Les parents de Maya sont de nationalités différentes : sa mère est allemande et son père est français. La mère de Maya est arrivée en France au moment de son mariage et Maya est née en France. Elle a actuellement 3 ans et demi, est scolarisée en petite section et sa mère constate qu’elle ne parle pas l’allemand avec elle, même si c’est la langue principale dans laquelle elle s’exprime avec Maya. Elle a un frère aîné qui a 1 an de plus qu’elle, avec lequel elle s’exprime aussi uniquement en français.

Il n’y a pas lieu de s’inquiéter que Maya réponde uniquement en français à sa maman lorsque celle-ci lui parle en allemand, d’autant qu’elle montre sa compréhension de cette langue en répondant de manière adaptée et en étant dans de véritables échanges, sans blocage ou mutisme.

Si elle s’était montrée renfermée, n’échangeant ni avec ses parents, ni avec sa fratrie, ni avec la maitresse en classe, en difficulté pour comprendre aussi bien que pour parler, il s’agirait alors de consulter son médecin traitant en lui expliquant la situation. Celui-ci prescrira sans doute un « bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire ». Ensuite prenez contact avec l’orthophoniste de votre choix.

La première rencontre avec l’orthophoniste consistera à comprendre la situation linguistique et culturelle (les langues dans lesquelles l’enfant est immergé, les interactions langagières, les cultures en présence), à connaître l’enfant et ses difficultés. Des tests seront réalisés, si possible dans les différentes langues dans lesquelles l’enfant est immergé, pour permettre de cerner son niveau aussi bien pour comprendre que pour parler, et d’évaluer s’il s’agit d’un retard langagier nécessitant un soin orthophonique ou simplement d’une exposition insuffisante à une des langues.

Le fait que l’enfant soit confronté, en sortant de son cocon familial, à la langue dominante de l’environnement (le français), va modifier les interactions langagières, d’autant que le français sera aussi la langue de la scolarisation. Il comprend toujours la langue de ses parents mais préfère répondre en français. C’est un mode de communication tout à fait normal et la compréhension d’une langue est en soi une véritable compétence.

Ce cas de figure ne nécessite donc pas de soin orthophonique car il s’agit d’un phénomène tout à fait naturel chez les enfants bilingues, choisissant leur langue de communication.

Solutions

  • Ne sous-estimez pas le fait que comprendre une langue est une compétence langagière importante.
  • Ne brusquez pas votre enfant à l’extérieur de la maison comme à l’intérieur et ne le forcez pas à parler une langue précise. Ce serait le meilleur moyen de lui faire rejeter votre langue. Respectez son choix.
  • En parallèle, essayez de consolider son lien avec votre langue maternelle au sein du foyer.  Amenez-le à « vivre » à travers ses différentes langues. Par exemple cuisinez avec votre enfant dans votre langue, chantez avec lui, dansez, lisez lui des contes traditionnels …  Il faut réussir à introduire cette langue dans le quotidien de l’enfant, jusqu’à ce qu’elle devienne une partie de lui-même.  En plus de favoriser les progrès linguistiques, ces activités renforcent les liens familiaux. 
  • Tentez de créer des situations dans lesquelles votre enfant est contraint d’avoir recours à votre langue. Exemple : un voyage dans la famille à l’étranger,  un livre, un CD ou un film dans votre langue…

Apprendre une langue ne doit pas être quelque chose d’artificiel. Une langue sert à communiquer. Si le besoin de communiquer ne se fait pas ressentir, savoir une langue peut sembler inutile, et les enfants sont les premiers à le remarquer.

La relation qu’entretient un enfant avec sa langue minoritaire est fortement influencée par l’âge de celui-ci. Les enfants veulent être comme les autres et ressembler à leurs camarades qui, eux, sont souvent monolingues. Adolescents, ils peuvent ressentir de la gêne lorsqu’ils sont amenés à s’exprimer dans leur langue d’origine devant leurs amis, craignant d’être rejetés pour leur « différence ». De plus leur apprentissage scolaire est relié le plus souvent à la langue du pays.