« Ce matin j’ai téléphoné à mes parents et mon père m’a raconté qu’ il avait du mal à lire les messages sur son téléphone. C’était comme brouillé. Il pensait que ça allait passer. Mais même en lisant son journal, il a l’impression de ne pas pouvoir déchiffrer, même s’il peut deviner un peu de quoi parle l’article. Il ne s’est pas inquiété car il n’avait mal nulle part, et comme nous tous dans la famille, il fait surveiller sa vue par un ophtalmologue tous les ans. Comme je lui ai conseillé, il a appelé le 15 et a été hospitalisé pour faire des examens. »

Comment fait-on pour lire ?

Savoir lire, c’est pouvoir déchiffrer mais aussi comprendre ce qu’on lit.
Il faut pouvoir reconnaître et mettre ensemble les bons groupes de lettres. Il faut aussi identifier les mots. Enfin, il faut mettre du sens sur ce qu’on lit pour comprendre de quoi parle la phrase ou le texte.
Cette capacité à lire s’apprend dans l’enfance. Bien entendu, pour lire, il faut avoir une bonne vue ! Avoir de bons yeux ou une paire de lunettes bien adaptée !

C’est quoi cette difficulté à lire ?

En principe, si on a su bien lire et écrire, on ne l’oublie pas. Quand on vieillit, on perd des capacités pour voir, entendre, sentir. Généralement on fait vérifier très régulièrement sa vue (chez un ophtalmologue ou bien à la visite médicale du travail). Mais la perte d’une fonction comme la vue, l’odorat, le toucher, ou bien encore l’audition peut être le symptôme de quelque chose de plus grave, et pour lequel il faut réagir très vite. Des difficultés pour lire peuvent être dues à des problèmes aux yeux, mais cela peut également être à cause d’un problème au cerveau.

Des problèmes aux yeux :

Ces problèmes de vue peuvent venir progressivement et empêchent parfois de lire. On sait que dès l’âge de 40 ans environ, on voit moins bien de près (c’est la presbytie), mais d’autres problèmes peuvent également causer des problèmes de vue. Par exemple, les personnes âgées ont parfois une cataracte (ils voient trouble). Plus rarement il peut s’agir de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) qui fait que la personne voit une tache noire (qui s’étend petit à petit sur plusieurs mois ou années) au milieu de la page lue.
Dans le cas où la vue est gênée par de nombreux et importants flashes de lumière, la rétine peut être atteinte et il faut appeler les secours (le 15) en urgence.
Dans tous les cas un suivi régulier de la vision est nécessaire auprès de son médecin et d’un ophtalmologue.

Des problèmes au cerveau :

Certaines zones du cerveau permettent de déchiffrer et de comprendre les mots vus par les yeux. Si les difficultés viennent tout à coup, elles peuvent être la conséquence d’un accident vasculaire cérébral (appelé aussi AVC). Dans la majorité des cas, c’est une artère du cerveau qui se bouche et sans apport de sang, la zone du cerveau qui est habituellement irriguée par cette artère se détruit. La zone qui ne fonctionne plus empêche la personne de faire ce qu’elle fait habituellement. Les troubles sont parfois importants, par exemple la personne peut être paralysée ou ne parle plus du tout. Mais parfois les difficultés sont moins évidentes, notamment si c’est une petite artère qui est touchée. Par exemple la personne peut bégayer un peu, avoir des fourmillements dans le bras, ne pas voir ce qui est à sa gauche, ou faire beaucoup plus de fautes d’orthographe que d’habitude.

Dans ce cas, il s’agit d’un accident ischémique transitoire (AIT) ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC), est une urgence vitale. Il faut immédiatement téléphoner aux secours (en appelant le 15) qui orientera la personne vers le service spécialisé le plus proche. Dans cette unité neurovasculaire, les patients bénéficient des traitements de pointe et d’une équipe de soignants spécifiques, il est important d’aller au plus vite pour en bénéficier le plus tôt possible.

L’orthophonie est-elle nécessaire ?

Si c’est la capacité du cerveau à déchiffrer, comprendre et écrire dans sa langue qui est perturbée, alors l’orthophoniste sera le praticien de santé habilité à repérer, évaluer, et traiter ces difficultés de lecture. Le médecin spécialiste ou le médecin traitant pourra orienter vers l’orthophoniste grâce à une ordonnance.
Après un bilan orthophonique, l’orthophoniste proposera une rééducation pour aider la personne à résoudre ou compenser ses difficultés.
En fonction de la zone du cerveau qui est abîmée, les difficultés vont varier et la rééducation sera adaptée. Cette zone peut être responsable de la vision (la personne ne voit plus que la moitié gauche ou droite de la page), sans que les yeux soient abîmés. L’orthophoniste proposera un bilan orthophonique complet et des exercices pour compenser ces difficultés (appelées neurovisuelles).
Si la zone touchée sert à lire ou à écrire, l’orthophoniste, après le bilan orthophonique, proposera une rééducation. La personne peut alors parfois déchiffrer parfaitement mais ne rien comprendre du tout, ou bien comprendre un peu mais sans pouvoir déchiffrer ni prononcer un mot lu. On parle alors d’alexie. De même la personne peut avoir du mal à écrire (sans que sa main soit paralysée, mais elle ne sait plus comment s’écrivent les mots). On parle alors d’agraphie.

Les difficultés de lecture peuvent être causées par des problèmes aux yeux mais aussi au cerveau. Cette perte de la capacité à lire n’est pas forcément grave s’il s’agit d’un mauvais ajustement des lunettes. Mais cela peut aussi être dû à des lésions cérébrales qu’il faut prendre très rapidement en charge en téléphonant aux secours (appel du 15). En effet dans le cas d’un AVC il faut agir très rapidement pour proposer des traitements qui ne sont efficaces que très tôt après le début des troubles.