Andréa, maman depuis quelques mois, aimerait chanter des comptines à son bébé. Elle a lu et entendu dans les médias qu’il est bon de chanter des comptines et raconter des histoires pour le développement langagier de son enfant. Elle se demande si c’est bien nécessaire et si cela va aider son enfant dans le développement de son langage. Comme elle veut faire au mieux pour lui, elle a essayé mais elle a l’impression de ne pas savoir comment s’y prendre et se trouve ridicule, elle se sent idiote de gesticuler toute seule devant son enfant.

Quand l’adulte adapte son langage au bébé

De façon naturelle, un adulte qui s’adresse à un bébé ou à un jeune enfant modifie sa parole : il parle moins vite, exagère ses mouvements de bouche pour accentuer l’articulation, il adopte une intonation plus marquée, plus chantante, avec une voix plus aiguë. Il simplifie son vocabulaire et ses phrases. Pour entrer en contact avec un tout-petit, l’adulte adapte sa manière de parler.

Le bébé réagit davantage à la mélodie de la voix et à toutes ces modifications.
Grâce à de telles adaptations, le bébé ou le jeune enfant s’intéresse à ce qu’on lui dit, même s’il n’en comprend pas forcément le contenu. Il perçoit mieux la mélodie et le rythme de sa langue, ce qui lui permet d’isoler les mots, donc de construire les bases du langage et du vocabulaire.
En plus d’adapter sa parole et son vocabulaire, l’adulte exagère aussi ses mimiques : il fait de grands sourires, ouvre grand les yeux, exagère les émotions. Tout cela intéresse l’enfant qui répond par du babillage (les fameux «bababa»), des sourires, des rires et aussi par des mouvements des bras et des jambes.

L’adulte et le bébé entrent en interaction et communiquent. Ce sont de grands moments de joie qui participent au bon développement de l’enfant.
En parlant à son enfant, le parent modifie sa manière de parler habituelle, par des exagérations et un ralentissement du débit. En voyant le bébé réagir et s’amuser, l’adulte poursuit ses jeux et oublie qu’il se sentait un peu ridicule. Andrea a compris l’intérêt de modifier sa façon de s’adresser à son bébé.
Y a t-il un intérêt à chanter des comptines ?

Chanter à son bébé

On peut trouver qu’on chante mal, qu’on ne respecte pas le rythme. On peut ne pas oser chanter devant tout le monde, mais devant un bébé ou un tout-petit, il n’y a aucune honte à avoir. Voir l’adulte chanter, c’est ce qu’il aime et ce dont il a besoin pour développer son langage. C’est une occasion pour qu’on s’occupe de lui, qu’on l’amuse et le fasse rire. Alors, autant essayer et observer sa réaction.

Il est possible de commencer en y allant pas à pas : on peut commencer par une chanson ou une comptine que l’on connaît par cœur, comme celles que l’on entendait quand on était enfant : Pirouette Cacahuète, Il était un petit navire, Frère Jacques, Bateaux sur l’eau, Ah les crocodiles, Pomme de Reinette… Il en existe des dizaines, quelque soit la culture ou la langue d’origine de l’adulte. Tout le monde en connaît forcément et en préfère sans doute une. Quand on maîtrise la mélodie et les paroles, il est plus facile de se lancer et d’observer les réactions du bébé, qui incitent, bien souvent, à poursuivre et aident à vaincre notre «timidité».

Peut-être que prendre le bébé sur ses genoux et le placer face à soi, plutôt que le laisser dans son transat va aider le parent à se sentir plus à l’aise. Le face à face permet au bébé de regarder la bouche de l’adulte, ses mimiques, de rester attentif à la chanson et poursuivre l’interaction. L’adulte va accentuer son langage non-verbal et sa mélodie en fonction des réactions du bébé.
Une fois débutée, la comptine coule, le bébé tape des mains, rit, ce qui encourage l’adulte à poursuivre son spectacle très privé destiné à un seul spectateur.

Les comptines : un plaisir pour les bébés

Les bébés (et les enfants un peu plus âgés) adorent qu’on leur raconte des histoires et qu’on leur chante des comptines, qu’on bouge, qu’on fasse des mimiques et des grimaces, qu’on joue avec nos mains qui se transforment en marionnettes. Ils s’amusent, ils créent un lien de communication avec le parent ou la personne qui chante devant lui. C’est un vrai plaisir pour eux.

Quand on sait que chanter, répéter les mêmes phrases, le même refrain, joindre des mouvements de mains participe à l’entrée dans la communication et le langage d’un bébé, c’est motivant. Pour développer son langage, le bébé a besoin de tout cela ; la mélodie, le rythme, les expressions du visage, l’accentuation de l’articulation lui sont aussi nécessaires.
Les comptines permettent de réunir tous ces points, sur quelques minutes et constituent un moment d’échanges et d’interaction privilégié entre l’adulte et le tout-petit.

Les comptines, c’est bien, mais il n’y a pas que ça. Si, malgré ses efforts, Andréa ne se sent toujours pas à l’aise de chanter des comptines devant son enfant, elle n’a pas à culpabiliser. Elle peut lui chanter une chanson de Jean-Jacques Goldman si elle préfère. Il existe de nombreuses autres manières pour stimuler son enfant et favoriser son développement langagier. Elle peut simplement lui parler, de tout et de rien, mais en adaptant sa parole et son langage aux capacités de son enfant. C’est ce qu’un adulte fait presque tout le temps, sans y penser, quand il s’adresse à un petit.
Andréa peut aussi lui raconter des histoires, tirées d’un livre ou qu’elle a inventées, elle peut jouer avec lui, avec des peluches, des hochets, des jeux de mains.
Tout au long de la journée, quand elle lui donne les soins quotidiens, elle lui parle, lui fait des chatouilles, des massages, tout cela en adaptant sa manière de parler.
Finalement, sans s’en rendre compte, Andréa met en place de nombreux moments avec son enfant pendant lesquels elle modifie sa voix, chantonne, grimace, tout comme elle le ferait en chantant une comptine.