Nous pouvons acheter tous les jouets du monde pour éveiller notre bébé mais rien ne remplace nos échanges dans les petits moments du quotidien.
Emerveillons-nous de ses essais pour nous parler, n’importe où, n’importe quand. Mettons du sens sur ses gazouillis, ses « ba-ba-ba ».
Il est important de lui répondre pour lui envie de continuer. Le plaisir partagé pendant ces échanges simples est le carburant de sa communication. Nous avons le pouvoir d’agir sur le développement de son langage et sur son cerveau. Répéter un mot laisse une trace dans son cerveau, comme une empreinte. Entendre plusieurs fois le même mot lui permet de l’apprendre. D’abord, il comprend que le « coton » est ce petit morceau blanc, tout doux, qui sert à le nettoyer. Ensuite, votre bébé retiendra ce mot parce que vous lui en parlez tous les jours. Quand il sera prêt, il le dira lui-même. La répétition des mots dans le contexte lui permet d’apprendre plusieurs mots par jour. Plus tard, il pourra les associer pour construire des phrases. Il est étonnant de voir à quel point il est possible d’aider son bébé à parler sans le savoir, à travers des gestes simples du quotidien. C’est si important pour le bébé et si gratifiant pour un parent !

Observer

Et maintenant, comment faire ?
En observant finement la manière de communiquer de son bébé, on suit les progrès dans sa façon de s’exprimer. Avant même sa naissance : ses réactions à notre voix à travers le ventre de sa mère, dès les premiers jours, par ses mimiques ou mouvements du corps, par un regard intense ensuite. Tout cela est déjà une sorte de langage.

« Ah oui, je vois que tu as bien compris que c’est l’heure du biberon. Tu es content ! »
Sachez qu’un bébé comprend beaucoup plus qu’il ne s’exprime. Car, comme face à un iceberg, on ne voit pas la partie immergée. On ne se rend pas compte des capacités phénoménales d’un bébé à comprendre son environnement et le langage. Son cerveau analyse les intonations de la voix, les mimiques, les postures, fait le lien entre le mot et ce qu’on lui montre. Et s’il n’a pas de mot pour le dire, il a toute une panoplie de moyens pour montrer qu’il comprend. Il s’exprime : pleurer, tourner la tête vers ce qui l’intéresse, serrer nos doigts, sourire, s’agiter de plaisir, essayer d’attraper l’objet convoité, bouger les lèvres quand nous lui parlons, faire des bruits avec sa bouche. À ce propos, entre 0 et 6 mois, il commence à jouer avec les sons (les voyelles). Entre 6 et 12 mois, il apprend à prononcer les consonnes et assembler les sons (« bababa, tatata, bamata »). Mais un enfant qui ne s’entend pas parler à cause d’une surdité va arrêter progressivement de babiller. Sachez qu’il est possible d’évaluer l’audition dès les premiers mois.

Les fondations du langage

Dès la naissance, un bébé construit les fondations de son langage. Ces fondations sont essentielles comme celles d’une maison. Il est possible de les observer quelle que soit la langue utilisée à la maison. Ces fondations du langage lui permettront plus tard de comprendre, discuter, construire sa pensée.

Vous pouvez dès aujourd’hui observer si votre enfant :
-a envie de communiquer,
-regarde la personne qui lui parle,
-alterne le regard entre un objet et le regard de la personne pour montrer son intérêt,
-essaye d’imiter un geste (ex : faire bravo), un bruit d’animaux puis un son, un mot,
-s’intéresse au même objet que vous, au même sujet de conversation,
-peut faire une action après vous, à tour de rôle,

Par exemple: se regarder quand on change la couche, taper sur l’eau du bain chacun son tour, parler du chat qui passe dans la rue sont autant d’occasions de développer ses compétences. Doc parlons ensemble
Si votre enfant est plutôt passif dans les interactions, à vous d’utiliser tous les moments du quotidien pour développer ses capacités. Les bébés les plus discrets sont ceux qui ont le plus besoin de nous pour partir sur de bonnes bases. Si vous observez que votre bébé ne regarde pas dans les yeux, ne réagit pas ou peu quand quelqu’un lui parle, qu’il pleure très rarement pour exprimer un besoin, parlez-en à votre médecin, au pédiatre ou aux professionnels de la PMI. (service de protection maternelle et infantile) La PMI est un lieu où vous serez accueilli par des professionnels de santé. Ils pourront répondre à toutes vos questions avant la naissance et jusqu’au 6 ans de votre enfant. La PMI organise des consultations (ex. : vaccins), des permanences (pesées), des ateliers et des actions de prévention médico-sociale. Il y en a sûrement une près de chez vous et c’est gratuit !
Un orthophoniste pourra vous rencontrer avec votre bébé pour vous donner des conseils.

Réagir et répondre

La première manière d’aider son bébé à communiquer, d’après les études, est de savoir l’observer. La deuxième est de lui répondre, tout de suite et en suivant ses intérêts. En nous voyant réagir à ses essais, nous entretenons cette envie de communiquer. Le bébé est valorisé par l’intérêt que nous lui portons. Il est essentiel de le laisser exprimer ses besoins, ses envies au lieu de les devancer. Cela lui donne l’occasion d’avoir besoin de communiquer. C’est parce qu’il en a besoin que le bébé apprend à parler ! Il trouve alors toutes sortes de manières de se faire comprendre par différentes personnes.

Alors comment faire concrètement ? Deux stratégies ont été démontrées comme étant les plus efficaces. La première est de répéter les sons, les syllabes, les mots qu’il dit (ou a voulu dire !) en ajoutant des mots, des informations.

Exemple :
Papa : « Maman ? Oui, maman est dehors. Viens, on va voir maman par la fenêtre ! ».
La deuxième est de redonner le bon modèle du mot ou de la phrase, sans demander de répéter.
Bébé: « -ore chan’on »
Maman : « Ah, tu veux en – core la chansssssson ? Tu aimes bien cette chan-son ! »
On peut dire le mot plus lentement, en découpant les syllabes, en insistant sur le son difficile. Mieux vaut répéter nous-même le mot plutôt que de l’obliger à répéter! Le principal est de communiquer. Quand on suit l’intérêt de son bébé, il a encore plus de plaisir à communiquer.
Attention à ne pas tomber dans le piège : si mon enfant ne parle pas beaucoup, je vais avoir tendance à moins lui parler alors qu’il en a encore plus besoin. Des chercheurs ont montré que les enfants qui présentent un retard ou un trouble de langage peuvent contribuer à ce que leurs parents leur parlent moins en retour. Et l’on sait qu’un bébé très prématuré ou qui a des otites à répétition (douloureuses ou non) a plus de risques d’avoir des difficultés de langage. Alors, n’attendons pas pour observer et parler avec son bébé de manière variée pour consolider les fondations, dans des moments de plaisir partagé. Ce petit coup de pouce dès les premiers mois aura un effet bénéfique pour la suite.

Nous pouvons jouer un rôle essentiel pour faciliter le développement de la communication et du langage de notre bébé, pour lui permettre de révéler toutes ses compétences à travers des échanges dans le quotidien. Observer les réactions de son bébé pour y répondre de manière adaptée sont les meilleurs moyens de l’aider à construire les fondations de son langage.

Bien sûr, la plupart des enfants vont apprendre à parler sans problème, parfois plusieurs langues à la fois. Mais certains auront besoin d’un coup de pouce. Alors observons et prenons le temps de leur répondre pour leur offrir un environnement riche et stimulant. Ainsi, nous leur donnons sans attendre ce petit coup de pouce si efficace. Alors jouons, chantons, lisons et surtout parlons dans tous les petits moments du quotidien ! Et quel plaisir partagé, quelle complicité !

Pour plus d’infos sur le développement du cerveau, voici une vidéo : regarder