Comment fonctionne la déglutition ?

Quand on veut manger, on porte les aliments à la bouche avec une cuillère, une fourchette ou les doigts. Les aliments sont modifiés dans la bouche pour former une pâte homogène, appelée «le bol alimentaire». Grâce à l’action des dents (la mastication), aux mouvements de langue et à la salive, ce bol devient homogène. Ainsi, il pourra être avalé (dégluti) en toute sécurité.
La déglutition permet aux aliments et aux liquides d’être transportés depuis la bouche vers l’arrière-gorge (le pharynx), puis dans l’oesophage jusqu’à l’estomac.
Pendant la déglutition, plusieurs « barrières » se ferment pour protéger le nez et la trachée (les voies aériennes). Les barrières qui protègent la trachée sont l’abaissement d’un clapet nommé épiglotte et la fermeture des cordes vocales (on dit qu’elles s’accolent). Ainsi, au moment où l’on avale, les aliments ne peuvent pas tomber dans les poumons.

Que signifie faire une fausse route ?

Nous parlons de fausse route lorsque l’aliment, le liquide ou la salive passe par le nez ou qu’il entre dans le larynx puis dans la trachée et arrive dans les poumons.
Il existe deux gros risques de fausses routes :

  • L’obstruction totale : lorsqu’un aliment se coince dans la trachée et empêche complètement la personne de respirer.
  • L’infection des poumons (la pneumopathie) : quand la fausse route se fait avec des morceaux plus petits, des liquides ou de la salive, l’élément migre alors vers les poumons et peut, à terme, entrainer une infection. Ce risque de pneumopathie est fortement augmenté si la personne n’a pas une bonne hygiène buccale. En effet, les bactéries pathogènes présentes dans la bouche peuvent elles aussi être entrainées vers les poumons en cas de fausse route.

Comment savoir si mon enfant fait des fausses routes ?

Le signe le plus fréquent des fausses routes est la toux : si l’enfant tousse ou même se racle régulièrement la gorge pendant ses repas, il est fort probable que ce soit dû aux fausses routes. Néanmoins, seuls des examens objectifs peuvent affirmer que ces toux sont causées par des fausses routes.

  • La nasofibroscopie est un examen qui vérifie que le bol alimentaire se dirige bien vers l’estomac et non vers les poumons. Lors de la nasofibroscopie, le médecin (un ORL ou un phoniatre) introduit une fine sonde dans une narine de la personne et la fait glisser jusque derrière la langue. Cet examen est rarement bien supporté par les personnes en situation de handicap qui ont du mal à accepter cette intrusion.
  • La vidéofluoroscopie permet également de visualiser si des liquides ne pénètrent pas dans les poumons. Elle se réalise en cabinet de radiologie. La personne est installée debout ou assise dans l’appareil de radiologie et doit boire un produit qui pourra être tracé par le radiologue. Néanmoins, cet examen n’est pas possible si la personne ne tient pas assise seule ou si elle est en fauteuil roulant. Il faut également qu’elle accepte les consignes et les réalise facilement.

Ainsi, les examens objectifs sont souvent difficiles à réaliser auprès des enfants porteurs de handicap.

Grâce à son bilan, l’orthophoniste évalue les capacités de déglutition de l’enfant. Il s’intéresse au moment où les aliments sont modifiés dans la bouche. C’est ce qu’on appelle « le temps oral ». Il notera des signes éventuels de fausses routes. Il évaluera également le temps du repas dans sa globalité en tenant compte de l’environnement de l’enfant, de son installation, de sa posture, de ses difficultés motrices.

Ce bilan orthophonique permettra de proposer les adaptations qu’il est possible et nécessaire de mettre en place ainsi que la texture la plus appropriée pour ses repas et pour les liquides. Il déterminera aussi les axes de rééducation pour améliorer les compétences motrices et sensorielles de l’enfant pendant sa prise de repas. L’orthophoniste pourra également guider les parents pour aménager au mieux l’environnement de l’enfant.

Dois-je donner des purées ou des compotes à mon enfant pour éviter qu’il fasse des fausses routes ?

La texture des purées et les compotes est celle qu’on appelle «alimentation mixée».
Si l’enfant fait des fausses routes, les aliments qu’il mange risquent de passer vers les poumons (dans le larynx) au lieu de se diriger vers l’estomac (dans le pharynx). L’alimentation mixée permet d’éviter l’obstruction, c’est-à-dire qu’un aliment se coince dans les voies aériennes et bloque la respiration. Mais l’alimentation mixée n’évitera pas les fausses routes ! Si l’enfant mange de la purée et qu’il fait une fausse route, une petite quantité de purée peut tomber dans la trachée et migrer jusque dans les poumons, lui faisant risquer une infection pulmonaire.

Il est essentiel de proposer à l’enfant une posture confortable et sécurisée pour l’aider à avaler sans risque de fausse route. L’orthophoniste déterminera la position la plus adaptée en fonction des difficultés de l’enfant.

En fonction des capacités de l’enfant, une alimentation constituée de tout petits morceaux, qui ne risquent pas de se coincer dans la trachée, ne sera pas plus risquée pour lui qu’une alimentation mixée. Ces petits morceaux permettront à l’enfant de réaliser des mouvements avec sa langue, ses joues, ses mâchoires qui sont différents et plus riches que s’il ne mange que de la purée. Ils lui permettront aussi de se familiariser avec des textures différentes : des textures molles, des textures plus dures, des textures qui craquent, qui croquent…
Néanmoins, pour déterminer la texture la plus appropriée pour l’alimentation de l’enfant, il est indispensable de recueillir un avis orthophonique et/ou médical. Les adaptations de textures sont soumises à l’aval du médecin en établissement de santé (IME, EEAP).

L’alimentation mixée limite les risques d’obstruction des voies aériennes mais elle ne protège pas des fausses routes. Pour déterminer la texture la plus appropriée aux capacités et aux difficultés de l’enfant, il est nécessaire de recueillir un avis orthophonique et/ou médical. De plus, l’orthophoniste pourra évaluer les compétences motrices orales de l’enfant, guider les parents et proposer les textures, les aides, la posture et la gestion de l’environnement appropriées au cours du repas. Enfin, une rééducation orthophonique peut améliorer les compétences des muscles de la bouche de l’enfant au niveau de la déglutition (rééducation oro-myo-faciale).