«Mon fils Sacha va avoir 3 ans. Je ne sais pas quoi en penser. Cela permettrait peut-être de l’occuper quand il s’ennuie ?».

Noémie, maman de Sacha

Noémie a entendu dire que les écrans étaient nocifs pour les enfants, mais elle a également remarqué que son fils Sacha est à l’aise avec la tablette ou le téléphone et que cela développe certaines compétences. Elle se demande si une activité sur écran est appropriée à un si jeune âge, ou ce qu’elle pourrait lui proposer comme alternative.

Un écran à 3 ans ?

Les professionnels de santé et de la petite enfance ont beaucoup réfléchi à l’impact des écrans sur le développement des enfants. La règle la plus courante, c’est « pas d’écran avant 3 ans », et surtout pas d’écran en situation passive comme la télévision. Si l’on veut vraiment commencer à initier son enfant aux alentours de ses trois ans, mieux vaut le faire avec des jeux interactifs qui sollicitent une participation de sa part. La télévision doit être éteinte dans le salon car l’attention de l’enfant est monopolisée par les images qui défilent. Et pendant qu’il reste passif devant la télévision, l’enfant ne joue pas.
Le temps d’écran doit être court, moins de 15 minutes par jour à 3 ans, et en présence de l’adulte pour pouvoir en discuter. La tablette, comme toute autre activité, est un support d’échanges avec l’adulte et ne doit pas être une activité solitaire, qui coupe l’enfant de la réalité.

Quant au gain apporté par des jeux ou activités en langue étrangère, ils dépendent de beaucoup de facteurs : la langue est-elle parlée à la maison ? L’enfant a-t-il déjà un niveau de français correct ? Est-ce si ludique que cela ? L’efficacité des applications linguistiques pour enfant n’a pas été démontrée de façon suffisamment claire.

Il faut ensuite se souvenir qu’un enfant agit par imitation, c’est ainsi qu’il grandit. S’il voit que ses parents sont toujours devant un écran (téléphone, télévision, ordinateur), il aura du mal à garder une consommation raisonnable. L’adulte doit donc pouvoir mettre régulièrement de côté ses propres écrans pour être pleinement présent aux besoins de son enfant. Les sollicitations sont nombreuses, elles dispersent l’attention des parents autant que celle des enfants. On peut par exemple décider que pendant le temps du bain, du repas, ou du jeu, le téléphone de papa et maman reste dans une autre pièce. Cela aide à prendre du recul et à profiter des moments précieux qui passent finalement très vite.

Pourquoi les enfants jouent-ils ?

Les enfants connaissent durant les premières années de leur vie un développement extraordinaire de toutes leurs compétences : motrices, sensorielles, intellectuelles, langagières. L’enfant progresse principalement en imitant et en jouant.
Quand un enfant joue, il apprend à faire connaissance avec son corps, avec les différents objets et matériaux qui l’entourent, avec les bruits. Il se familiarise avec les règles de la vie en société (en apprenant à jouer chacun son tour par exemple), il progresse en autonomie, en confiance en lui. Il enrichit son langage. Il construit tout son raisonnement logique et mathématique. Par exemple en transvasant des liquides dans un seau, en alignant des objets par ordre de taille ou par catégorie, il découvre les lois de la physique et crée les bases de ses futurs apprentissages scolaires.
Le jeu est une occupation agréable, mais pour l’enfant c’est bien plus que ça. C’est un travail à temps plein !

Quels jeux proposer à un enfant de 2 à 3 ans ?

Après les découvertes sensorielles de la toute petite enfance et les premiers jeux symboliques, l’enfant de 2 à 3 ans est intéressé par une multitude d’activités. Sa curiosité et son énergie semblent illimitées ! A nous d’en profiter.

À l’extérieur, il est capable de commencer à faire du tricycle, de la draisienne ou du vélo avec des petites roulettes. Il peut aussi sauter, courir, jouer au ballon, faire du toboggan, grimper.

Dans la maison, il va prendre plaisir à jouer avec son entourage et à imiter ; c’est l’âge idéal pour « faire avec » et « faire comme ».

On va profiter des tâches de la vie quotidienne pour partager un moment :

  • préparer le repas (mélanger, malaxer, découper, disposer, éplucher… tout ce qui peut sembler fastidieux à l’adulte est une belle découverte sensorielle pour l’enfant)
  • bricoler
  • jardiner
  • ranger
  • nettoyer

Il est possible d’associer le jeune enfant à ces activités qui peuvent nous paraître répétitives. L’adulte verbalise les actions, propose à l’enfant de l’aider, à sa mesure. Quelle fierté pour un enfant d’avoir préparé des cookies avec sa maman ou aidé à passer l’éponge sur la table ! Sans le savoir, il enrichit toutes ses compétences et découvre le monde.

Les activités manuelles sont également indispensables au bon développement de l’enfant : découpage, collage, coloriage, dessin, peinture, pâte à modeler, enfilage de perles, encastrements et puzzles de plus en plus complexes. Les idées et les supports ne manquent pas. Les enfants gardés en collectivité ont souvent des créneaux dédiés à ces activités manuelles.

Entre 2 et 3 ans

L’enfant connaît une progression langagière stupéfiante. Celle-ci sera renforcée par les histoires que l’adulte lui lit et qui sont des moments câlins très appréciés, mais aussi par les jeux qui permettent de développer l’imagination. On peut lui donner des petits personnages ou des animaux (légo, duplo, playmobil 123) et construire ensemble une histoire. Le jeune enfant aime encore assembler des objets (kapla, légo, cubes) mais il commence aussi à pouvoir mettre du sens et fabriquer un récit, avec le soutien et les encouragements de l’adulte.

Le jeu symbolique

L’enfant a maintenant accès au jeu symbolique, il peut faire semblant. Avec des personnages, avec ses poupées, ses voitures, la dînette, en se déguisant, en soignant ses peluches, en nourrissant son doudou. Le jeu symbolique est un très bon miroir de ce que l’enfant perçoit et vit en famille ou à l’extérieur.
De 2 à 3 ans, c’est aussi l’âge de la découverte des premiers jeux de société. Il en existe de multiples, qu’on peut trouver neufs ou d’occasion, en vide-grenier par exemple. Durant ces jeux, l’enfant apprend à respecter une règle, à suivre un objectif, qui peut être partagé avec son parent : les jeux de coopération sont intéressants car tout le monde peut gagner ou perdre en même temps. Ces moments partagés sont de vrais trésors pour tout le monde. Il existe des lotos, des dominos, des jeux d’assemblage, qui deviendront plus complexes au fur et à mesure que l’enfant grandira.

Si les parents aiment écouter de la musique et chanter, ils peuvent le faire avec le petit de 2 ou 3 ans. L’enfant commence à apprendre le rythme, il retient les mélodies et les paroles (parfois déformées), les comptines lui plaisent et occupent aussi les trajets en voiture. Si les parents ne sont pas à l’aise avec les chansons, ils peuvent utiliser des supports numériques, mais sans donner l’écran à l’enfant qui risque d’être happé par les images au détriment de la musique.

Enfin, l’enfant de trois ans est réceptif au monde qui l’entoure et pose de nombreuses questions, parfois sans répit ! C’est le moment où il va commencer à apprécier une courte visite au muséum d’histoire naturelle, dans un parc animalier, dans un château de chevaliers. Pas besoin d’investir dans des activités coûteuses, le petit enfant peut s’émerveiller devant le moindre petit caillou ou la plus petite plume qu’il croise sur son chemin. Si l’adulte est attentif à cela, l’enfant se sent heureux et valorisé. Il a envie de grandir !

Oui mais je n’aime pas jouer… comment je fais ?

Certains parents n’aiment pas jouer, ils se sentent démunis face aux propositions qu’on leur fait. Dans ce cas, pas de panique. Les activités partagées, quelles qu’elles soient, sont un moment de qualité avec leur enfant, si toutefois l’attention est dirigée vers le moment présent. « Faire avec » est un moment privilégié avec son petit, durant lequel on va parler, échanger sur ce que l’on fait, ce que l’on ressent. Cela crée des souvenirs pour plus tard et cela remplit le réservoir émotionnel de l’enfant…comme celui du parent !

Pour certains parents, le vrai moment de complicité, c’est une histoire lue dans le canapé, après le dîner. Pour d’autres, ce sera un moment de délire où tout le monde danse dans le salon. Pour d’autres encore, ce sera une promenade en forêt à la découverte des plantes et des animaux ou un petit tour au marché.  Chaque parent a ses goûts et ses centres d’intérêt, chaque famille a ses habitudes.

On peut aussi solliciter l’entourage pour les jeux plus formels : papy et mamie, tata, nounou. Certains adultes aiment encore beaucoup jouer !

Noémie a raison de s’interroger sur l’intérêt d’une tablette pour Sacha. Entre 2 et 3 ans, le jeune enfant a encore tout un monde à découvrir et il va le faire par le jeu. Si elle le souhaite, elle peut accompagner son fils en jouant avec lui sur la tablette, moins de 15 minutes par jour. Cela ne sera pas néfaste si le reste de la journée permet de garder un temps de jeux ou d’activités partagées. Le jeu est le moteur du développement de l’enfant, indispensable à sa croissance physique et psychique.