Le sommeil fait partie de nos besoins fondamentaux au même titre que respirer, manger et boire.

Mais que se passe-t-il pendant le sommeil ?

Au cours de la nuit, la température de notre corps, la respiration, les activités du cerveau, du coeur, des muscles et la production d’hormones varient à chaque phase du sommeil. Chaque nuit, le sommeil compte environ 6 à 8 cycles.
Chaque cycle se divise en 3 phases :

  1. Le sommeil lent est composé de
    l’endormissement
    du sommeil lent léger
    du sommeil lent profond
  2. Le sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement ou REM)
  3. Le réveil ou micro-éveil

Ces trois phases constituent un cycle de sommeil qui dure en moyenne 90 minutes.

Plusieurs types de sommeil

Tous les cycles de sommeil ne sont pas équivalents. La première moitié du sommeil est particulièrement riche en sommeil lent profond.
Le sommeil profond représente un moment clé pour l’attention et la concentration, la mémorisation des connaissances et des souvenirs, la sécrétion d’hormones qui favorisent la croissance, la cicatrisation, le système immunitaire.

La deuxième moitié du sommeil est particulièrement riche en sommeil lent léger et en sommeil paradoxal.
Le sommeil paradoxal contribue à la mémorisation des compétences motrices (par exemple : l’apprentissage d’un sport, d’un instrument de musique), stimule la créativité et régule l’humeur par son rôle essentiel dans l’équilibre psychique et émotionnel.

Les changements à l’adolescence

À l’adolescence, à partir de 13 ans, la quantité de sommeil lent profond diminue de 35% au profit d’un sommeil plus léger. Cette diminution est liée à la puberté, époque où de nombreux changements hormonaux surviennent.
Sur le plan des rythmes biologiques, l’horloge interne de l’adolescent a tendance à se décaler avec un endormissement et un réveil plus tardifs.

Trois changements importants surviennent à l’adolescence :

  • une diminution du temps de sommeil
  • une insuffisance chronique de temps de sommeil
  • un dérèglement progressif des phases du sommeil

Diminution du temps de sommeil

Les nouvelles habitudes sociales et la difficulté à s’endormir incitent l’adolescent à retarder son coucher. Ceci aggrave inévitablement son déficit de sommeil.

Insuffisance chronique du temps de sommeil

L’insuffisance chronique de sommeil est due à un décalage naturel de plus de 2h de la sécrétion de l’hormone de l’endormissement (la mélatonine). Ce décalage met ainsi l’adolescent dans une situation semblable à un décalage horaire.

Au moment de se coucher à 23h, son horloge biologique interne réagit comme s’il n’était que 21h. Il ne ressent donc pas le besoin d’aller dormir. Cependant, le lendemain, lorsque le réveil sonne à 7h, son corps indique 5h du matin. Il est extrêmement difficile pour lui de se réveiller.

Pour rattraper ce retard, l’adolescent fait la grasse matinée chaque fois qu’il le peut, en particulier les fins de semaine. Certains parents, ignorant ces phénomènes, qualifient l’adolescent de paresseux alors qu’il s’agit plutôt d’un véritable trouble neurophysiologique lié à la puberté.

Dérèglement chronique des temps de sommeil

Un dérèglement progressif des temps de sommeil s’installe avec le conditionnement social : l’adolescent aime sortir, regarder des séries, passer du temps sur les réseaux sociaux. Il se couche tard et le lendemain, il présentera une baisse notable de son attention, mettant à mal sa vigilance et ses performances scolaires.

Le manque chronique de sommeil est le plus souvent quantitatif (coucher trop tardif par rapport à l’heure programmée du lever) mais il peut aussi être qualitatif (ronflements, apnées du sommeil, mouvements périodiques de jambes, insomnie).

Le manque de sommeil

Le manque de sommeil ou le mauvais sommeil, impacte donc la qualité de notre vie. On citera :

  • Troubles de l’humeur : irritabilité, anxiété, fatigue, dépression
  • Troubles du comportement : agressivité, impulsivité, hyperactivité ou apathie
  • Troubles cognitifs : troubles attentionnels, difficultés de planification, troubles de la mémoire
  • Troubles de vigilance : endormissement au volant, accident de travail
  • Aggravation des pathologies chroniques : augmentation du nombre de crises d’asthme, des crises de migraine, déstabilisation de l’équilibre glycémique (diabète), de l’hypertension, du reflux gastrique
  • Surpoids et syndrome métabolique

Qu’est ce que l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est aussi appelée le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS). Elle se caractérise par la survenue d’épisodes anormalement fréquents d’interruptions (apnées) ou de réductions (hypopnées) de la respiration durant le sommeil.
Ces pauses respiratoires durent plusieurs secondes : elles sont anormales. Elles sont aussi fréquentes. Elles se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil et se répètent plusieurs fois par nuit, chaque nuit.

Les signes qui doivent alerter

  • des ronflements audibles (dont l’intensité peut varier)
  • une respiration bouche ouverte
  • une transpiration excessive
  • des auréoles sur l’oreiller
  • un sommeil agité
  • des éveils nocturnes fréquents
  • le besoin d’uriner souvent (nycturie)
  • des sentiments d’étouffements

Pourquoi fait-il des pauses respiratoires nocturnes ?

Lors du sommeil, tous les muscles du corps, la langue et les muscles de la gorge en particulier, se détendent. La langue et la mâchoire reculent et les voies respiratoires se réduisent. Ce relâchement entraîne un syndrome de haute résistance respiratoire. L’air passe mal et le corps lutte pour respirer. Ce blocage va boucher (complètement ou partiellement) les conduits respiratoires de l’arrière-gorge.

Si l’adolescent présente des amygdales volumineuses (hypertrophiées), des cornets inflammatoires (situés dans le nez), un frein de langue trop court (restrictif) ou des allergies, sa capacité à respirer sera encore plus réduite. Cette réduction ou arrêt de la ventilation pendant le sommeil provoque un manque en oxygène dans le corps et dans le cerveau.

Le taux d’oxygène dans le sang diminue alors considérablement et le cœur doit alors travailler plus afin de compenser ce déséquilibre. Le cerveau réagit et provoque un réveil pour déclencher une reprise de la respiration. Ces éveils sont de courte durée : on parle de « micro-éveils ». Ces micro-éveils associés à un ronflement de nuit et/ou à une somnolence en journée, auront pour conséquence un sommeil très perturbé, saccadé et de mauvaise qualité.

Pourquoi est-il important de respirer par le nez ?

Une bonne respiration (physiologique et fonctionnelle) s’effectue par le nez. La respiration avec la bouche est réservée à l’effort. L’air que nous inspirons est souvent froid, sec et pollué. La respiration par le nez permet à l’air de s’humidifier au contact des muqueuses, de se réchauffer et de se filtrer. Cette filtration assure ainsi un rôle de défense immunitaire grâce aux cils et à la sécrétion de mucus.

Inspirer par le nez augmente le taux d’oxygène dans le sang et permet aux sinus de libérer une molécule gazeuse, le monoxyde d’azote (NO). Le monoxyde d’Azote ouvre le volume des bronches (bronchodilatateur), le volume des vaisseaux (vasodilatateur) et c’est également un anti-inflammatoire puissant. Il favorise la circulation du sang vers tous les organes. Il joue également un rôle de connecteur entre les cellules nerveuses utilisées dans la mémorisation (neurotransmetteur).

Le nez a donc un rôle essentiel et vital pour notre santé. Malheureusement, chez beaucoup d’enfants et d’adultes, la respiration habituelle, de jour comme de nuit, est buccale. Laisser la bouche constamment entrouverte, c’est se priver de toutes les fonctions du nez.

Quel professionnel consulter ?

En présence de l’un ou de plusieurs de ces symptômes caractéristiques des troubles du sommeil, il est recommandé de consulter un médecin : ORL, pneumologue, neurologue, généraliste, en attirant particulièrement l’attention de celui-ci sur le lien entre les pathologies dont l’adolescent souffre et la mauvaise qualité de son sommeil.

Pourquoi consulter l’orthophoniste ?

L’orthophoniste proposera une rééducation myofonctionnelle (éducation neuromusculaire) pour corriger des habitudes motrices pathologiques. Il va également travailler la tonification des muscles afin de maintenir une ouverture de l’arrière gorge (pharynx) durant le sommeil. Ce travail favorisera une bonne respiration du nez. Cette rééducation assurera également une bonne position de la langue et une déglutition fonctionnelle.

Le sommeil est un besoin fondamental de l’être humain. Il permet de maintenir de bonnes conditions physique, cognitive et psychique. Un sommeil de bonne qualité est donc essentiel. Pendant que l’adolescent dort, il consolide sa mémoire, stimule ses défenses immunitaires, élimine les toxines, reconstitue des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses et régule son humeur. Il est fondamental de restaurer une respiration du nez, de jour comme de nuit.