Ces habitudes peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé des personnes concernées. Pour Gabin, il sera d’autant plus important de les corriger car sa croissance faciale est loin d’être achevée. Et pour Laurence ?

Mais au fait, comment respire t-on ?

On respire parce qu’on a besoin d’oxygène. L’apport de l’oxygène se fait dans le ventre de la mère par le placenta. C’est lors de sa naissance que le bébé passe à une respiration aérienne. Jusqu’à l’âge de trois mois, la respiration du nourrisson est principalement nasale (par le nez).
Un cycle respiratoire correspond à une inspiration (absorber de l’air) et une expiration (rejeter de l’air). Jusqu’à 12 ans, le nombre de cycles dépend de chaque enfant. Ensuite, il est de 12 à 20 cycles par minute.
Bien sûr, ce sont nos poumons qui nous permettent de respirer. C’est un mouvement naturel et réflexe auquel nous ne prêtons plus attention. Il est possible de respirer par la bouche et par le nez. Heureusement d’ailleurs ! En effet, si notre nez est bouché nous avons une seconde voie possible. Pendant notre sommeil les deux sont également possibles. On résume souvent le rôle de notre nez à l’odorat, mais respirer naturellement par le nez est beaucoup plus important que sentir.

Pourquoi la respiration nasale est naturelle ?

Respirer par le nez permet de filtrer, réchauffer et humidifier l’air inspiré avant son entrée dans les poumons. Au contraire, l’air inspiré par la bouche n’a pas ses qualités et favorise les infections ORL (otites, rhumes).

Quels sont les troubles liés à la respiration buccale ?

Si notre nez est bouché, nous allons ouvrir la bouche et notre langue se placera en position basse. Or, la langue doit pouvoir se positionner au palais, sans pression. C’est cette position haute de la langue et la respiration nasale qui vont permettre au palais, donc la bouche donc la face de se développer. En effet, la langue appuie sur le palais et va l’élargir. Cela permet une meilleure respiration.

Cercle vertueux de la respiration nasale

Ce cercle vertueux favorise aussi la bonne croissance dentaire et un visage harmonieux. La face se développe environ jusqu’à 16-18 ans selon le sexe. Il est donc capital de s’assurer de cette bonne respiration au plus tôt. Sans une bonne respiration nasale, un traitement orthodontique seul ne pourra résoudre durablement les troubles dentaires et osseux.

Respirer par le nez pendant son sommeil est tout aussi important. La respiration buccale (par la bouche) peut-être liée aux troubles du sommeil comme les apnées (blocage respiratoire). Les conséquences sont nombreuses et connues : fatigue, difficultés de concentration et mémorisation. Ce sont des troubles qui touchent toutes les générations et pas seulement les adultes.

On rappellera les principaux signes pouvant évoquer un syndrome d’apnées obstructives du sommeil : sueurs intenses, cauchemars, énurésie (pipi au lit), agitation, oreiller humide, siestes prolongées en journées et bien sûr, ronflements ou blocages respiratoires.

Chez les adultes, la persistance de la respiration buccale peut aussi entraîner des douleurs dans le dos et la nuque ainsi qu’une sécheresse chronique de la bouche.

Qu’est-ce qui peut gêner l’acquisition de la respiration nasale ?

Il existe des raisons anatomiques favorisant la respiration buccale au détriment de la respiration nasale.

  • Chez l’enfant, la première cause est la présence d’amygdales ou végétations trop volumineuses.
  • Les chirurgies réparatrices comme dans des fentes palatines, limitent la croissance de la mâchoire supérieure et du palais. Il peut aussi persister des déviations de la cloison nasale.
  • La présence d’une grosse langue ou certaines pathologies sévères peuvent entraîner la langue en position basse puis l’ouverture buccale.
  • L’utilisation prolongée de la tétine favorise les déformations dentaires associées à la respiration buccale.
  • Les malformations et pathologies nasales : déviation de la cloison, kystes et polypes, sont autant de freins à la circulation de l’air dans la cavité nasale.
  • Les allergies et rhinites chroniques elles, génèrent les sensations de nez bouché et la compensation par une respiration buccale.

Comment favoriser la ventilation nasale ? Qui consulter ?

La première chose à généraliser est le mouchage. Apprendre à son enfant à se moucher efficacement est possible et indispensable dès un an. Jouer avec un loto des odeurs, faire la cuisine constituent aussi des activités stimulantes pour la respiration nasale.

En cas de doutes sur des troubles du sommeil, des allergies ou des problèmes respiratoires, il est important de commencer par consulter son médecin traitant. C’est le parcours coordonné qu’il faut suivre pour obtenir le remboursement d’une visite chez un médecin spécialiste (ORL, allergologue selon les cas). L’ORL pourra évaluer et diagnostiquer si ces troubles nécessitent un traitement médicamenteux et/ou chirurgical (malformations, amygdales, végétations, pathologies respiratoires). L’allergologue évaluera les allergies.

Ces troubles sont aussi pris en charge par des traitements orthodontiques précoces : gouttières souples et élargissement du palais avec un appareil.
En fin de croissance osseuse (16 à 18 ans environ) ou chez l’adulte, des chirurgies peuvent, dans les cas les plus complexes, avancer la mâchoire afin de faciliter la respiration nasale et la bonne occlusion dentaire (bon emboîtement des dents): ostéotomie maxillaire, aussi appelée Lefort 1, disjonction inter-maxillaire chirurgicale.

Les médecins orientent souvent les patients auprès de l’orthophoniste, l’expert de la cavité buccale et ses fonctions. Après un bilan approfondi, l’orthophoniste accompagnera le patient à tout âge dans l’acquisition de cette respiration nasale et d’une langue en bonne position. L’orthophoniste peut aussi diriger ses patients vers les ORL, orthodontistes lors d’un bilan pour un tout autre motif (articulation, troubles des apprentissages) en constatant une respiration buccale et des troubles associés.

Respirer par le nez est essentiel. Les conséquences liées à l’absence d’une respiration nasale exclusive débutent précocement et se poursuivent tout au long de la vie. L’orthophoniste est un partenaire indispensable. Il peut repérer avant tous les autres intervenants les troubles de la respiration.