La mère de Mila a consulté un orthodontiste sur les conseils de son médecin traitant. Sa fille de 10 ans commence à avoir des dents qui se chevauchent. Suite à cette consultation, Mila devrait porter un appareil mais l’orthodontiste a aussi prescrit un bilan orthophonique. Pourtant Mila a un excellent niveau de langage et jamais ses enseignants n’ont signalé le moindre problème.

Lorsque les orthodontistes prescrivent un bilan, l’ordonnance peut évoquer des mots comme : « bilan de la déglutition dysfonctionnelle/atypique/infantile, fonctions labiales, jugales et linguales, ATM ».

En quoi consiste le bilan orthophonique prescrit par l’orthodontiste ?

Le bilan commence toujours par des interrogations liées à l’histoire médicale du patient : en particulier les traitements et les chirurgies de la zone oro-faciale (amygdales, végétations, traitement orthodontique)

Dans un second temps, l’orthophoniste doit évaluer séparément et en coordination toutes les parties de la bouche qui sont impliquées dans le fait d’avaler sa salive, un liquide ou des morceaux. Votre orthophoniste s’appuie sur une observation attentive de la face et de la cavité buccale.

  • la respiration ou ventilation – est-elle nasale ou buccale ? Si le patient respire par la bouche, est-ce que cela peut-être due aux amygdales ou végétations ? L’observation de la bouche et des interrogations sur le sommeil peuvent contribuer à une orientation vers un ORL. Respirer par le nez et bouche fermée est la première des conditions pour rétablir une déglutition normale.
  • les positions/malpositions dentaires, l’occlusion (la fermeture) est- elle possible ? Existe t-il une béance (espace entre les deux arcades dentaires) ?
  • la mastication est-elle suffisante et efficace ? Entraîne t-elle des blocages ou douleurs ? L’alimentation est-elle diversifiée ?
  • les ATM (articulations temporo-mandibulaires) – L’ouverture de la bouche est-elle normale ? Sans déviation, douleurs ou blocages ?
  • la langue, les lèvres, les joues peuvent-elles se mobiliser de manière isolée ?
  • la cavité buccale présente t-elle des blessures de type morsures ?
  • le voile du palais fonctionne t-il bien ? A t-il un aspect normal ?
  • persiste t-il des tics de succion (pouce, tétine, doigts et ongles rongés) qui pourraient compromettre le bon déroulement du traitement orthophonique et orthodontique. En effet, ils entretiennent une langue en position basse ou interposée entre les dents ?
  • la posture générale – les positions dentaires et linguale sont liées à la posture générale du patient. Il est important de l’observer et de le questionner sur ces points. Ainsi, les entorses, déséquilibres ou migraines peuvent être favorisés par une mauvaise occlusion dentaire et une mauvaise position de langue au repos.
  • l’articulation sera évaluée. Certains sons peuvent être déformés par la position linguale et entretiennent les malpositions dentaires.

Enfin, l’orthophoniste évaluera la déglutition de liquide (eau) et de solide (biscuit par exemple) pour contrôler où se situe la langue. Il observera l’action des lèvres, les tensions de la nuque ou de la face au moment où le patient avale.


Le bilan permet donc à l’orthophoniste d’effectuer un diagnostic. Le patient doit-il simplement faire une rééducation linguale ou de plusieurs fonctions oro-faciales ? Dans tous les cas, il lui appartient de bien resituer son rôle par rapport à celui de l’orthodontiste.

Le rôle de l’orthodontiste et de l’orthophoniste

L’orthodontiste ou le chirurgien-dentiste a pour rôle d’évaluer et traiter les troubles dento-squelettiques. Sur la base d’un examen clinique et radiographique, l’orthodontiste peut évaluer le type de traitement nécessaire (bague, gouttière, chirurgie) et dans quel délai selon l’âge du patient. Lorsqu’il existe des troubles des fonctions évoqués plus haut, l’orthodontiste devra s’assurer qu’ils seront corrigés.

La collaboration avec l’orthophoniste est donc déterminante. Il aura aussi pour rôle d’évaluer si la mise en place de fonctions orales équilibrées est possible. La cavité buccale est-elle suffisamment large, (notamment le palais), pour permettre la rééducation orthophonique, ou faut-il reporter celle-ci ?

Si on doit faire un suivi orthophonique ? Combien de temps cela va t-il prendre ?

Le bilan et ses conclusions déterminent quand la rééducation peut débuter. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un traitement long, une dizaine de séances sont le plus souvent suffisantes sous réserve d’une forte implication du patient. C’est pourquoi, il est indispensable de prendre le temps de bien l’informer sur l’intérêt de ce traitement et des exercices qu’il devra reprendre quotidiennement au domicile.
Parfois, il est important de mettre en place des bases avant une chirurgie et de reprendre le suivi après celle-ci.

Est-ce que je peux aller chez n’importe quel orthophoniste ?

Oui. Tous les orthophonistes ont été formés à cette prise en charge au coeur de leur métier. Souvent, l’orthodontiste bénéficie d’un réseau médical et para-médical et vous communiquera plusieurs noms.
Concernant les adultes, malgré des habitudes prises depuis toujours, ils sont tout à fait aptes à corriger leurs dysfonctionnements. Ils sont souvent très motivés.

Vous l’avez compris, le moment du bilan est déterminant pour évaluer les dysfonctionnements. Cette évaluation implique de boire et manger, même brièvement, lors du rendez-vous et des séances, si elles se confirment. Il est donc important de préciser à l’orthophoniste, si cela est impossible. En effet, pour des raisons d’allergies, de religion, il faut parfois s’adapter en reportant le bilan ou en apportant ses propres aliments.

La prise en charge orthophonique, souvent combinée au traitement orthodontique en cours, vise à rétablir un cercle vertueux de toutes les fonctions : mastication, respiration, déglutition et articulation. On observe aussi des bénéfices importants sur le sommeil, l’intelligibilité, la posture et le développement de la face. Des positions linguale et dentaire équilibrées pour la vie sont donc déterminantes. Votre orthodontiste et votre orthophoniste peuvent y contribuer ensemble et leur coordination réduira d’autant plus la durée des traitements.