À en croire l’expérience de ces parents, les enfants ne semblent pas toujours écouter les paroles des adultes comme si cela ne les intéressait pas ou que leur attention était ailleurs.
Comment capter l’attention et obtenir l’écoute d’un tout-petit ?

L’attention

L’attention est une capacité cérébrale présente à la naissance mais normalement faible chez le bébé. Avec l’expérience et la maturation cérébrale, ces capacités attentionnelles vont se muscler et s’enrichir jusqu’à l’adolescence.
Il est donc normal que l’enfant ait une attention limitée. Cela s’observe dans les activités scolaires, les jeux ou la lecture d’histoire avec un temps d’attention très court pour le petit enfant.
De la même façon, l’enfant peut-il mobiliser son écoute sur un temps court ? L’attention et l’écoute soutenues seront effectives plus tard. N’hésitez donc pas créer des moments de courtes conversations avec un enfant et à changer régulièrement de sujet pour maintenir son attention.

Retenez aussi qu’il est difficile pour l’enfant de faire deux choses à la fois. Généralement, lorsque son parent s’adresse à lui, le petit enfant n’est pas en train d’attendre qu’on lui parle, il est plutôt en train de jouer, de regarder un livre.
Privilégiez ainsi une pleine écoute de votre enfant pour qu’elle soit efficace. Il est difficile pour lui de focaliser son attention de lui même. Au lieu de lui demander de faire le tri dans les informations, faites le vous-même : proposez-lui de stopper son activité pour vous écouter ou supprimez les perturbateurs comme la télévision ou la musique avant de lui parler.

Comprendre le langage

Savez-vous qu’un adulte comprend en moyenne 30 000 mots quand un enfant de 6 ans en comprend seulement 3000 ? Le vocabulaire d’un adulte est bien supérieur à celui d’un enfant ! Et pour cause, même si l’apprentissage du langage s’effectue entre 0 et 4 ans, nous continuons à apprendre de nouveaux mots tout au long de notre vie.
Nous écoutons si nous comprenons.
Si l’on ne comprend pas ce que quelqu’un nous dit, nous nous désintéressons rapidement de ses propos et cessons d’y être attentif. Imaginez qu’une personne vous parle mais que vous ne compreniez qu’un mot sur deux car elle parle une langue étrangère ou utilise un vocabulaire scientifique que vous ne maîtrisez pas. Il y a fort à parier que votre esprit s’évadera et que votre écoute ne soit plus au rendez-vous !
Les enfants sont dans la même situation lorsqu’un adulte leur parle avec des mots trop compliqués ou avec trop d’informations à traiter. La compréhension est à la base de l’écoute.

Les écrans

Dans notre société, l’écran est la principale pollution de l’écoute.
Malgré les avantages et le confort apportés par les écrans, ils nuisent aux interactions sociales et diminuent l’écoute des uns et des autres à commencer dans le cercle familial.
Avec tous les réseaux sociaux qu’ils comportent, l’écran nous permet de communiquer davantage et avec plus de personnes à distance mais constitue un paradoxe : la présence des écrans à la maison augmente les interactions à distance mais diminue le temps des interactions en famille et peut affecter leur qualité.
Les adultes sont moins disponibles et moins à l’écoute des enfants. Lire ses notifications sur les réseaux sociaux est incompatible avec une bonne qualité de conversation faite à l’enfant.

Plus généralement, les activités multiples réalisées en même temps réduisent l’efficacité de nos actions. Écouter une personne qui parle et répondre à un mail sur son téléphone devient monnaie courante et sert de modèle à nos enfants qui le reproduiront à leur tour.
La pleine disponibilité pour parler à votre enfant est le meilleur modèle que vous puissiez lui transmettre. Si vous n’êtes disponible pour l’écouter, proposez-lui de terminer votre mail et demande-lui de patienter pour lui offrir, juste après, votre pleine écoute.
Alors, prenez soin des relations avec votre enfant en prenant garde à ne pas vous laisser polluer par votre écran !

Cultiver l’écoute

Écouter s’apprend dès le plus jeune âge à travers le modèle parental reçu par l’enfant.
Cela pourrait se résumer ainsi : si les parents écoutent, les enfants apprendront à leur tour à écouter les autres. N’oublions pas que nos comportements sont appris et retransmis comme la capacité d’écoute.
Les premières interactions apparaissent autour de 4 mois de vie. L’adulte va stimuler et soutenir l’écoute du bébé ainsi sa capacité à répondre. Les premières réponses se feront par des regards et des sourires, plus tard par le langage. À travers les réactions du bébé, on comprend qu’il est déjà dans un comportement d’écoute de l’adulte.
Parler à son enfant, le nourrir de mots est primordial pour son développement harmonieux. Cependant, la qualité des conversations l’est tout autant. Mieux vaut privilégier la qualité que la quantité.

Pour favoriser l’écoute, l’idéal est de parler en étant totalement présent.
Lancez-vous !
Choisissez un moment propice à la discussion où votre enfant n’est pas trop fatigué et se montre disponible. Éliminez les perturbations, mettez-vous à proximité de lui, souriez-lui.
Ensuite, focalisez vos attentions sur l’insecte qui se promène sur l’herbe où vous êtes justement assis et discutez pleinement de la situation.
Simplicité et plaisir sont les ingrédients du dialogue.

Les aides à l’écoute

Afin d’obtenir l’écoute de votre enfant, vous pouvez lui envoyer des signaux et vous aider de techniques toutes simples pour avoir des interactions de qualité maximisant par la même occasion l’écoute de votre enfant.

  • Appelez l’enfant par son prénom lorsque vous vous adressez à lui. Ca n’a l’air de rien mais c’est très important pour que l’enfant se sente concerné. Dans une fratrie ou un groupe, cela permet de bien différencier. Utilisez le « je » pour parler de vous et le « tu » pour parler de l’enfant
  • Mettez-vous à proximité directe ou à sa hauteur. Regardez votre enfant favorise son écoute et son attention. À l’inverse, parler le dos tourné réduit l’intérêt et la compréhension de l’enfant.
  • Utilisez un vocabulaire clair et précis et n’hésitez pas à répéter l’information
  • Exprimez une seule consigne à la fois. Trop d’informations ne peuvent pas être traitées en même temps par l’enfant.
  • Parlez lentement et doucement à votre enfant
  • Impliquez votre enfant en parlant avec lui, posez-lui des questions, rendez-le acteur de la conversation
  • Réciproquement, montrez-lui avec bienveillance que vous attendez une réponse de sa part
  • Enfin, si vous êtes occupé et que votre enfant veut vous dire quelque chose: mieux vaut lui demander d’attendre quelques minutes avant de parler ou de poser sa question plutôt que d’écouter d’une oreille

Malgré ces petites techniques à utiliser dans vos interactions au quotidien, si votre enfant reste systématiquement distrait, a des difficultés à faire preuve d’écoute, s’il ne semble pas comprendre les mots simples que vous utilisez, il est conseillé de consulter votre médecin traitant. Il vous orientera vers un professionnel compétent comme l’orthophoniste si votre enfant présente des troubles du langage. Si la demande concerne des difficultés attentionnelles, la consultation chez un psychologue pour passer des tests sera plus appropriée.