Les pleurs sont une source d’inquiétude majeure pour tous les parents. Qu’a-t-il ? Que veut-il me dire ? Est-il malade ? Autant de questions que Cécile se pose.
La question des pleurs de bébé est une question universelle et bien connue. Alors que veut témoigner le bébé par ses pleurs ? Est-ce du langage ? Veut-il communiquer ses besoins avec ses parents ? Allo ortho fait le tour de la question des pleurs des bébés version orthophoniste.

«Un bébé ça pleure !»

On entend souvent cette phrase de la bouche des proches ou encore des professionnels de la petite enfance. Oui, c’est vrai, un bébé pleure mais cette affirmation ne satisfait que rarement les parents qui s’interrogent : «Oui il pleure, mais pourquoi ? Comment réagir face à ces pleurs ?»
En effet, un bébé pleure : c’est normal qu’il pleure à certains moments. Pourtant, il n’est pas bon de laisser un bébé pleurer dans son berceau. Il ne faut pas non plus le faire taire à tout prix : pleurer n’est pas une menace pour son existence.
Loin des préceptes empiriques de nos grands-mères comme «laisse-le pleurer, ça lui fera poumons», les neurosciences affectives et sociales ont montré d’autres réalités plus scientifiques et plus justes sur cette question des pleurs des bébés.

Insécurité émotionnelle du bébé

Le bébé nait dans un environnement inconnu. Jusqu’à maintenant, il était baigné dans un cocon de douceur et de protection : le ventre de sa maman. Ce petit être va devoir s’adapter à son nouvel environnement avec toutes les stimulations que cela comporte : les odeurs différentes et méconnues, les bruits forts, effrayants, les nouveaux visages.
La rencontre avec l’environnement des adultes va être une découverte hors norme pour le bébé. En réponse, il va ressentir tout un tas d’émotions qu’il ne sait pas encore réguler : son cerveau ne sait pas encore les traiter, les comprendre. C’est l’adulte qui va l’y aider. Cette insécurité émotionnelle est physiologique et naturelle. Elle peut différer selon les jours, la fatigue du bébé et la quantité de stimulations engrangées. Et vous l’aurez compris, le bébé va pouvoir exprimer ce trop-plein d’émotions par les pleurs : c’est ce qu’on appelle les pleurs de décharge. Ils apparaissent dès la naissance mais sont maximum à partir de quelques semaines de vie jusqu’à 4-6 mois. Ils surviennent le plus souvent le soir, à heure fixe et sont parfois inconsolables, ce qui déroute les parents. Mais ils sont normaux et doivent être accueillis et accompagnés en rassurant bébé par la voix, le bercement ou le portage.
Le pleur est une manifestation instinctive qui permettra au bébé de vérifier que son parent est bien là pour s’occuper de lui. Ce lien lui permettra de s’attacher à son parent et d’en tirer tous les bénéfices. Cela sera fondamental pour sa construction affective, c’est ce qu’on appelle le lien d’attachement.

Est-ce déjà un mode de communication ?

Dans ses premières semaines de vie, le bébé pleure «malgré lui», comme une réaction instinctive et incontrôlée.
Le pleur est la manifestation inconsciente d’un besoin émotionnel ou physique tel que la faim, la fatigue, un inconfort (rot, chaleur), la recherche de proximité avec son parent, l’ennui, la douleur ou la libération émotionnelle comme décrite plus haut. Comme la nature est bien faite, ces pleurs constituent une alerte pour l’adulte qui n’hésitera pas à cajoler le bébé et trouver l’origine de son inconfort. Cela participe à créer les premières interactions parent/enfant.

À mesure que le bébé grandira, il aura un rôle plus actif sur l’action de pleurer qui deviendra peu à peu volontaire.
Au stade nourrisson, le bébé ressent : «cet environnement nouveau me submerge et je pleure souvent car ce qui se passe dans mon corps, mes sensations, mes émotions, cela me dépasse et j’exprime cela par le pleur»
Au stade du bébé (6 mois et plus), le bébé éprouve : «avec l’arrivée d’une nouvelle autonomie jusqu’à lors méconnue (attraper des objets, les mettre à la bouche, ramper ou marcher à 4 pattes), je suis dans la découverte d’un tas de choses mais j’ai intégré que lorsque je me sens mal, seul, je peux pleurer et ma maman viendra me consoler et me donner ce que je veux pour retrouver de ma sérénité»
Au stade du petit enfant, il se dit : «Dans ma découverte du monde et des personnes, si j’ai une frustration, une peur, un bobo, même si je suis plus grand, le pleur sera souvent la solution pour exprimer ma contrariété, ne sachant pas encore bien parler».

En effet, bébé n’a pas encore les bases d’un langage solide. Ses structures cérébrales sont également immatures pour la régulation émotionnelle, la première réaction «primaire» et immédiate sera donc de pleurer. Ces pleurs ne sont pas catégorisés en caprices et sont encore difficiles à réguler pour un petit enfant qui traverse des tempêtes émotionnelles fortes.
Progressivement, à mesure qu’il apprendra à parler et à mettre des mots sur ses émotions, il pourra se distancier des pleurs et exprimer ses émotions autrement. Ceci étant, les pleurs resteront présents tout au long de la vie avec la même fonction qu’étant petit : la décharge émotionnelle.

Parents, comment réagir face aux pleurs ?

Les recherches scientifiques récentes préconisent une réponse rapide des parents aux pleurs des bébés. Cela rassure le bébé : il ne se sent pas seul dans sa détresse. Contrairement aux idées reçues, l’enfant, plus tard, ne prendra pas l’habitude de pleurer à tout bout de champ pour appeler son parent mais pourra, au contraire, se sentir plus sécurisé sur le plan affectif et s’autoriser à manifester ses émotions par le pleur ou de façon plus adéquate en les exprimant par le langage. Cela est très important pour la santé mentale une fois adulte et participe à l’épanouissement affectif.
Parfois, malgré la présence bienveillante des parents, le bébé ne se calme pas et continue à pleurer. Parents, ne doutez pas de vos compétences, vous êtes assurément les meilleures personnes pour accompagner votre bébé dans cet inconfort. Ne culpabilisez pas des pleurs de votre nourrisson, ils sont normaux.

Vous pouvez le porter, lui parler mélodieusement, chanter avec une voix douce, lui proposer une tétine, le toucher, l’allaiter, le promener et bien sûr vérifier si ses différents besoins : manger, couche souillée, froid/chaud sont pourvus.
En répondant à ses pleurs, vous offrez à votre bébé une base de sécurité solide et vous construisez en lui l’idée qu’il est aimé de ses parents quoi qu’il arrive, c’est un beau cadeau !
S’il vous arrive d’être dépassé par les pleurs de votre bébé qui ne cessent pas, confiez-le à une personne de confiance ou posez le dans son lit en sécurité et sortez de la pièce.
Il est très important de ne pas secouer votre bébé car cela peut causer des lésions cérébrales graves et entraver son développement.

Si les pleurs intenses de votre bébé persistent au-delà de 6 mois, consultez votre médecin traitant. Si votre enfant ne communique que par les cris et les pleurs et ne développe pas son langage et que vous êtes inquiets, il est important de vérifier son audition, n’hésitez pas à consulter un ORL. Pour le développement de son langage, la consultation vers un orthophoniste est indiquée.