Nous venons d’apprendre que notre bébé n’entend pas comme on le pensait. Pourra-t-il parler ?

Un bébé avant tout

Votre enfant est d’abord un enfant comme les autres. Il a des besoins naturels de tendresse, d’affection, de communication verbale et non-verbale. Vous pouvez continuer à lui parler, à lui chanter des chansons, à lui exprimer vos émotions. Un bébé, sourd ou non, a de grandes capacités de communication et tous ses autres sens sont en éveil ! Vision, toucher, odorat, et même l’audition, qui n’est pas parfaite mais peut être présente.

Certaines adaptations sont nécessaires pour bien prendre en compte sa surdité lorsque vous lui parlez. Le bébé a besoin de voir son interlocuteur : il faut être en face de lui pour qu’il voit vos lèvres bouger et les différentes expressions de votre visage.

Degré de surdité

Le degré de surdité est important à connaître pour savoir quel sera l’impact sur le développement du langage. Le médecin utilise des tests adaptés aux enfants pour préciser ce degré de surdité. Un enfant a besoin de bien entendre des sons entre 0 et 20 dB pour apprendre à parler sans difficulté.

Un enfant qui a une surdité légère (entre 20 et 40 dB de perte) a des difficultés à entendre dans le bruit et ne comprend pas tous les mots. Un enfant qui présente une surdité moyenne (entre 40 et 70 dB) confond les sons, a besoin des lèvres pour comprendre. Son langage se développera, mais sans appareillage il aura des difficultés à se faire comprendre. Un bilan et des séances chez un orthophoniste pourront être nécessaires pour l’aider à accéder au langage oral.

Un enfant qui a une surdité sévère (70 à 90 dB) ou profonde (perte supérieure à 90 dB) ne peut pas développer le langage sans appareils auditifs adaptés car il n’entend pas quand on lui parle. Il ne voit que les lèvres bouger.

Choix de la langue

Plusieurs choix de langue sont alors possibles pour ces enfants qui présentent une surdité sévère ou profonde (recommandations de la Haute Autorité de Santé). Soit une approche audiophonatoire qui va stimuler l’audition et aider le langage oral à se développer, soit une communication visuogestuelle, avec un apprentissage de la langue française des signes (LSF). Ce sont toujours les parents qui choisissent la langue qu’ils voudront parler avec leur enfant. Mais vous n’êtes pas seuls, de nombreux professionnels sont là pour vous aider et vous conseiller. Vous pouvez aussi rencontrer d’autres parents d’enfants sourds, des adolescents ou adultes sourds dans une association (www.surdinfo.com).

Dans les deux cas, le choix de la langue devra être fait avant l’âge de 3 ans. C’est avant cet âge que le cerveau est le plus adaptable, on parle de plasticité cérébrale.

Appareillage précoce

Si le choix est celui de la langue orale, plus l’enfant entend tôt, plus il pourra comprendre ce qu’on lui dit. Alors il pourra développer son langage. Un enfant qui entend bien met du temps à apprendre à parler : il y a une longue période d’imprégnation nécessaire avant de pouvoir comprendre la langue et pouvoir s’exprimer.

Un appareillage est donc proposé dès le plus jeune âge de l’enfant sourd. Les audioprothésistes sont maintenant habitués à recevoir des bébés et leurs parents. Lorsque la surdité est sévère ou profonde, et si les bilans médicaux le permettent, les médecins peuvent vous proposer un implant cochléaire. Cet appareillage bien particulier est posé lors d’une opération chirurgicale. Les appareils ou les implants permettent de percevoir les bruits et la voix. Mais ils peuvent ne pas suffire pour parler.

Développement du langage

Pour permettre le bon développement du langage, l’orthophoniste, en partenariat avec vous, aidera l’enfant à utiliser au mieux le gain que lui donne son appareillage. C’est ce qu’on appelle l’éducation auditive. A la maison, vous pourrez lui faire découvrir les bruits du quotidien comme l’eau qui coule, la sonnette de la porte, ou des pas dans le couloir.

L’enfant doit progressivement faire des liens entre ce qu’il voit, ce qu’il touche, ce qu’il sent et ce qu’il entend. C’est pareil pour les mots : au début, les mots simples du quotidien sont privilégiés, puis des mots et des phrases un peu plus difficiles. L’intonation de la parole joue un rôle important pour continuer à l’intéresser, l’amuser. L’apprentissage du langage d’un enfant passe avant tout par le plaisir, le jeu partagé avec ses parents et sa famille.

On parle de « bain de langage », c’est-à-dire que vous parlez à votre enfant, lui expliquer tout ce qu’il entend, ce qu’il voit. « Oh, regarde ! Qu’est-ce que c’est ? – C’est le poisson. Oh, regarde le petit poisson ! Le poisson nage dans l’eau. ».

Un enfant sourd a des difficultés à entendre lorsqu’il y a du bruit dans la pièce, lorsque la télévision est allumée ou que plusieurs personnes parlent en même temps. Il faut donc lui parler directement, à sa hauteur et dans un environnement sonore calme.

Les différents degrés de la surdité ont des impacts sur le développement du langage qui ne sont pas les mêmes. Si la surdité est sévère ou profonde, les parents pourront faire le choix d’une langue parlée ou d’une langue signée. Dans les deux cas, ce choix doit être fait tôt dans la vie d’un enfant afin qu’il puisse développer un langage. Si le choix est celui d’une langue orale parlée, alors le médecin vous orientera vers un audioprothésiste pour obtenir des appareils auditifs et vers un orthophoniste. Celui-ci vous encouragera à découvrir tous les potentiels de communication de votre enfant et l’aidera à utiliser ses appareils pour qu’il puisse entendre, comprendre et enfin parler !