Claudine est aphasique depuis un A.V.C. (Accident Vasculaire Cérébral) : « J’ai besoin de beaucoup de temps pour rechercher mes mots. Je sais ce que je veux dire, pourtant je ne trouve pas le moyen de l’exprimer, cela me met en colère. Très souvent les personnes me coupent la parole. Lorsque je suis avec mon conjoint cela va mieux car il a l’habitude de me comprendre, mais les amis que je vois moins souvent n’ont pas sa patience, ils cherchent à parler à ma place. Je me sens incomprise et infantilisée. A force, je préfère rester chez moi. »
L’intervention orthophonique :
Une intervention orthophonique est essentielle pour travailler avec des patients présentant des troubles du langage. Sur prescription médicale, la prise en soin orthophonique est sans limite de durée ni d’âge. Claudine a pu en bénéficier : « je pensais que les orthophonistes ne travaillaient qu’avec des enfants mais ce n’est pas le cas. Le travail avec un orthophoniste a été essentiel pour me permettre de retrouver le langage ».
L’intervention orthophonique peut avoir pour but de rétablir et d’accéder aux capacités langagières perdues tout en s’appuyant sur les capacités de communication préservées chez le patient. Les sourires, les regards et les mimiques sont des appuis à la communication pour Léonard : « lorsque je veux raconter quelque chose, je me suis rendu compte que le fait de rechercher un mot me ralentissait beaucoup. Maintenant je mime ou j’utilise des gestes et je me rends compte que cela aide les autres à deviner. La rééducation m’a permis de réorganiser ma parole. Je peux me faire comprendre avec des phrases plus riches. Je retrouve plus facilement les mots ».
Moyens de communications alternatifs:
Lorsqu’il est très difficile de s’exprimer, il est possible de mettre en place un moyen de communication alternatif et augmentatif sur tablette ou sous forme de cahier. L’orthophoniste et l’ergothérapeute d’Eléonore ont mis en place un « cahier de communication » qui regroupe des photos et des pictogrammes. Eléonore l’a toujours avec elle et il lui permet de mieux communiquer avec sa famille, ses amis et les soignants qu’elle côtoie. La personne aphasique et son entourage peuvent s’appuyer sur ces moyens de communication alternatifs et augmentatifs pour rétablir un échange et mieux se comprendre. Le plus important est que ces dispositifs soient adaptés aux besoins de la personne aphasique et de son entourage.
L’éducation thérapeutique:
Après quelques années, Léonard a pu retrouver une grande partie de ses capacités langagières : « je ne connaissais rien au langage avant mon A.V.C., c’est en perdant la capacité de parole et en travaillant avec mon orthophoniste que j’ai pu comprendre mieux mon trouble, récupérer petit à petit ma parole. Je n’ai plus peur de demander à ma famille de me réexpliquer quelque chose que je n’ai pas compris. Je peux maintenant trouver seul des solutions pour mieux communiquer dans la vie de tous les jours. » Cela s’appelle l’éducation thérapeutique du patient. Désormais, Léonard n’a plus besoin d’aller chez l’orthophoniste, il est devenu un patient-expert et il connaît très bien les solutions qui peuvent l’aider. Il peut désormais adopter lui-même les attitudes adaptées pour diminuer son handicap au quotidien. « Maintenant ma rééducation quotidienne c’est de pouvoir parler avec mes amis et ma famille. »
Les associations de patients:
Enfin, les associations de patients et d’aide aux aidants permettent de prendre en compte les spécificités de la communication et plus généralement de la vie familiale. En contactant la FNAF, (Fédération Nationale des Aphasiques de France), Line a pu avoir de l’information mais aussi rencontrer d’autres personnes aphasiques comme elle, au sein de groupes. « Cela m’a été d’une grande aide et je me suis sentie moins seule. »
La prise en soin des troubles du langage et de la communication chez les personnes aphasiques est toujours adaptée au plus près de la personne, des troubles et du handicap qu’elle ressent. Ce sont tous ces aspects que l’orthophoniste recueille au moment du bilan ,afin de construire avec le patient et son entourage, l’intervention la plus adaptée. Une prise en soin précoce et intensive permet d’avoir les meilleures chances de récupération. Elle peut avoir lieu à tout moment et à tout âge de la vie.