À quel âge on commence ?

La diversification alimentaire est la proposition de nouveaux aliments. Le plus souvent, on commence par des purées pour aller progressivement vers des morceaux. L’enfant s’entraîne jusqu’à ce qu’il puisse manger de tout et dans toutes les textures (mixé, hâché, petits morceaux, morceaux plus grands). La diversification est conseillée entre 4 et 6 mois. Une fois ce changement réalisé, on propose à l’enfant un morceau de pain ou un biscuit adapté (boudoir fondant, biscuits cuillères).

Dès 6 mois, le boudoir ou le morceau de pain va soutenir les acquisitions sensorielles et motrices de la bouche du bébé. Cela dépendra aussi de l’envie de l’enfant, il sera peut-être plus à l’aise avec le biscuit ou un autre aliment croquant vers 7-8 mois. C’est très bien aussi.

Mais pourquoi donner un biscuit ou un morceau de pain ?

L’enfant va traverser différentes étapes dans son alimentation :

  • Une habituation sensorielle à de nouvelles textures et de nouveaux goûts
  • Un entraînement moteur pour que la langue chemine vers la mastication

Le bébé s’alimente avec du lait exclusivement jusqu’à ses 4 mois environ avec du lait maternel ou du lait en poudre. La diversification alimentaire démarre ensuite entre 4 et 6 mois avec le passage à la cuillère. Le bébé va s’habituer à des goûts et des textures différentes : mixé lisse, mixé granuleux, hâché, morceaux. Cette habitude lui permettra d’avoir une alimentation variée par l’entraînement de ses sensations.

Progressivement, l’enfant va faire évoluer la motricité de sa bouche avec plus de mouvements de langue. Il va passer de la succion avec le lait et de mouvements avant/arrière de la langue à la mastication où là, les mouvement vont aller du haut vers le bas et sur les côtés.

Qu’est ce que la mastication ?

La mastication c’est la capacité de la bouche à écraser les aliments en morceaux pour pouvoir ensuite avaler les aliments bien écrasés et mélangés à la salive. Pour pouvoir être écrasés, la langue place les aliments entre les dents du fond de la bouche, appelées les molaires. Mais comment fait-elle cela ? Cette compétence n’est pas soudaine. C’est le résultat d’un entraînement bien rodé.

La bouche du bébé

Dans la vie intra-utérine, le bébé fait ses premières expériences motrices et sensorielles : il tète le liquide amniotique. 

Quand la naissance est à terme, le bébé naît donc avec un «bagage» sensoriel et moteur. Il a donc de vraies compétences pour démarrer dans sa vie alimentaire. Il sait chercher une source alimentaire, téter au sein ou au biberon, reconnaître l’odeur de sa mère. Tout n’est encore que réflexe, les mouvements ne sont pas encore contrôlés. 

Il continue ses expériences dans le quotidien en explorant avec sa bouche les objets qui l’entourent. 

La motricité de la bouche du bébé

Autour de 6 mois, l’évolution du cerveau va permettre à l’enfant de poursuivre ses progrès. En effet, les mouvements vont devenir de plus en plus contrôlés. La langue va aller sur les côtés, en direction des joues. Elle effectue des mouvements latéraux. La première étape de l’acquisition de la mastication démarre vers 8-9 mois. Jusqu’à ses 2 ans, l’enfant va utiliser les 2 sortes de mouvements : les mouvements de succion (langue avant/arrière) mais aussi les mouvements de mastication (langue qui pousse sur les côtés).

La mastication «réelle» est acquise dans la 2ème année de vie de l’enfant, c’est à dire qu’à cet âge, les mouvements de succion disparaissent. On observe alors uniquement des mouvements de mastication. C’est aussi l’âge où le biberon est abandonné au profit de la paille ou du verre ordinaire. La bouche devient de plus en plus tonique.

La découverte sensorielle de la bouche du bébé

En parallèle à cet entraînement des mouvements, l’enfant va découvrir de nouveaux goûts et de nouvelles textures. Il va ainsi constituer un répertoire alimentaire qui se remplit au fur et à mesure des expériences aussi bien en aliments/textures non appréciés qu’en aliments/textures aimés. C’est ce qu’on appelle le «panel alimentaire». Le panel évolue tout au long de la vie donc il ne faut pas hésiter à proposer à nouveau les aliments non appréciés.

Pour que l’enfant puisse accepter de nouveaux aliments, il faut qu’on lui en propose. Si l’enfant mange tout le temps la même chose, il n’a pas de raison de varier son alimentation. On peut donc commencer à lui proposer un boudoir ou le quignon de pain dès l’âge de 6 mois.

Comment proposer le pain ou le biscuit ?

On peut proposer un morceau de pain en début de repas pour faire patienter l’enfant ou bien à la fin du repas. On peut aussi proposer le pain en mouillettes pour que l’enfant s’amuse à tremper dans une petite sauce au yaourt ou toute autre chose. Le boudoir sera préféré en fin de goûter. C’est important de proposer des petits aliments croquants et faciles à saisir pour permettre à la bouche de l’enfant de s’entraîner et de s’habituer. L’enfant va découvrir et explorer avec plaisir également d’autres aliments : banane, saucisson, cookie. Tout aliment consommé en famille sera bon à explorer.

L’enfant aura plus de facilité à explorer si l’adulte fait avec lui. L’enfant observe l’adulte et l’imite. L’adulte accompagnera ces découvertes avec un discours chaleureux et une attitude positive en décrivant les caractéristiques de l’aliment, ce que fait l’enfant : «oh dis donc, ça croque sous la dent ! Regarde la petite miette sur ma langue, c’est rigolo ! Oh je vois ta petite langue qui bouge et tes dents qui croquent !» . Le but n’est pas d’être dans le bon/pas bon mais dans la découverte de l’aliment (granuleux, craquant, dur/mou).

L’enfant a des haut-le-cœur en mangeant ces aliments ?

C’est normal car c’est nouveau pour l’enfant. Sa bouche a simplement une réaction sensorielle face à une nouvelle texture. Mais c’est justement en continuant de lui proposer régulièrement ces explorations que les réactions vont disparaître. La bouche s’habituera aux sensations. On dira simplement en rassurant : «oh dis donc, ta bouche a été surprise, tout va bien». Le but est que l’enfant puisse continuer d’explorer sans appréhension, avec plaisir.

Si l’enfant montre :

  • des haut-le cœur répétés pendant le repas
  • des difficultés à passer aux morceaux malgré des propositions variées
  • n’a pas de plaisir à explorer les aliments et à manger
  • un panel alimentaire réduit à quelques aliments seulement

Le médecin traitant pourra, s’il identifie un besoin, orienter l’enfant et ses parents vers un bilan orthophonique pour identifier ou éliminer un trouble alimentaire pédiatrique appelé aussi trouble de l’oralité alimentaire.

Pourquoi l’orthophonie ?

L’orthophoniste proposera à l’enfant et ses parents un temps de bilan afin de comprendre les difficultés et ses origines, d’évaluer les compétences alimentaires de l’enfant et si besoin, proposera des séances de soin.

Les séances se font en étroite collaboration avec les parents qui devront mettre en place des actions au quotidien pour que les repas de leur enfant se passent mieux. Un lien important est également nécessaire avec les lieux de collectivité de l’enfant (crèche, MAM, écoles) pour que tous les acteurs agissent de manière cohérente au moment des repas.

Pour soutenir ses acquisitions, les parents proposeront régulièrement le biscuit ou le pain à leur bébé. Les compétences alimentaires acquises pendant l’enfance lui permettront d’avoir un panel alimentaire varié. Il deviendra l’adulte social de demain en mangeant avec plaisir au restaurant avec ses amis ou lors de voyages, souvent propices à de nouvelles découvertes alimentaires.