« Tu pourrais faire un effort, répète, on ne comprend rien» sont des phrases souvent reprises par des parents agacés. Pourquoi ces remarques sont-elles si fréquentes ? Pourquoi sont-elles surtout prononcées dans la petite enfance puis à nouveau à l’adolescence ?

Quand l’enfant est très jeune

C’est entre 2 et 5 ans que les parents s’inquiètent le plus de l’intelligibilité de leur enfant (qu’il soit compris par tout le monde). La perspective de l’école, la nécessité de comprendre les besoins de plus en plus complexes de leurs enfants, expliquent ces questionnements.

À partir de quand faut-il s’inquiéter de ne pas comprendre son enfant ?

Pourquoi s’inquiéter des remarques des autres si j’arrive à le comprendre ?
Dans cette période capitale pour le développement de la parole et du langage, il n’est pas simple de faire la part des choses.
« Mettre ses sossettes et aller au pestak » n’a rien d’inquiétant avant 5 ans si l’enfant a du vocabulaire et construit ses phrases.
En revanche :

  • si les mots ne sont pas reconnaissables,
  • si votre enfant utilise toujours les mêmes consonnes et surtout beaucoup de m ou de n,
  • si il semble parler comme avec « une patate chaude » dans la bouche,
    alors il est important de consulter l’orthophoniste pour une évaluation.

Comment on articule ?

Voile du palais

Pour produire des sons, il faut de l’air. Ensuite, la manière dont on ouvre plus ou moins la bouche, dont on place sa langue et ses lèvres permettra de différencier les sons. Par ailleurs, l’air sortira soit par le nez pour les sons : m n gn an on in, soit par la bouche pour tous les autres sons. Pour ceux là, il faut donc que l’air ne puisse pas fuir par le nez, sinon, par exemple :

  • le p devient m
  • le b ressemble au p
  • la voix est nasale ou faible
  • l’articulation est floue

Qu’est-ce que le voile du palais, à quoi sert-il ?

C’est le voile du palais qui permet de distinguer les sons nasaux (du nez) des sons oraux (par la bouche) et qui assure un bon éclat aux consonnes. Quand le voile, composé de 5 muscles, isole mal la bouche du nez, l’articulation est impactée.
Certains enfants présentent plus de risques de dysfonctionnements du voile, si l’enfant est né avec une fente palatine ou une maladie génétique par exemple. Mais certains types de fentes peuvent être diagnostiqués plus tard ou tout simplement, certains voiles fonctionnent moins bien que d’autres. Un geste opératoire sur les végétations ou les amygdales peut également entraîner une déperdition nasale (fuite d’air par le nez, temporaire ou non). Le voile fonctionne toujours mais a du mal à combler l’espace occupé par les végétations et les amygdales avant l’opération.

Un examen de la cavité buccale (intérieur de la bouche) et des tests chez l’orthophoniste permettront d’évaluer le fonctionnement du voile du palais.
Il existe cependant des signes de dysfonctionnement de ce voile dès les premiers jours de vie avant même que l’enfant ne produise ses premiers sons : difficultés à prendre le sein et le biberon (lenteur et efforts importants), nombreuses otites séromuqueuses.

Enfin, certains muscles du voile contribuent à l’aération et à l’équilibre de la pression dans les oreilles. L’orthophoniste peut donc être recommandé par les médecins ORL en cas de dysfonctionnement (otites, souffrances en altitude ou en profondeur). On parle alors de rééducation tubaire ou rééducation vélo-tympanique.

Quand l’enfant est devenu un pré-ado ou un adolescent

Dès 11 ans, certains enfants présentent une « dégradation » de leur articulation. Les parents se plaignent de la nonchalance de leur enfant, du manque d’effort pour parler alors qu’ils en sont capables. Cette phase est liée à la puberté et ses changements hormonaux, aux poussées de croissance et à la fatigue qui peut lui être liée. L’articulation est soit plus « molle » soit trop rapide et ceci intervient au moment où les relations sont plus conflictuelles et où les parents peuvent commencer à présenter leurs premiers troubles auditifs ! C’est une période où chacun doit faire un effort.

Cette parole moins intelligible ne doit pas être confondue avec un bredouillement qui ressemble plus à des paroles rapides et comme avalées. Ici c’est le rythme qui est en cause. L’orthophoniste sera à même de faire la différence et donc de cibler le type d’intervention nécessaire pour améliorer l’intelligibilité du patient.
En revanche, si la voix devient nasale, cela peut signer un trouble du voile du palais qui a du mal à s’adapter avec la croissance.

Que peut-on faire ?

Chez les plus jeunes enfants, il ne faut pas essayer de les entraîner à parler. L’enfant parlera car il aura envie d’échanger avec ses parents, sous réserve que ceux-ci soient encourageants.
Un enfant à qui on demande de surarticuler ou qui entend régulièrement «  non ce n’est pas cela, répète » peut se renfermer et refuser de parler. Associé à d’autres facteurs, cet enfant peut aussi se mettre à bégayer.
Lorsque l’enfant n’est pas intelligible, il est préférable de l’aider à se faire comprendre en employant un autre mot, en montrant, en faisant un geste ou en lui proposant des réponses.

Si votre enfant a présenté des passages alimentaires (lait, purées) par le nez dans ses premières semaines de vie et des otites à répétition, alors il est indiqué de consulter un centre Maface. Au nombre de 24, ces équipes sont spécialisées dans le diagnostic des troubles du voile et sa chirurgie si elle s’avère nécessaire. Les centres Maface : cliquez ici
En grandissant, en cas de modification de l’articulation vers un timbre de voix nasal, il est toujours indiqué de consulter l’orthophoniste pour réaliser un bilan.

Le manque d’intelligibilité de votre enfant peut avoir de nombreuses explications. Parmi celles-ci, le dysfonctionnement du voile du palais est mal connu. Il est capital de ne pas passer à côté d’un examen de la cavité buccale en cas de passages alimentaires par le nez associés à de nombreuses otites. Plus tard, le développement de l’articulation et le timbre de la voix seront des signes importants et justifient un bilan orthophonique.