Marguerite, 4 ans 1/2, a du mal à dire les mots. Souvent, la fin de mot est absente. Parfois c’est leur début. Une table devient une «tab», un canard est un «cana» et des lunettes se transforment en «lunè» ; un papillon est un «pillon». Alors, Marguerite a parfois du mal à se faire comprendre. Ses parents lui demandent de se corriger et de répéter correctement. C’est difficile pour Marguerite qui s’énerve et ne sait plus ce qu’elle voulait dire. Pire, elle ne veut même plus poursuivre ce qu’elle était en train de raconter.

Malgré les remarques de son entourage, elle ne progresse pas, les mots sont toujours coupés. Ses parents constatent que les difficultés de prononciation gênent leur fille, mais ils voient bien que leur aide n’est pas toujours adaptée. Ils se demandent ce qu’ils pourraient faire pour aider leur fille à mieux parler et communiquer.

Contrôler l’audition

Si un enfant ne termine pas ses mots, avant toute chose, il est primordial de vérifier son audition. Une baisse auditive, même légère, pourrait expliquer ses difficultés de prononciation. Un bilan auditif chez un ORL est nécessaire. Si l’enfant fait des otites régulièrement ou a un bouchon de cérumen, il entend moins bien et les fins de mots sont moins bien perçues. Le français a une intonation descendante, c’est-à-dire que les fins de mots ou de phrases sont moins audibles que les débuts. Les dernières parties des mots sont moins bien entendues en cas de souci ORL. La fréquence des otites peut aussi favoriser une surdité légère, passagère ou permanente. Cette surdité peut entraîner des troubles de la parole à long terme. Ces pertes sont très difficiles à repérer sans audiogramme. Elles ont pourtant une grosse conséquence sur la parole de l’enfant (ex : «r», doubles consonnes).

Si la consultation ORL montre la présence d’un trouble auditif, un traitement adapté, prescrit par le médecin, devrait lui permettre de mieux percevoir les sons et donc d’améliorer sa parole. Selon le cas, un traitement médicamenteux ou bien la pose d’aérateurs transtympaniques (diabolos,yoyos), une amygdalectomie par exemple, sera proposé à la famille.
S’il n’y a pas de baisse auditive, les causes de ces difficultés de parole sont à chercher ailleurs comme, par exemple, la succion de la tétine. Lorsque l’enfant veut parler, il vaut mieux qu’il enlève sa tétine. Sa langue sera plus libre pour prononcer tous les mots. L’enfant choisit entre parler ou utiliser sa tétine.

Accentuer les syllabes manquantes

Pour aider un enfant à progresser, ses parents ont un rôle à jouer. Il n’est pas utile de l’interrompre pour le corriger et le faire répéter. L’encourager et lui donner le bon modèle sont deux actions indispensables. Si Marguerite tente de redire le mot, les parents la félicitent, même si le mot n’est pas encore parfait. Les parents félicitent Marguerite dès elle répète spontanément.
Quand Marguerite dit qu’elle a mangé une «bana», ses parents reprennent sa phrase en insistant sur le mot mal prononcé : «Oui, Marguerite, tu as mangé une banane, elle était bonne cette banane». Ainsi, elle perçoit la fin du mot et peut corriger la bonne prononciation. La conversation continue mais le mot mal prononcé a été repris. Le parent a montré à Marguerite le bon modèle. Si personne ne corrige la production de l’enfant en reprenant correctement le mot, il ne sait pas qu’il se trompe et ne peut donc pas s’améliorer. Les parents corrigent le mot en redonnant la bonne prononciation. Leur conversation se poursuit sereinement et Marguerite a entendu le mot en entier.

Faire répéter ne sert à rien. Si l’enfant l’accepte, une répétition suffira même si le résultat ne semble pas satisfaisant. Trop de répétitions risque de braquer l’enfant, l’énerver, le mettre en colère. Il peut même refuser de poursuivre la conversation ou parler moins, de crainte de se voir tout le temps repris pour faire mieux.

S’amuser avec les mots

Pour aider Marguerite à lui faire prendre conscience qu’elle oublie de prononcer certaines fins de mots, ses parents peuvent lui proposer de jouer avec. Pour cela, ils peuvent jouer avec elle en reprenant certains mots qu’elle a du mal à dire. Ils vont exagérer la séparation des syllabes. On peut alors dire le mot en tapant dans ses mains, en marchant (une syllabe = un pas), en sautant (une syllabe = un saut), en chantant. Ainsi, elle apprend et entend qu’on ne dit pas «bana» mais «ba-na-ne».
Évidemment, il est possible de faire la même chose pour les mots dont il manque la première syllabe : on tape dans ses mains une fois en même temps qu’on dit «é», une deuxième fois pour «lé» et une troisième fois pour «phant» et Marguerite a entendu et vu les trois morceaux du mot «éléphant».

Profiter du moment des histoires

Lire une histoire du soir à Marguerite peut l’aider à percevoir la prononciation correcte des mots. En effet, lorsqu’un adulte raconte une histoire à un enfant, il va modifier sa parole. Il a tendance à parler plus lentement, à accentuer l’intonation et faire des pauses plus longues que dans une conversation. Cela favorise l’écoute et la différenciation des mots. Cela permet aussi de mieux percevoir les syllabes et les sons qui sont mieux séparés. Si le livre sélectionné possède des formules de phrases répétitives, c’est encore mieux. L’enfant entend les mêmes mots à plusieurs reprises. Cela lui permet de bien les intégrer et percevoir tous les sons de ces mots. Si le parent le souhaite, il peut aussi lui proposer des comptines qui ont aussi des phrases répétitives. Les médiathèques et les bibliothèques proposent beaucoup de livres de ce type.

Jouer pour mieux parler

Il existe de nombreux jeux de société simples tels que des lotos, des mémorys ou des dominos d’images qui peuvent constituer un excellent support ludique pour aider un enfant à mieux parler. En effet, en jouant à nommer le dessin, Marguerite s’entraîne à prononcer la fin de ce mot, même si ce n’est pas parfait et, quand c’est au tour de l’adulte de jouer, elle entend la bonne façon de prononcer le mot qui lui pose problème. Ces jeux n’exigent pas de beaucoup parler, juste ce qu’il faut de parole pour écouter, entendre, reproduire.

Et si Marguerite ne progresse pas ?

Dès 3 ans, les parents ne traduisent plus ce que dit l’enfant. Il doit être compris de tous. À 4 ans 1/2, un enfant est censé s’exprimer de manière correcte. L’enfant est compris par ses proches ou par des personnes qui le rencontrent pour la première fois. Si Marguerite ne progresse pas alors que son audition est bonne et malgré les efforts fournis par ses parents, alors un bilan chez un orthophoniste est à envisager.
Les mots qu’elle avait l’habitude de déformer seront peut-être un peu plus longs à corriger que les nouveaux.

Si votre enfant ne prononce pas toute la fin des mots, une consultation ORL est nécessaire afin de vérifier son audition. Lui offrir un bon modèle est essentiel. On peut reprendre ses phrases en insistant sur la bonne prononciation, sans le faire répéter. On peut insister sur le mot erroné dans d’autres phrases pour que l’enfant perçoive bien la bonne prononciation. Pour développer ses progrès, il a besoin d’un environnement encourageant et bienveillant. Ses parents lui montrent comment faire et restent à l’écoute de ce qu’il dit. L’important reste ce qu’il a à vous dire plutôt que la manière dont il vous le dit. Ces attitudes simples et positives vont l’aider à grandir et s’améliorer.