Pourquoi apprendre à se moucher ?

Mais c’est quoi toute cette morve ?
Ce que nous appelons la morve se sont des mucosités, et comme les glaires, elles ne sont pas sans intérêt pour notre corps. On produit environ 1 litre par jour mais sans nous en rendre compte car nous l’avalons principalement. Ce mucus participe au nettoyage des fosses nasales en filtrant des poussières par exemple. En séchant, celles-ci deviennent les fameuses crottes de nez et comme elles sont aussi pleines de bactéries, cela fait une raison de plus de ne pas les avaler !
La morve s’élimine en coulant à l’arrière de notre gorge, rejoignant finalement le système digestif. Étant un peu collant et épais, le mucus peut susciter chez nous le besoin de se racler la gorge ou «  faire le cochon », c’est-à-dire rassembler et avaler le trop plein. C’est un excellent réflexe mais peu apprécié en société !

Lorsque nous sommes enrhumés ou en cas d’allergies, la muqueuse produit plus de morve et il devient alors nécessaire d’évacuer le trop plein par le nez. Le mucus coule, tandis que les conduits narinaires se rétrécissent et nous voici en plus avec le nez bouché. C’est très inconfortable : le sommeil est perturbé, les yeux coulent, on perd l’odorat et le goût, la respiration devient buccale (par la bouche).

Pourquoi se moucher aussi quand on n’est pas malade ?

Nous venons de citer les désagréments liés aux périodes de rhumes et rhinites. Et nous avons aussi souligné que le mucus contribue à nettoyer et humidifier les cavités nasales et à envoyer de l’air à bonne température dans les poumons.

Pourtant, il ne faut pas éliminer seulement le surplus dans ces situations. Il est nécessaire aussi de prévenir l’accumulation de mucosités qui pourrait être renvoyée dans les voies respiratoires au quotidien. En effet, le mucus contribue au développement des rhumes, sinusites et même des otites. La respiration nasale constitue aussi un filtre pour nos poumons qui ont besoin d’une certaine humidité et chaleur.

De plus, lorsque nous respirons mal par le nez, cela favorise le développement d’une respiration buccale. La bouche est ouverte ou le plus souvent entrouverte. La langue descend naturellement dans la cavité buccale. Cette respiration et ce placement lingual perturbés vont entraîner des perturbations dans la croissance dentaire (langue qui s’interpose entre les dents créant une béance, ou poussant sur les incisives inférieures). Elle participe aussi à la croissance de la face (la langue basse pousse sur la mâchoire inférieure, tandis que la partie haute se développe moins bien).

Apprendre à se moucher, mieux respirer par le nez c’est également s’assurer un meilleur sommeil, plus profond et réparateur. Si votre enfant est fatigué le matin, s’il a du mal à mémoriser alors observez son sommeil : est-ce qu’il ronfle ? Dort-il la bouche ouverte ? La mémorisation des apprentissages se fait au cours du sommeil profond. Pour s’établir et durer, cette phase de sommeil nécessite de bien respirer par le nez.

Pourquoi ça ne fonctionne pas ?

Au départ, les parents apprennent à moucher leurs enfants avec une pipette, parfois une seringue ou un mouche bébé. Tout dépend des expériences familiales et des gestes montrés par le pédiatre, à la maternité ou à la PMI. Ce sont des gestes passifs et vient le moment où il est nécessaire de mettre en place le mouchage actif, puis autonome de l’enfant. Beaucoup de parents sont surpris d’apprendre que des petits de 15 mois sont déjà aptes à souffler seuls dans le mouchoir qui leur est tendu, et très vite en tenant eux-mêmes le mouchoir.
On peut aussi l’observer, même chez des enfants qui ont parfois été opérés de la sphère oro-faciale (par exemple d’une fente labio-palatine).

A contrario, des adolescents sont totalement incapables de se moucher et reniflent constamment. En général, ce qui fait défaut c’est la différenciation entre le souffle buccal et le souffle nasal. Quand l’adulte demande à son enfant « souffle fort par le nez » celui-ci souffle par la bouche ou inspire par le nez. Les plus jeunes peuvent détourner la tête ou repousser le mouchoir. Le mouchage répété devient symbole d’échec, de frustration ou même de douleurs dans les oreilles, rendant chaque nouveau nettoyage plus problématique, du point de vue de l’enfant comme du parent.

En voulant faire souffler par les deux narines à la fois, l’effort demandé est trop important et peut devenir douloureux. Le mouchage moins efficace doit être renouvelé à plusieurs reprises.

Trucs et astuces pour apprendre à se moucher et surtout en expérimenter le bien-être

Pour établir la différenciation des souffles, instruments et petits jeux (attention la plupart sont interdits aux moins de 3 ans, donc à toujours utiliser en présence d’un parent et le ranger hors de leur portée)

  • Faire le taureau en colère en déployant nos narines, jusqu’à réussir à faire bouger un petit papier léger sur la table.
  • Faire de l’air sur un miroir de poche FROID avec sa bouche ou avec son nez. S’aider en bouchant le nez ou la bouche de l’enfant si nécessaire.
  • Faire jouer l’enfant avec une paille en bouche : souffler de l’eau, de la peinture sur une feuille, faire des bulles dans un verre sans déborder ; ensuite faire souffler de l’air et pincer la paille, notre petit testeur soufflera alors inévitablement par le nez.
  • Utiliser des langues de belle-mère (aussi appelées mirlitons ou sans-gênes) en les déroulant une par la bouche, puis une autre par le nez. Si c’est trop difficile, alors réduisez la longueur du jouet en le coupant.
  • Sentir des odeurs, se créer un petit loto des odeurs dans des petits flacons et les faire reconnaître les yeux fermés (peaux d’orange, café, cacao, clou de girofle, cannelle, lavande, jus de citron, savon).

Comment apprendre les étapes du mouchage ?

On apprend à son enfant en lui montrant avec un maximum d’informations sensorielles, visuelles, auditives. Ainsi, on peut se moucher sans mouchoir pour ne pas masquer nos gestes.

1- Insister sur le fait que notre bouche est bien fermée en rentrant les lèvres
2- Boucher une de nos narines avec un doigt, placer un petit miroir sous l’autre narine et souffler fort
3- Montrer son contentement à avoir une narine bien débouchée et le résultat sur le miroir. Pour la seconde narine, procéder pareil ou sur la main de l’enfant (qui sentira l’air et ce qui sort de votre narine ?)
4- Evidemment on nettoie bien les mains et le miroir.
5- On tente ensuite avec son enfant en lui tenant le mouchoir et en lui fermant bien la bouche

À noter que pour certains enfants souffrant de handicaps, de troubles sensoriels, ces jeux et le mouchage nécessiteront plus de temps d’apprentissage et de précautions pour respecter leurs différences bien connues de leurs parents.

Pour les plus grands

Il existe bien sûr des sérums physiologiques vendus en pipette ou en spray. Cependant, le jet trop puissant peut agresser et surtout repousser le mucus.
Pour une meilleure hygiène, il est préférable d’appuyer sur ces réservoirs en continue ou bien d’apprendre aux enfants à utiliser un contenant en forme de corne de rhinocéros. Vendu en pharmacie, on le remplit d’eau légèrement salée et à température ambiante. Facile d’utilisation, il nettoie et fait ressortir le mucus.
Enfin, comme vous aurez systématiquement désinfecté les objets et les surfaces lors de ces exercices, apprenez à votre enfant à jeter les mouchoirs à la poubelle pour une utilisation unique et à bien se laver les mains après chaque mouchage.

Vous êtes désormais convaincu de l’intérêt de ce geste d’hygiène, tant pour votre enfant que pour vous-même. Vous avez testé les petits exercices, votre nez est dégagé et vous vous sentez tellement mieux. Lors du prochain rhume, vous penserez aussi à multiplier ces gestes qui dilatent les conduits narinaires pour vous sentir mieux et rétablir un meilleur sommeil. Outre le respect de l’autre, des règles sociales, le mouchage est donc la garantie, au même titre que l’hygiène bucco-dentaire, d’une bonne santé générale et d’un développement harmonieux de votre enfant et de son oralité.