D’après l’association JNA, plus de la moitié des salariés se disent gênés par le bruit au travail. En effet, les activités industrielles, artisanales et agricoles génèrent des sons d’intensité élevée, dangereux pour le système auditif.
Si vous aussi, vous manipulez des machines ou des outils ou travaillez dans un environnement bruyant, vous avez raison de vous en préoccuper. Il est important d’évaluer les risques pour mieux se protéger. Le bruit peut être dangereux pour vos oreilles et ce d’autant plus qu’il est fort et/ou qu’il dure longtemps.

Quels sont les niveaux de bruits et à partir de quand sont-ils dangereux ?

Le niveau de bruit est mesuré en décibel. La dangerosité du bruit dépend de sa puissance mais aussi de sa durée. En effet, les niveaux sonores élevés et durables n’existent pas à l’état naturel. L’oreille ne supporte donc pas des sons forts pendant de longues périodes.

Exemple d’activité du quotidienDécibel (A)Exemples du travail
Décollage d’avion120dB Seuil de douleurEbarbage
Concert de rock100dBBrise-baton
Trafic routier dense, tondeuse à gazon80dB Seuil de risquePerceuse, scie à ruban
Restaurant bruyant60dBImprimante
Conversation normale40dBCentre d’appel, bureau collectif
Appartement calme20dB
Respiration0dB
Echelle du bruit

Si vous devez élever la voix pour parler avec un collègue situé à 1 mètre, cela signifie que votre environnement de travail est trop bruyant.

La fatigue auditive apparaît dès 75dB. C’est un phénomène réversible mais qui peut être à l’origine de stress, troubles du sommeil et/ou troubles de la concentration.
Le risque auditif apparaît dès 85 dB c’est à dire le bruit d’un klaxon ou d’un moteur de tondeuse à gazon.
Au delà de 85dB, plus le niveau est élevé, plus le risque est grand et la dégradation rapide. Par exemple, un marteau piqueur émet un bruit d’une intensité d’au moins 110 dB. Si le niveau est extrêmement élevé, toute exposition, même de courte durée est dangereuse.

Comment le bruit endommage-t-il l’oreille ?

L’oreille est composée de 3 parties :

  • l’oreille externe (conduit auditif et tympan)
  • l’oreille moyenne (chaîne des osselets)
  • l’oreille interne, où les ondes sonores sont transmises au nerf auditif par des milliers de minuscules cils.

Or ces cils sont très fragiles, et si les ondes sonores sont trop fortes, elles peuvent les endommager.
Mais ces cils ne se réparent pas et ne repoussent pas. Si les expositions au bruit se répètent, les cellules ciliées altérées sont tellement nombreuses que les ondes sonores ne sont plus transmises au nerf auditif. C’est alors que l’audition est altérée définitivement.

Après l’exposition aux bruits professionnels, comment se manifestent les troubles auditifs ?

Ils peuvent se manifester de 3 façons : la surdité, les acouphènes et l’hyperacousie.

  • La surdité peut toucher tous les sons ou dans un premier temps seulement les sons aigus. Dans ce cas, on entend toujours mais on comprend de moins en moins bien.
  • Les acouphènes sont des sons perçus par l’oreille interne altérée, en l’absence de source sonore. Il s’agit souvent de bourdonnement, sifflement.
  • L’hyperacousie signifie que les sons sont perçus comme plus forts qu’ils ne le sont réellement : les sons forts et les ambiances bruyantes sont difficiles à supporter.

Dès les premiers signes de troubles auditifs, il faut s’en inquiéter et consulter un ORL.

Comment se protéger du bruit et éviter les surdités professionnelles  ?

Si le bruit vous gêne dans votre travail, signalez le problème à l’employeur ou aux représentants du personnel. Parlez-en également au médecin du travail.

Dans les entreprises, la réglementation impose des valeurs limites extrêmement précises à respecter : l’exposition moyenne et le niveau maximal des bruits.
L’évaluation des risques liés au bruit est donc obligatoire pour tous les employeurs.
Le sonomètre permet de mesurer le niveau de bruit à un instant T. Des sonomètres gratuits peuvent être téléchargés sur les smartphones.
D’autres appareils permettent de connaître le niveau de bruit moyen sur la journée ou même d’objectiver le niveau de fatigue auditive.

Les employeurs sont légalement tenus de protéger leurs salariés contre le bruit grâce à :

  • L’insonorisation des locaux et l’entretien des machines
  • L’organisation du travail qui peut permettre d’éviter la co-activité avec des travaux particulièrement bruyants
  • Le port d’équipements de protection individuelle (bouchons d’oreille et casques) qui permet de limiter le niveau de bruit et donc de protéger l’audition
exposition quotidienne
(Lex, 8h)
niveau de crête (LpC)Obligations de l’employeur
Quelque soit son niveau-Evaluation du risque
-Suppression ou réduction au minimum des risques liés à l’exposition au bruit
Valeur
d’exposition
inférieure
déclenchant
l’action (VAI)
80dB (A)135 dB (C)-Mise à disposition de protecteurs auditifs individuels (bouchons d’oreilles, casque antibruit)
-Examen audiométrique préventif sur demande du travailleur ou du médecin
-Information et formation des travailleurs
Valeur
d’exposition
supérieure
déclenchant
l’action (VAS)
85 dB(A)137dB (C)-Programme de mesures techniques ou d’organisation du travail visant à réduire l’exposition au bruit.
-Signalisation appropriée, limitation d’accès aux zones bruyantes
-Port effectif des protecteurs auditifs individuels
-Mise en place, si nécessaire et après avis du médecin du travail, d’un suivi individuel renforcé (SIR)
Valeur limite
(VLE) tenant compte
de l’atténuation du bruit
apporté par le
protecteur auditif porté
par le travailleur
87dB (A) 140 dB (C)-Adoption immédiate de mesures de réduction du niveau d’exposition au bruit à des valeurs inférieures aux valeurs limites
-Identification des causes à l’exposition excessive et adaptation des mesures de protection
INRS, bruit au travail – Les obligations de l’employeur (mai 2019)

Protégez-vous ! Portez un casque antibruit ou des bouchons d’oreilles.
Pour qu’ils soient efficaces, il faut :
• qu’ils soient suffisamment performants par rapport au niveau de bruit
• les mettre en place avant d’entrer dans un lieu bruyant
• les ajuster correctement
• les porter tant que vous êtes exposé au bruit
• ne les retirer qu’après être sorti de la zone bruyante

Que faire en cas de surdité professionnelle ?

Pour les acouphènes et l’hyperacousie, la prise en charge aura pour but de mieux les supporter (accompagnement psychologique, sophrologie).

Les surdités liées au bruit sont irréversibles.
Il faut cependant consulter un ORL qui pourra prescrire un appareillage auditif pour la déficience auditive.
L’appareillage sera établi par un audioprothésiste après une phase d’adaptation de l’appareil, pendant laquelle vous bénéficiez d’un mois d’essai gratuit. Poursuivre le suivi après l’achat, à raison de deux à trois RDV par an permettra d’améliorer les réglages. Il faudra effectuer de nombreux ajustements dans diverses situations. Pour avoir une habituation confortable, des efforts importants seront à fournir.

Un bilan orthophonique permettra de connaître vos stratégies de communication (audition, lecture labiale). Une prise en soin adaptée vous permettra d’optimiser le bénéfice de l’appareillage et votre compréhension.