Comment fonctionne la voix ?

La voix est un instrument à vent que possède chaque être humain. Nous naissons avec deux cordes vocales, qui sont des petites bandes horizontales situées au milieu du cou, derrière la pomme d’Adam. Quand nous voulons émettre un son, l’air de nos poumons remonte par la trachée, passe entre les cordes vocales qui se rapprochent et vont vibrer et onduler de façon très rapide. Le son est ensuite amplifié dans tous les espaces qui se situent au-dessus des cordes vocales, rendant notre voix unique et reconnaissable. Ce sont des espaces de résonance. Pendant la respiration sans production de voix, les cordes vocales ont plutôt tendance à s’écarter.

Pourquoi faut-il s’hydrater quand on utilise sa voix ?

Il est bon de rappeler que, même si nous ne parlons pas beaucoup, nous avons besoin d’un apport régulier en eau pour que tout notre corps fonctionne bien. On évoque en général une prise quotidienne de 2.5l d’eau pour les hommes et 2l pour les femmes. Environ 20 % de l’hydratation se fait par les aliments que nous mangeons, ce qui veut dire que nous devons ajouter 80% d’hydratation sous forme de liquide. Dans l’idéal, on recommande donc de boire entre 1.5 et 2l d’eau par jour.

En ce qui concerne la voix plus spécifiquement, les cordes vocales sont recouvertes d’une sorte de mucus (sécrétions visqueuses et translucides), qui permet de les mettre en vibration dans de bonnes conditions. Des cordes vocales hydratées vont être plus souples et fonctionner de façon optimale. On retrouve cette idée « d’humidité » qui aide à la vibration dans la pratique de certains instruments à vent : on humidifie une anche avant de jouer de la clarinette ou du saxophone, le trompettiste garde des lèvres humides pour favoriser la vibration et produire un joli son.

A contrario, des cordes vocales sèches vont pousser à forcer pour produire du son ; elles sont en effet moins souples et le mucus qui les recouvre est épais. Elles perdent la brillance et l’élasticité qui les rendent efficaces. Cela peut même conduire à avoir la voix un peu cassée.

Lorsque l’on parle, de l’air circule en permanence entre les cordes vocales. Elles vont donc s’assécher rapidement, ce qui est inconfortable et nous pousse à forcer sur notre voix, ce qui, à terme, peut abîmer les plis vocaux (autre nom donné aux cordes vocales). Imaginons que notre souffle est comme un ventilateur puissant qui passerait entre deux bandes humides : cela sèche vite !

Ce que l’on boit passe donc sur les cordes vocales ?

Le liquide que l’on boit ne passe jamais sur les cordes vocales. La salive non plus. Si cela passe sur les cordes vocales, c’est ce qu’on appelle une fausse route. On tousse, le liquide a pris un mauvais chemin.

Quand on avale un liquide, celui-ci passe par la bouche et la gorge, ce qui les hydrate par contact direct. Le liquide descend ensuite vers le système digestif puis est dirigé vers le système vasculaire pour être réparti dans les différents organes. La bonne nouvelle est qu’il faut moins de 10 minutes pour que l’eau que l’on a bue revienne sous forme de mucus au niveau des cordes vocales. C’est très rapide !

Concrètement, que faut-il boire, et à quel moment ?

Tous les liquides ne se valent pas en matière d’hydratation des cordes vocales.
L’idéal reste l’eau, qui hydrate parfaitement et ne présente aucun effet secondaire.
Si l’on veut boire chaud, on peut choisir des tisanes ou du rooibos : la chaleur offre de bonnes conditions pour la production de la voix, en permettant une détente des muscles qu’on appelle « péri-laryngés » (autour du larynx). C’est recommandé en cas de pratique vocale régulière.


À l’inverse, le thé et le café ne présentent pas les mêmes vertus. Certes, ils sont consommés chauds, mais ils contiennent de la caféine qui, par son effet vasoconstricteur, va limiter le transport des liquides vers les organes et notamment les cordes vocales. De plus, le thé et le café sont diurétiques (ils donnent envie d’uriner). Enfin, ces deux boissons augmentent le risque de reflux gastro-oesophagien qui est lui-même un ennemi pour les cordes vocales.

Les sodas et boissons gazeuses consommés en quantité sont eux aussi peu recommandés car ils élèvent le risque de remontées acides, le fameux reflux gastro-oesophagien cité précédemment.
Enfin, l’alcool qui est parfois recommandé par certains chanteurs, présente des risques pour les cordes vocales. Il augmente le risque de cancers de la sphère ORL et il a tendance à assécher les muqueuses. Donc l’effet désinhibant qui peut être tentant se révèle une piètre contrepartie face aux risques encourus. Boire de l’alcool pour augmenter l’hydratation des cordes vocales n’est donc pas recommandé.

Comment augmenter son hydratation si on n’a pas l’habitude de boire régulièrement

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas de boire 1.5l d’affilée, mais bien de faire des prises régulières pour que les cordes vocales, asséchées par le passage de l’air, soient bien humides.
Il est utile de quantifier l’hydratation que nous avons habituellement. Quels liquides ai-je l’habitude de boire, du petit-déjeuner jusqu’au coucher ?
À partir de cela, on peut se fixer des objectifs. Si je ne bois que 3 verres d’eau au cours de la journée, je vais préparer une gourde de 500ml, qui devra être vide le soir. Quand ce défi est réalisé, on passe à 750ml, puis 1l, puis 1.25l, puis 1.5l. On peut bien sûr aussi préparer un thermos de tisane, c’est très pratique.

Ces recommandations sont utiles pour tous et indispensables pour les professionnels de la voix : enseignants, avocats, orthophonistes, chanteurs, commerciaux… Elles sont à adapter aux contraintes professionnelles et aux habitudes de chacun, en gardant toujours l’objectif d’une hydratation suffisante en quantité et très régulière.

Peut-on hydrater autrement ses cordes vocales ?

Pour la plupart d’entre nous, boire régulièrement suffit à garder une muqueuse laryngée suffisamment souple.
Attention, le taux d’humidité de notre environnement est important : le chauffage comme la climatisation assèchent l’air. On peut utiliser des humidificateurs et augmenter au besoin notre consommation d’eau si l’on évolue dans un environnement sec.
Les professionnels de la voix comme les chanteurs utilisent aussi parfois des aérosols de sérum physiologique. En cas d’inflammation avérée, des corticoïdes peuvent être ajoutés temporairement, toujours sur prescription médicale.

Avoir une bonne hydratation, c’est offrir à ses cordes vocales de bonnes conditions de vibration. C’est un des piliers d’une voix saine, efficace et produite sans effort. Quand la voix fatigue, quand on sent que l’on force, il est bon de s’interroger sur notre consommation d’eau pour la réguler si nécessaire.
Ce point d’hygiène vocale est souvent abordé lorsque l’on présente des troubles de la voix et qu’on est suivi par un orthophoniste.
Il est parfois utile de revoir le geste vocal dans son ensemble, quand la voix dysfonctionne. Les orthophonistes sont là pour vous accompagner dans l’utilisation de votre voix. En cas de doute, parlez-en avec votre professionnel de santé.