Connaître son âge et sa date de naissance, pouvoir répondre à la question « quand ? », estimer une durée, planifier une action dans le temps, ordonner des événements dans la semaine, le mois ou l’année… Savoir se repérer dans le temps est essentiel pour entrer dans les apprentissages; Cette compétence s’apprend par étapes.

Parler du temps

Dès l’âge de 2-3 ans, au moment du coucher, on peut informer l’enfant : « Aujourd’hui c’est vendredi, demain ce sera samedi, tu n’iras pas à la crèche, tu resteras avec Mila et vous irez au parc. » Prévenir l’enfant des événements à venir lui permettra de s’y préparer, cela le sécurisera et favorisera à terme son autonomie.

À partir de 4 ans, on peut lui montrer et lui expliquer le fonctionnement des différents instruments de mesure du temps : sablier, chronomètre, minuteur, réveil, montre, horloge, calendrier, agenda. On regardera où se trouvent ces différents objets dans la maison. Il pourra les manipuler. On lui expliquera en quoi ils sont utiles au quotidien.

Afin de l’aider à différencier une heure d’une minute ou d’une seconde, on trouvera des équivalences dans sa vie quotidienne. On découvrira ensemble qu’une seconde correspond à la durée d’un bisou, qu’une minute est le temps mis pour réchauffer son repas au micro-ondes, qu’une heure correspond à la durée du repas et de la douche. Associer les activités du quotidien à des notions de temps lui permettront de comprendre les durées.

Vers 5-6 ans, on lui expliquera que pour mieux se repérer, les humains ont découpé le temps en jours, semaines, mois et années. À l’aide d’un globe ou d’un simple ballon à faire tourner sur lui-même, on précisera : « Un jour, c’est une journée et une nuit. C’est aussi le temps que met la Terre pour faire un tour complet sur elle-même. » Puis : « Dans une semaine, il y a 7 jours qui reviennent toujours dans le même ordre : lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche. Aujourd’hui nous sommes mardi ! » Et enfin : « Une année dure 12 mois. C’est le temps que met la Terre pour faire un tour complet autour du Soleil. Tu te souviens de la chanson des mois ? Oui ! Janvier, février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre, octobre, novembre et décembre ! » Évoquer avec l’enfant sa date de naissance et ce que signifie son âge (le temps écoulé depuis ce jour si important pour lui).
On peut également donner à l’enfant un vieux calendrier afin qu’il puisse le feuiller et l’observer à sa guise.

Vers 7-8 ans, aider l’enfant à appréhender l’apprentissage de l’heure à l’aide d’outils prévus à cet effet : horloge d’apprentissage ou montres adaptées (avec des aiguilles) Évoquer avec lui des équivalences de durées : « un quart d’heure, c’est pareil que 15 minutes. » On peut également lui expliquer les mots qui évoquent des périodes longues de temps, à combien de temps correspond un siècle, une décennie, un millénaire… enfin, on pourra lui expliquer les mots qui évoquent la fréquence : quotidien, hebdomadaire, mensuel (bimensuel, bimestriel), trimestriel, semestriel, annuel… on cherchera ensemble sur la première page de ses magazines préférés !

Illustrer

Dans la chambre de l’enfant, on pourra afficher des photos de sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Certes, il ne se reconnaîtra pas bébé, mais comprendra que lui aussi a été tout petit et qu’il grandit. On peut lui raconter des événements qu’il a vécus plus jeune en s’appuyant sur des photographies où il apparaît, cela lui permettra de s’approprier le passage du temps.

On pourra également mettre en images le déroulement de sa journée ou de la semaine : on pourra le prendre en photo lorsqu’il prend son petit déjeuner, qu’il s’habille et afficher ces photos dans leur ordre de déroulement, dans un endroit accessible et à sa hauteur. On pourra dessiner ou bien photographier les routines du soir : la douche, le brossage des dents, le pyjama, la lecture d’histoires, le câlin et le coucher. Si l’enfant voit les étapes se succéder, de soir en soir, il lui sera plus facile de les anticiper, de s’y préparer et ainsi d’accepter d’aller se coucher sans frustration ni colère.

Vers 4 ans, l’enfant s’intéresse aux jours de la semaine et aux activités qui la composent. Un semainier sous forme de bande ou de disque agrémenté de dessins ou de photos de ses activités hebdomadaires lui permettra de mieux se repérer. On discutera de sa semaine à venir et on placera des indicateurs (flèches, pinces à linge, trombones) sur les événements particuliers (rendez-vous chez le dentiste, départ en vacances, etc.). Pouvoir anticiper ces événements inhabituels lui permettra de mieux s’y préparer.

Dès 4 ½-5 ans, on peut construire un calendrier linéaire (aussi appelé poutre du temps) : cet outil représente de façon linéaire les 365 jours de l’année, signale les changements de semaines, de mois, de saisons et permet de signaler les événements à venir. On pourra y noter les fêtes importantes célébrées en famille, mais aussi celles vécues à l’école (Halloween, carnaval) et tant attendues par l’enfant. De temps en temps, on peut revenir sur les activités écoulées, se souvenir, observer et constater ensemble le temps passé.

Compter les âges

Compter les âges de chaque personne dans la famille et les comparer lors de chaque anniversaire. L’enfant, dès 4 ans et demi, comprendra qu’il grandit et que ses frères et sœurs aussi… Impossible dès lors de les rattraper !

Dessiner un arbre généalogique en renseignant l’année de naissance de chacun des membres de la famille permet d’évoquer avec l’enfant la notion de « générations ».

Compter le temps

Dès 2 ans et demi, on peut aider l’enfant à percevoir les durées en décomptant à voix haute le temps restant : 5, puis 3, puis 1 minute, et c’est fini ! Il apprendra ainsi à anticiper la fin de l’activité à laquelle il est en train de s’adonner avec passion et à se préparer à en changer sans frustration. Mais attention ! Les minutes qui s’écoulent doivent correspondre à la réalité ; si on lui dit « je reviens dans 5 minutes », cela doit correspondre à 5 vraies minutes. Cette rigueur lui permettra de construire petit à petit des repères temporels fiables.

À partir de 4 ans, on peut s’aider d’un timer pour chronométrer une activité (le brossage de dents par exemple). On peut lui donner la durée comme indication. Jouer avec des sabliers de différentes durées (souvent fournis dans les boîtes de jeux) et les minuteurs (de cuisine ou celui présent sur votre smartphone) pour l’aider à appréhender ces différences. On découvre un sablier d’une minute et on regarde ensemble le temps s’écouler… Cela passe vite ! On pourra comparer ensuite avec un chronomètre ou un minuteur qu’on fixera à 3 minutes… C’est plus long ! Il est important que l’enfant fasse l’expérience d’attendre avec l’adulte afin de ressentir les différentes durées.

Si on lui confie régulièrement des missions de « maître du temps » qui consistent à lui laisser surveiller seul le temps de cuisson des œufs à la coque avec un minuteur ou bien encore celle des pâtes à l’aide de la montre digitale du four… Il adorera endosser cette responsabilité de la plus haute importance.

Dès que l’enfant sait reconnaître les nombres de 0 à 12, on observera avec lui les aiguilles d’une horloge et on lui expliquera que la petite aiguille indique l’heure. Même si cela reste encore très abstrait pour lui, il saisit petit à petit qu’une horloge est un repère. Sitôt qu’il sait bien compter, on dénombrera ensemble les secondes en regardant la trotteuse (l’aiguille la plus longue) courir autour du cadran. On observera ensuite la grande aiguille se déplacer et on lui expliquera qu’elle indique les minutes. Elle paraît immobile et pourtant… on comparera patiemment avec l’enfant son déplacement avec le défilement des chiffres sur une horloge digitale !

Le calendrier de l’Avent reste enfin la façon la plus gourmande de compter le temps, le nombre de fenêtres à ouvrir, et donc de chocolats à dévorer en attendant Noël !

Dehors toute !

Sortir dès qu’on le peut et prendre le temps d’observer avec l’enfant les bourgeons, les fruits sur les arbres, les couleurs du ciel aux différents moments de la journée, les feuilles mortes jonchant le sol… Écouter le chant matinal des oiseaux, le laisser toucher la rosée sur l’herbe, commenter la position du soleil, la taille des ombres, la lune qui croît et décroît, la mer qui monte et descend, percevoir et qualifier avec lui les différents changements de températures au sein d’une même journée…

Si on a la chance d’avoir un extérieur, jardiner avec l’enfant lui offre la chance d’observer les différentes étapes de la croissance d’une plante dans le temps. On peut l’associer à la récolte ainsi qu’aux différentes étapes de la préparation du repas. Au marché, on observera avec lui les étalages et on évoquera ensemble les fruits et légumes de saison.

Écouter également le clocher qui sonne, compter avec lui en rythme et annoncer l’heure. On pourra lui raconter que les cloches sonnaient au temps où les personnes n’avaient pas de montre. Évoquer avec lui le fonctionnement d’un cadran solaire. Observer aussi les bâtiments du quartier : on observera les différences entre les vieilles bâtisses et les plus récentes, visiter les ruines et châteaux de la région.

Enfin, organiser une « chasse au trésor » pour son anniversaire. L’enfant devra alors ordonner, selon une logique de déroulement, des séquences temporelles précises tout en s’amusant et en collaborant avec ses copains !

Le laisser mesurer

Vers 3 ans, on constatera avec l’enfant qu’il grandit : on lui montera ses anciens chaussons ou vêtements de bébé qu’il ne peut plus porter. Si on avait des empreintes de mains ou de pieds, on le laissera toucher du doigt à quel point il a grandi ! Dès 4 ans, il peut s’amuser à se peser régulièrement et constater qu’il est également plus lourd avec le temps.

À intervalles réguliers, on marquera sur une toise la taille des différents membres de la famille. L’enfant remarquera qu’il grandit, tout comme ses frères et sœurs, que mais les adultes, non. On lui expliquera que seuls les enfants et les adolescents grandissent et que la taille des adultes, elle, reste la même… Mais la taille n’est cependant pas pour autant proportionnelle à l’âge. Les adolescents ayant terminé leur croissance sont souvent bien plus grands que leurs parents ! Trouvez des exemples au sein de la famille… De même, les enfants de 5 ans ne mesurent pas tous 1m10 et ne chaussent pas tous du 28, fort heureusement !

Savoir se repérer dans le temps permet à l’enfant de se projeter dans les événements à venir afin de mieux les anticiper : cela le sécurise, favorise son autonomie, limite sa frustration et facilite son entrée dans les apprentissages. Parent, vous êtes la personne la plus à même d’aider votre enfant au quotidien à construire et à s’approprier la notion de temps, patiemment, progressivement, à travers des explications, des expériences, des illustrations, ou encore l’évocation de souvenirs communs.

Pour aller plus loin

Si on souhaite bricoler avec l’enfant pour l’aider à comprendre les cycles du temps, voici deux propositions de bricolage.

Pour rendre cette imbrication du temps plus concrète, on pourra confectionner un long collier de 365 perles de bois de 12 couleurs et de 4 camaïeux différents (un pour chaque saison : soit 3 nuances de bleus pour l’hiver, de verts pour le printemps, de jaunes pour l’été et de marron/orangé pour l’automne.) Ainsi, les 31 premières perles bleu foncé correspondront au mois de janvier, les 28 perles bleu clair suivantes au mois de février, etc.) On pourra alors s’amuser à chercher la bille correspondant au jour présent, à son anniversaire, au début des prochaines vacances, on pourra compter les jours restant jusqu’à la prochaine fête…

Dans la chambre de l’enfant, on pourra construire une frise avec l’arrière d’un vieux papier peint. Elle pourra être composée de photos de sa naissance jusqu’à aujourd’hui. On pourra annoter sur cette frise chacun de ses anniversaires et les grandes étapes de sa vie.