Le professionnel de santé a orienté cette famille vers un CMP pour mettre en place un suivi pluridisciplinaire. Au CMP, on leur a parlé du trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Dans l’attente d’un bilan complet et d’un diagnostic, Léo est suivi par une équipe de plusieurs professionnels en libéral et au CMP : il voit son pédopsychiatre une fois tous les trois mois.
Léo bénéficie également d’une séance de psychomotricité, d’une séance de psychologue ABA et de deux séances d’orthophonie par semaine. L’orthophoniste met en place un classeur de communication pour développer le langage oral qui est, pour le moment, très réduit.

« À la maison, nous nous débrouillons. Nous le comprenons car nous le connaissons par cœur et nous anticipons ses besoins. Je suis très inquiète pour les autres endroits qu’il va fréquenter, en particulier la maternelle, où il entre en septembre. J’ai peur que Léo n’arrive pas à s’exprimer, que la maîtresse et les autres enfants ne le comprennent pas.
J’aimerais pouvoir aider la maîtresse et l’ATSEM à le connaitre, pour qu’il se sente à l’aise en classe. »

Céline, la maman de Léo.

Les difficultés de Léo

Les difficultés de langage et de communication font partie des symptômes majeurs du trouble du spectre de l’autisme.
La communication verbale est touchée. Léo a du mal à exprimer ses besoins et ses envies en faisant des demandes : il lui manque le vocabulaire.
L’expression non verbale est également réduite, Léo n’arrive pas à s’exprimer avec des gestes comme montrer du doigt ce qu’il veut.

Il y a parfois du langage (des paroles de chansons, les lettres de l’alphabet, la comptine numérique) mais qui ne véhicule pas de demande ou de message. Ce langage n’est pas fonctionnel, il n’a pas pour but de communiquer. L’enfant répète des mots, des sons, des phrases qu’il a entendus, sans s’adresser à une personne en particulier et sans que ces paroles n’aient de sens ni d’objectif de communication.

Comment Léo communique ?

En observant attentivement l’enfant, on peut parfois repérer des signes, des gestes, des regards, des bruitages, qui véhiculent un message ou une demande sans qu’aucun mot ne soit prononcé. L’enfant peut prendre la main pour demander de l’aide, regarder avec insistance pour signifier qu’il a très envie qu’on lui donne le jouet qu’on a dans la main ou un morceau de notre gâteau. Il peut même essayer de l’attraper directement.
Les parents connaissent le mieux leur enfant et ils reconnaissent ses besoins. Ils repèrent quand il va vouloir quelque chose et ils peuvent alors identifier comment il va montrer ce qu’il veut. Ce sont ces signes de communication qu’ils transmettent aux adultes qui vont, à l’école, s’occuper de Léo.
Son orthophoniste, sa psychomotricienne et sa psychologue connaissent également Léo dans un autre contexte. Chacun va indiquer aux parents les changements de signes qui peuvent être différents dans leur bureau et à la maison.

Tous les adultes qui interviennent dans le quotidien de Léo vont repérer et encourager cette communication non verbale. Ils utilisent plusieurs situations du quotidien : des moments de jeux et des repas.
Il est important de partir d’objets qui sont très appréciés par Léo pour créer une situation de demande spontanée. On observe Léo avec une grande attention, on va s’adapter à lui et à ce qu’il aime.

Pendant le jeu

Pour décoder son envie, sa maman lui présente plusieurs jouets pour voir celui qui est le plus intéressant et le plus motivant sur le moment. Elle les manipule, elle joue avec de différentes façons, sans parler, pour lui présenter et lui montrer. Elle se met en face de Léo et elle regarde comment il montre son jouet préféré. Léo peut :

  • regarder l’objet
  • le prendre
  • regarder l’adulte utiliser le jouet
  • tendre le bras vers l’objet
  • prendre la main de l’adulte pour qu’il continue à utiliser le jouet

Une fois que sa maman sait avec quoi Léo veut jouer, elle va l’aider à demander l’objet. Par exemple, si Léo regarde le camion, sa maman va lui donner en disant « le camion », pour que Léo intègre le mot à l’objet.
Comme Léo ne parle pas, il est important de simplifier le langage lorsqu’on s’adresse à lui. Ses parents pourront proposer cet aménagement à la maîtresse et à l’ATSEM.
Un peu comme dans une langue étrangère qu’on ne connaitrait pas : on aura plus de mal à comprendre et à apprendre le mot « glace » si on nous dit « Est-ce que tu veux une glace artisanale à la vanille et à la fraise ? » Plutôt que « une glace ? »
Si le mot est isolé, la compréhension de la situation est plus simple. Peu à peu, quand on dira des phrases courtes, la compréhension sera plus facile : « tu veux une glace ? ».
Ici, on fait la même chose avec le jouet de Léo, on lui dit simplement « le camion » lorsqu’on lui donne.

À l’école

Lors d’un rendez-vous avec la maîtresse et l’ATSEM, les parents pourront expliquer que les demandes et les souhaits ne sont pas exprimés par des mots mais, par exemple, par le regard. Lorsque Léo veut jouer avec quelque chose, il le regarde avec insistance mais il ne sait pas interpeller quelqu’un pour lui demander, ni montrer avec son doigt, ni dire le mot.
Les parents pourront indiquer quels sont ses jouets favoris à la maîtresse. Elle lui proposera lors des moments de détente ou de jeu libre, en utilisant le même mot que celui que les parents utilisent à la maison.
Par exemple, si les parents disent « bébé » à la maison, ils le diront à la maîtresse, qui dira bien « bébé » aussi, et non « poupée » quand elle proposera le jeu.

Pendant le repas

Si Léo mange à la cantine, il pourra peut-être choisir entre plusieurs desserts (goût des yaourts, fruits).
Là encore, les parents repèrent comment Léo exprime un choix à la maison.
Son papa lui propose un aliment qu’il adore, par exemple des chips et un autre qu’il aime moins.
Il commence par lui montrer les deux aliments dans deux boites transparentes : il le laisse se servir, d’abord sans rien dire et en le laissant manger un peu pour vérifier que Léo a très envie de chips.
Ensuite, son papa garde les boites fermées sur la table, pour que Léo ne puisse plus se servir seul. Le père de Léo voit comment il lui montre ce dont il a envie. Peut-être qu’il va attraper la boîte, la regarder ou donner la boîte pour que son parent l’ouvre.

Ici encore, les parents repèrent comment Léo exprime son choix. Ils pourront transmettre toutes les manières de communiquer pendant le repas à un agent de restauration lors d’un rendez-vous.

Les demandes du quotidien sont souvent spontanément réalisées de manière non verbale.
Il est important d’identifier si Léo s’exprime comme ça afin qu’il voit que l’adulte a compris et qu’il répond à sa demande. Cela va l’encourager à recommencer et faire de plus en plus de demandes non verbales dans tous les endroits de son quotidien.
Les parents pourront voir avec l’orthophoniste comment transformer ces demandes non verbales en demandes verbales ou via des échanges d’images qui seront encore plus fonctionnelles et compréhensibles par tout le monde.