles spécifiques au langage, un pédiatre à qui les parents ont confié leurs inquiétudes.
Le mode d’inscription et de fonctionnement dépend de chaque CMP. En général, à l’appel des parents ou visite au secrétariat, un dossier d’inscription leur sera remis.
Il comporte plusieurs pièces : des documents administratifs sur l’enfant et son environnement familial (lieu d’habitation, noms des parents, frères et soeurs, difficultés, etc.) et des questionnaires à faire remplir par l’école et par ses parents. Ils pourront y joindre des certificats ou compte rendus médicaux si ils en ont.
Une fois le dossier complet, il sera examiné en commission, afin de déterminer si le CMP est la structure adéquate pour aider l’enfant. Il sera soit admis, soit ré-orienté vers une structure plus adaptée.
Les premiers rendez-vous
Les parents et l’enfant seront reçus par l’infirmier en premier lieu puis par un psychiatre, qui recueilleront les éléments importants du développement de l’enfant : grossesse, accouchement, petite enfance, développement moteur, développement langagier, relationnel, scolarité, habitudes de vie et difficultés.
Suite à ce ou ces premier(s) rendez-vous, le psychiatre et/ou l’infirmier présenteront le dossier de l’enfant en synthèse à l’équipe de soins.
L’ensemble de l’équipe réfléchira alors aux suivis médicaux et paramédicaux dont pourrait bénéficier l’enfant au sein du CMP.
Avec l’accord des parents, l’enfant sera inscrit sur la ou les listes d’attentes pour les prises en charge nécessaires et sera reçu dès que son tour viendra.
Et si j’ai déjà des suivis en libéral ? S’il y a une longue attente pour un suivi paramédical au CMP ?
Les parents décident s’ils poursuivent les suivis mis en place en libéral. La psychomotricité, l’ergothérapie et les suivis éducatif et psychothérapeutique, non remboursés par la sécurité sociale, sont intégralement pris en charge en CMP.
L’orthophonie, remboursée par la sécurité sociale et la mutuelle en libéral est aussi prise en charge au CMP.
Les CMP étant sectorisés, ils doivent également recevoir tous les enfants de la zone géographique proche, et sont souvent saturés. L’attente peut être longue avant que l’enfant ait une place pour un suivi individuel ou en groupe.
En attendant et en en ayant discuté avec le pédopsychiatre qui suit l’enfant au CMP, les parents peuvent lui demander une ordonnance et les papiers nécessaires pour commencer le suivi en libéral.
L’idéal étant de regrouper tous les soins au CMP afin que l’équipe médicale et paramédicale puisse plus facilement travailler en équipe et en coordination. Le projet se soin est réalisé en équipe, avec le regard de chaque professionnel.
Le travail est plus cohérent et les ajustements se font plus facilement qu’avec des suivis diversifiés en libéral.
Et pourquoi l’orthophonie au CMP plutôt qu’en libéral ?
L’orthophoniste du CMP est spécialisée dans les difficultés développementales.
Elle ne prend en soins que les enfants présentant un trouble du langage oral, du langage écrit, un trouble du spectre autistique ou un retard global. Il est possible qu’elle soit mieux formée dans ces domaines et plus experte qu’une orthophoniste libérale.
Elle prend en soins un enfant une ou plusieurs fois par semaine et peut échanger directement avec son médecin référent et/ou avec les éventuels autres rééducateurs.
Si besoin et avec l’accord des parents, ils ajustent les objectifs en équipe en fonction des progrès ou des difficultés rencontrées dans le suivi. La communication est beaucoup plus facile et le projet thérapeutique est commun et plus cohérent.
Par exemple, lors du suivi d’un enfant présentant un TSA (Trouble du Spectre Autistique), l’orthophoniste peut informer les autres professionnels du nouveau vocabulaire appris, ou de la mise en place d’une communication par échange d’images ou par gestes. Ses collègues pourront utiliser ces images ou ces gestes pendant leurs séances, pour continuer l’apprentissage et généraliser le moyen de communication.
L’enfant bénéficie des suivis médicaux et paramédicaux dont il a besoin. Des rendez-vous de contrôle avec le médecin sont programmés à la fréquence adaptée. Il est suivi aussi longtemps que nécessaire, avec une limite d’âge de 18 ans. Au-delà, il sera orienté en CMP adulte ou en libéral.