Certains enfants peuvent avoir une parole très fluide, un bon vocabulaire et des phrases correctement construites. Cependant, ils ont du mal à utiliser le langage lorsqu’ils sont en relation avec d’autres personnes. C’est peut-être un trouble de la pragmatique du langage. Par exemple, un enfant en difficulté avec la pragmatique n’arrive pas à raconter le dessin animé qu’il a vu à la télévision. Il peut sembler impoli car il parle trop longtemps sans s’occuper s’il ennuie ou pas son interlocuteur. Il est possible aussi qu’il coupe la parole trop souvent ou qu’il refuse de répondre à une question qui ne l’intéresse pas. C’est donc difficile d’échanger de façon adaptée avec ses copains ou des adultes.

Si le langage semble normalement développé, pourquoi a-t-il des difficultés de communication ?

Il y a plusieurs composantes dans le langage :

  • les sons de la parole : la phonologie
  • les mots et leur sens : le lexique et la sémantique
  • la grammaire et l’organisation des phrases : la morphologie et la syntaxe
  • la pragmatique du langage c’est la capacité à utiliser efficacement le langage quand on est en relation avec une ou plusieurs autres personnes.

Les habiletés pragmatiques, qu’est ce que c’est ?

Parler a plusieurs fonctions :

  • indiquer ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas (demander, refuser)
  • être poli (saluer, remercier)
  • échanger des informations (en donner ou en demander)
  • raconter une histoire ou faire de l’humour

L’enfant en âge primaire doit, normalement, utiliser toutes ces fonctions et comprendre la raison pour laquelle on lui parle.

L’enfant doit aussi savoir s’adapter au contexte et à la personne à qui il s’adresse. Dès la maternelle, l’enfant comprend qu’on ne parle pas de la même manière à un adulte ou à un bébé, à quelqu’un qu’on connait et quelqu’un qu’on ne connait pas, à une personne ou à plusieurs personnes. Tout au long de l’âge primaire, il apprend à s’adapter à des contextes différents. Il ne parle pas de la même manière en classe qu’en récréation, dans les transports en commun que dans un parc.
Pour s’adapter, l’enfant doit prendre des indices comme les mimiques, les gestes ou le ton pour comprendre ce que pense son interlocuteur.
Enfin, il doit connaitre les règles qui permettent la communication. Il apprend très tôt les routines de politesse comme saluer, remercier, demander pardon. Le contact visuel doit aussi être de bonne qualité. L’enfant doit comprendre le respect des tours de parole, adapter le temps de parole. Dès l’école primaire, il sait qu’il ne doit pas changer brusquement de sujet de conversation.

Quand ces habiletés ont du mal à se mettre en place

C’est le cas, par exemple, quand l’enfant présente un trouble du spectre de l’autisme. Il est difficile pour lui de comprendre les intentions de la personne avec qui il parle. Comme il perçoit mal les émotions de son interlocuteur, il peut aussi avoir du mal à s’adapter. L’enfant avec un trouble de déficit de l’attention peut aussi présenter un trouble de la pragmatique car il a du mal à être attentif aux indices sociaux ou émotionnels. En cas de bégaiement (trouble de la fluence), l’enfant peut être anxieux et porter toute son attention sur la qualité de sa parole. Cela ne lui laisse plus assez de disponibilité pour s’adapter à la personne avec qui il échange. Un enfant qui a des difficultés dans les autres domaines du langage peut aussi présenter un trouble de la pragmatique. Ce trouble est plus visible quand l’enfant parle bien.

Comment savoir si mon enfant a un trouble de la pragmatique du langage ?

Lorsqu’on soupçonne des difficultés de communication chez un enfant, il est important de consulter un orthophoniste. C’est le professionnel de santé expert dans le domaine du langage et de la communication. Il va réaliser un bilan de langage oral et de la communication pour vérifier s’il y a un trouble de la pragmatique du langage. Le bilan permet aussi d’identifier les raisons de ce trouble.
L’enfant peut avoir des difficultés à :

  • utiliser les fonctions du langage, comme demander de l’aide ou donner des informations fiables
  • à comprendre pourquoi son interlocuteur lui adresse la parole
  • à comprendre et à s’adapter aux émotions
  • à suivre les règles de conversation

Peut-on agir sur un trouble de la pragmatique du langage ?

On peut, en effet, agir de différentes manières. L’orthophoniste va tout d’abord stimuler l’enfant lors des séances de soin orthophonique. Ce type de trouble est rarement isolé. Il faut parfois continuer la démarche diagnostique. L’accompagnement des parents est important.
L’orthophoniste peut entraîner les parents à stimuler toutes ces compétences à la maison. C’est ce qu’on appelle l’accompagnement parental. Cela permet à l’enfant d’utiliser dans la vie de tous les jours ce qu’il a appris au cabinet.
À la maison, certaines fonctions du langage sont très souvent utilisées comme les demandes (« va ranger ta chambre »). D’autres fonctions le sont beaucoup moins. L’enfant n’a donc pas assez d’exemples d’utilisations différentes du langage.
Il s’agit alors, selon les besoins de l’enfant, que les parents « montrent l’exemple » de toutes les fonctions du langage au quotidien. Ils peuvent raisonner à voix haute (pour montrer à l’enfant « comment on explique »). Ils peuvent aussi argumenter avec lui, en l’aidant à verbaliser ses propres arguments, ce qui lui apprendra à soutenir une opinion. Ils peuvent décrire leurs actions pour que l’enfant apprenne à raconter ce qu’il fait. Ils peuvent parler de façon plus explicite de leurs émotions pour que l’enfant apprenne à exprimer les siennes. Il est possible aussi de « faire semblant » et de proposer des entrainements à la maison avant que l’enfant le fasse seul, en dehors de la maison (« si tu veux demander le prix du jouet, comment on peut demander ? » « et si mamie te demande ce que tu aimes le plus au foot, qu’est-ce que tu peux raconter de l’entrainement d’aujourd’hui ? ce que tu as le plus aimé ? moi, j’ai trouvé que tu étais super quand … »)

Avec l’orthophoniste, les parents vont définir l’entraînement et les modèles que l’enfant peut reproduire, à la maison, à l’école avec ses copains pour favoriser une communication efficace.