Ces troubles constituent le cœur de l’accompagnement des orthophonistes. Malgré tout, la maladie touche un ensemble plus large de facultés. Nous allons essayer de décrire ici les difficultés les plus courantes auxquelles les patients sont confrontés, en gardant à l’esprit que leurs manifestations sont dépendantes de chaque personne.

Cet article a pour but de rappeler deux points essentiels :
1) il est indispensable de considérer le patient dans sa globalité (histoire de vie, caractère, manifestations des troubles)
2) il est tout aussi indispensable de privilégier un accompagnement pluridisciplinaire (orthophonique, neuropsychologique, ergothérapique, psychologique…)

Atteinte de la mémoire

La maladie d’Alzheimer est avant tout connue pour son atteinte de la mémoire qui est sensible à de nombreux facteurs, tels que la fatigue, le stress ou encore les capacités attentionnelles. Ainsi, un ou deux oublis ne sont pas synonymes d’Alzheimer. En revanche, s’ils sont répétés, qu’ils impactent le quotidien, et parfois même la relation avec le partenaire de vie, consulter un neurologue est vivement recommandé.
Marcel est à un stade débutant de la maladie. Il est encore autonome et actif socialement, mais il se plaint de modifications dans son comportement : “J’ai toujours aimé bricoler, mais mes trous de mémoire me gênent beaucoup dans cette activité. Je perds régulièrement les outils. J’utilise le marteau, je le pose, puis impossible de le retrouver.” Jean-Pierre, quant à lui, rapporte des tensions naissantes avec son épouse : “Elle me demande de faire certaines choses dans la maison, mais souvent j’oublie qu’elle me les a demandées, et cela l’énerve beaucoup.
Dans la maladie d’Alzheimer, “l’enregistreur” de souvenirs est touché en premier : les personnes sont incapables de se rappeler d’un événement car elles ne l’ont tout simplement jamais intégré. Petit à petit, les souvenirs stockés disparaissent aussi : d’abord les plus récents, jusqu’aux plus anciens. Dans le vieillissement normal, l’information reste stockée en mémoire, son accès peut simplement être plus long.
S’il n’existe malheureusement actuellement aucun traitement pour stopper l’oubli, il est néanmoins possible de soulager la mémoire en instaurant certains petits rituels. Par exemple :

  • prendre l’habitude d’écrire les événements à venir sur un calendrier ou un agenda dès leur programmation,
  • disposer à un endroit stratégique du foyer une ardoise avec les tâches à réaliser dans la journée,
  • chaque matin, regarder le calendrier/agenda et remplir l’ardoise,
  • ne pas changer le lieu de rangement des objets de la maison (avoir des repères stables)

Atteinte de la capacité à s’adapter

La maladie d’Alzheimer entraîne également un déficit de ce que l’on appelle « les fonctions exécutives ». Il s’agit de toutes les compétences qui nous permettent de nous adapter aux situations, notamment nouvelles.
La capacité à faire plusieurs choses en même temps ou encore à ignorer certaines informations de l’environnement en font partie.
Leur atteinte peut se répercuter sur d’autres compétences, telles que retrouver son chemin, suivre une recette de cuisine, aller sur sa boîte mail, conduire, ou encore prendre des décisions. Le patient est en difficultés pour effectuer des tâches qu’il avait l’habitude de faire sans aucun problème, et peut parfois même se mettre en danger. Cette atteinte des fonctions exécutives retentit fortement sur le niveau d’autonomie ainsi que sur la qualité de vie des patients.
Éviter de trop solliciter les fonctions exécutives et mettre ainsi le patient en difficulté, quelques petites stratégies peuvent être mises en place :


1) favoriser le “une chose à la fois “ (éviter que le patient soit surchargé)
2) attendre que le patient ait fini ce qu’il est en train de faire avant de lui poser une question/d’entamer une discussion (éviter de le distraire)
3) proposer d’assister le patient dans certaines tâches : le laisser faire, mais lui apporter le support juste nécessaire pour qu’il soit en réussite.
Ces difficultés exécutives peuvent être amplifiées dans certains cas par des troubles de la réalisation des gestes, notamment manuels.

Déficit de l’orientation spatiale : difficulté à se repérer dans des lieux connus

Les régions du cerveau dédiées au repérage spatial correspondent à celles touchées en premier par la maladie d’Alzheimer. Aussi, rapidement, le patient rencontre des difficultés pour s’orienter et se perd, même au cours de trajet qu’il connaissait par cœur. Albert nous raconte son inquiétude quand Régine, sa femme, s’est perdue en rentrant d’une course : “Tous les dimanches, elle partait acheter le pain à la boulangerie située deux rues plus loin. Ce matin-là, après 45 minutes elle n’était toujours pas de retour. J’ai attendu encore un peu mais, au bout d’une heure, je me faisais trop de mauvais sang et je suis sorti pour aller à sa rencontre. Je l’ai retrouvée une rue plus loin, paniquée : elle ne se repérait plus. Depuis ce jour, nous allons ensemble chercher le pain.”

Trouble du comportement

La maladie d’Alzheimer s’accompagne également souvent de trouble du comportement, pouvant se manifester de façons diverses. Un désintérêt général, un manque de motivation, une sorte d’indifférence émotionnelle peuvent progressivement s’installer. À l’inverse, des comportements plutôt agressifs peuvent également émerger. En effet, les troubles de la communication rendant les échanges plus laborieux, la frustration naissante peut laisser place à des comportements plus offensifs. Ces derniers peuvent être renforcés par les angoisses que peut provoquer la désorientation spatio-temporelle : le patient ne sait plus où il est et il ne se repère plus dans le temps. Un rempart au développement de ces troubles comportementaux reste la communication. Mettre des mots sur les besoins, la frustration ou encore les inquiétudes du patient peut l’aider à s’apaiser.
Il est important de se rappeler qu’échanger avec le patient demeure possible tout au long de la maladie, bien qu’il faille adapter sa façon de s’adresser à lui.

Recommandations de la Fondation Recherche Alzheimer

Lien du site, pour de plus amples informations : https://alzheimer-recherche.org/la-maladie-alzheimer/quest-maladie-dalzheimer/prevention/
Il n’existe pas de traitement curatif de la maladie d’Alzheimer, cependant certains comportements peuvent aider à ralentir l’avancée des symptômes, tels que :
1) Varier et s’essayer à de nouvelles activités favorisent la stimulation des différentes aires du cerveau.
2) Entretenir une activité physique régulière (exemple : la marche) : cela permet une irrigation plus importante du cerveau, et donc un apport d’oxygène et de nutriments.
3) Garder une vie sociale active : la relation aux autres est stimulante pour le cerveau
4) Prendre soin de son hygiène de vie : manger sainement et dormir correctement (attention, par exemple, aux problèmes d’apnée du sommeil)

La maladie d’Alzheimer est principalement connue pour ses troubles de mémoire, pourtant elle affecte aussi précocement d’autres facultés. En effet, rapidement, elle va atteindre les facultés de communication, d’adaptation à l’environnement, l’orientation dans le temps et dans les endroits connus et le comportement. Ses symptômes pouvant être variés, il est primordial de considérer le patient dans son ensemble et de favoriser une prise en charge multidisciplinaire. Aucun traitement médicamenteux ne permet jusqu’à présent de soigner les patients, cependant plusieurs activités et stratégies peuvent aider à freiner son développement : varier ses loisirs, pratiquer une activité physique régulière, manger équilibré, bien dormir sont autant de bonnes habitudes ayant un effet positif sur le patient.