L’orthodontiste de Valentin lui demande de rééduquer sa langue et sa déglutition auprès d’un orthophoniste, mais les délais pour avoir un rendez-vous sont longs. Que peut faire Valentin en attendant le premier rendez-vous orthophonique ? 

Pourquoi est-il si important de rééduquer sa langue ?

La position de la langue dans la bouche conditionne la croissance des mâchoires et le placement des dents. Si, de façon précoce, l’enfant commence à avoir des déformations dentaires (car il suce son pouce par exemple), ou si un traitement orthodontique est en cours pour replacer les dents, l’impact de la langue doit être évalué. Un professionnel de santé (dentiste, orthodontiste, médecin traitant) va donc orienter systématiquement l’enfant et ses parents vers un orthophoniste pour évaluer et rééduquer le positionnement de la langue au repos et lorsque l’enfant avale.

3/4 ans

Rééduquer sa langue dès l’âge de 3/4 ans peut être indiqué lors de la succion du pouce, de la tétine, ou lorsque des déformations dentaires apparaissent précocement car la langue se positionne mal dans la bouche. Débuter la rééducation linguale aussi tôt corrige le placement des dents et des mâchoires et contribue parfois à éviter la pose d’un appareil orthodontique plus tard.

7/8 ans

Dans d’autres cas, à partir de 7/8 ans, l’enfant peut débuter un traitement orthodontique à cause de malpositions dentaires, d’un palais trop petit, de mâchoires en décalage. Tous ces troubles dentaires sont généralement causés par le mauvais placement de la langue dans la bouche. L’orthodontie va donc corriger le problème dentaire, mais n’en résoudra pas la cause. Si la langue continue de prendre appui contre les dents, celles-ci vont se déplacer à nouveau et il faudra remettre un appareil orthodontique et parfois envisager une opération des mâchoires à l’avenir.

La langue joue donc un rôle clé dans la bouche. Sa rééducation doit être une priorité. Les délais d’attente en orthophonie pour débuter la rééducation peuvent être une perte de chance pour le patient. Commencer des exercices à la maison avant le premier rendez-vous peut être une solution pour installer de nouvelles bonnes habitudes rapidement.

Arrêt de la succion du pouce, de la tétine, des doigts, du doudou

Avant toute chose, et si l’enfant se sent prêt sans l’aide de l’orthophoniste, on peut l’aider dans l’arrêt de la succion de la tétine ou du pouce. Il est idéal de pouvoir arrêter avant l’âge de 3 ans. Le parent peut expliquer à l’enfant que sucer sa tétine ou son pouce déforme ses dents et qu’il est important d’arrêter pour que sa bouche puisse grandir correctement.

Différentes astuces peuvent être mises en place au quotidien :

  • Mettre en place des récompenses : chaque moment de la journée passé sans tétine ou pouce peut être inscrit dans un tableau et récompensé par des gommettes ou toute autre chose que l’enfant aime bien
  • Mettre une gommette sur le pouce pour penser à ne pas le mettre dans la bouche et ne pas abimer la gommette
  • Lire des histoires sur l’arrêt de la tétine et du pouce
  • Profiter de Noël (en donnant la tétine au père Noël par exemple) ou de l’anniversaire pour vivre cette nouvelle étape
  • Essayer de créer un effet de groupe : l’enfant a peut être des copains à l’école qui arrêtent aussi la tétine, le pouce 

En attendant le premier rendez-vous chez l’orthophoniste, prendre conscience de sa langue

Dans un premier temps, l’enfant peut commencer à prendre conscience de sa langue : y penser dans la journée, se demander où elle se trouve dans la bouche au repos, lors de la déglutition, quand il parle. Bien souvent, les enfants n’ont jamais réfléchi au positionnement de leur langue auparavant. Pour cela des pense-bêtes peuvent être disposés dans le quotidien du patient (bracelet, post-it au-dessus du bureau, photos de langue dans les pièces de la maison) et le parent ou l’entourage peut questionner l’enfant sur la position de la langue à différents moments de la journée (repas, trajet en voiture, lors des devoirs). L’objectif est de prendre conscience de la position de la langue dans différentes situations du quotidien. Si l’enfant commence à penser régulièrement à sa langue, il est possible d’aller plus loin dans les exercices pour commencer à installer de meilleures habitudes.

La position de la langue au repos

La position de langue au repos peut être travaillée par l’enfant accompagné de ses parents. Pour rappel, quand l’enfant ne parle pas et qu’il a la bouche fermée, la langue se pose sur le palais, sans tension. La pointe de langue se colle au niveau des petits reliefs situés en arrière des dents du haut. Ces reliefs s’appellent les papilles palatines. Les lèvres doivent être fermées (sans tension également). L’enfant doit respirer par le nez. Chaque jour, l’enfant peut adopter cette position de repos en se chronométrant : d’abord sur des temps plutôt courts (quelques secondes, puis 1 minute, 2 minutes, 5 minutes, etc.) Il va augmenter progressivement le temps si cette position est confortable pour lui. Lorsque la durée de l’exercice augmente, celui-ci peut être intégré à une activité de la vie quotidienne (lors des devoirs, trajets en voiture, en regardant la télévision, etc.).

S’il est difficile pour l’enfant de trouver cette position de repos, voici quelques conseils :

  • On peut faire sentir les papilles palatines, l’enfant peut les toucher avec ses doigts, les regarder dans un miroir (bien souvent, l’enfant découvrira qu’il a comme des petites crêtes derrière les dents)
  • Mettre de la confiture ou de la pâte à tartiner au niveau de ces papilles palatines pour que l’enfant vienne y mettre le bout de sa langue
  • Comparer la langue à un ballon gonflé à l’hélium qui monte au plafond : la langue doit monter au palais, s’y installer confortablement, sans tensions
  • Apprendre à bien respirer par son nez

La respiration par le nez

Cette position de langue au palais va de pair avec une respiration exclusivement nasale. Apprendre à respirer par son nez fait donc partie intégrante de la rééducation linguale. Cette respiration peut aussi être travaillée de façon autonome avant de débuter la prise en soins. En premier lieu, si l’enfant ressent des difficultés à respirer par le nez, il peut être judicieux de consulter un professionnel de santé pour évaluer le fonctionnement du nez. Cela peut être un ORL pour rechercher une cause anatomique (déviation de la cloison nasale, obstruction nasale, amygdales trop grosses) ou un allergologue pour une cause allergique (enfant avec le nez tout le temps encombré par exemple).

Il est aussi primordial de donner de bonnes habitudes d’hygiène nasale à votre enfant. L’enfant doit donc se moucher très régulièrement et un lavage de nez à la seringue et au sérum physiologique peut être instauré chaque jour. Les enfants plus grands (à partir de 5 ans) peuvent utiliser un dispositif de lavage de nez disponible en pharmacie avec de l’eau tiède salée. Enfin, pour entraîner la respiration par le nez, des jeux peuvent être mis en place à la maison.

Idées de jeux pour utiliser sa respiration nasale

  • On peut souffler sur un miroir avec le nez
  • faire un loto des odeurs
  • souffler dans une langue de belle-mère avec une narine puis l’autre (permettra aussi à l’enfant d’apprendre à se moucher s’il n’y arrive pas)
  • Tenir une plume, du papier, un mouchoir sous son nez en inspirant
  • faire des exercices de relaxation en utilisant le nez exclusivement.

Trouver un rendez-vous orthophonique rapidement peut parfois être difficile. Pourtant, retarder la prise en soins linguale d’un enfant peut constituer une réelle perte de chance. En attendant le bilan orthophonique, pourtant indispensable, des exercices peuvent être faits à la maison pour commencer à rééduquer la langue de façon autonome.