Amandine a 17 ans. Elle fait partie des espoirs nationaux de football féminin. Mais elle craint pour sa carrière. À sa dernière crise, elle est tombée dans les pommes. Depuis elle angoisse terriblement et n’arrive pas à se rassurer.

Qu’est-ce qu’il se passe ?

Quand on respire, nos cordes vocales s’écartent l’une de l’autre pour laisser l’air passer librement. Lorsqu’on prend de l’air (phase inspiratoire), les cordes vocales s’ouvrent largement pour nous permettre de remplir nos poumons confortablement, sans rencontrer d’obstacle. Mais il peut arriver que les cordes vocales se resserrent au moment d’inspirer. Elles se comportent à l’inverse du mouvement naturel, c’est ce que l’on appelle un mouvement paradoxal des cordes vocales.

Que ressent-on ?

La sensation peut aller d’une gêne jusqu’à la panique, car on respire avec grande difficulté. Ça peut même aller jusqu’à l’impression d’étouffer (dyspnée). Les symptômes varient d’une respiration difficile au blocage. La panique peut entraîner une perte de conscience.
La crise peut apparaître progressivement ou brusquement. Elle peut être associée à des difficultés pour parler (dysphonie).

Qu’est-ce que c’est ?

Bien que la description des symptômes y fasse penser, cela n’a rien à voir avec l’asthme qui est causé par les bronches. Ici, c’est le clapet de la glotte (l’espace entre les deux plis vocaux) qui se ferme comme un bouchon, au moment où il devrait s’ouvrir.

Qui est concerné ?

Ce phénomène touche 3 fois plus de femmes que d’hommes. Parmi elles sont plus concernées les jeunes femmes sportives de très bon ou de haut niveau (athlètes). Le problème est que lorsque la première crise arrive, l’état de panique et d’incompréhension est tel qu’il faut savoir comment réagir.

Que faire dans ce cas ?

En premier, le médecin généraliste ou le médecin du sport va demander un diagnostic différentiel. Celui-ci doit éliminer toute cause pneumologique et obstruction ORL. En cas de doute, il doit prendre un avis neurologique.
Pour faire le diagnostic précis, le médecin ORL va réunir des indices tels que les circonstances d’apparition de la crise (brusque ou progressive), son contexte (au moment d’un effort, d’une vive émotion, etc), des symptômes ressentis (respiration bruyante, dysphonie associée, dyspnée, étouffement, etc). Mais parfois le diagnostic n’est pas facile à faire et une mise en situation est nécessaire.

Pouvoir consulter les médecins spécialistes (ORL, pneumologue, neurologue) en centre hospitalier est recommandé.
Les médecins hospitaliers sont habitués aux affections les plus rares (comme l’EILO) et sont équipés en matériel technique pour réaliser des explorations pointues. De plus, dans certains établissements, le travail en équipe inter-services est utile pour poser un diagnostic d’EILO (obstruction du larynx induite par un effort physique). En effet, l’ORL, avec l’accord du patient, va chercher à déclencher la crise pour regarder son larynx en situation d’effort. Alors s’il est possible d’utiliser les machines du plateau technique du service de cardiologie (normalement destinées à mesurer la réponse du cœur à l’effort), la crise pourra être induite. Ainsi le diagnostic sera facilité en passant tous les examens au même endroit et dans la même journée.

Et après le diagnostic ?

Le médecin ORL va procéder à une anamnèse : retracer les événements importants de la vie du patient (médicaux, sociaux, personnels, familiaux…) pour comprendre dans quel contexte ce trouble est apparu. Stress, anxiété, dépression peuvent être des facteurs importants, surtout que la pratique de sport à haut niveau chez les jeunes implique beaucoup de pression. Ensuite, il va vérifier si le patient présente des particularités, des habitudes ou des comportements qui pourraient favoriser les symptômes. Par exemple :
Le reflux gastro-oesophagien
Les effets de certains médicaments
Un manque d’hydratation
L’exposition à des produits toxiques, irritants ou allergènes
Des bronchites ou des affections ORL fréquentes (rhinites, laryngites, sinusites, etc.)
Le médecin pourra proposer des conseils et des traitements médicamenteux pour diminuer les facteurs de risque.

Je ne suis pas sportif et pourtant je ressens des symptômes similaires

Les dysfonctionnements des cordes vocales à l’inspiration peuvent se produire dans le cas :
De paralysie d’une ou des deux cordes vocales (immobilités laryngées)
De toux chronique
Des spasmes laryngées (dysphonies spasmodiques)

Dans ces cas, le diagnostic est plus simple à réaliser. L’accompagnement orthophonique est également recommandé et dans certains cas il peut y avoir des gestes réalisés par le médecin ORL pour soulager les symptômes (injection de toxine botulique par exemple).

Quel est le rôle de l’orthophoniste ?

Tout d’abord, le thérapeute va guider le patient pour identifier les facteurs déclenchants. Il lui proposera des stratégies adaptées à des objectifs réalisables pour diminuer la fréquence des crises.
Ensuite il va l’aider à comprendre les symptômes afin que le patient soit rassuré : il ne s’étouffera pas et ne court aucun risque mortel (on ne meurt pas de cela).
Enfin il va lui apprendre à réaliser des exercices pour ouvrir la glotte (espace entre les cordes vocales), pour contrôler son larynx et pour gérer émotionnellement la crise sans paniquer (techniques de relaxation, de respiration, de pose de voix sur le souffle, etc).
L’orthophoniste accompagne le patient jusqu’à ce qu’il puisse répondre seul efficacement et dans le calme aux crises. Ceci jusqu’à ce qu’elles s’espacent et disparaissent.

En cas de difficultés respiratoires sévères des sportifs au moment de l’effort, le bon diagnostic est très important à obtenir. S’il s’agit d’un EILO (obstruction du larynx induite par un effort physique), l’ORL et l’orthophoniste sont des alliées thérapeutiques incontournables. Il est important de rassurer les patients et de les accompagner pour contrôler, réduire et éliminer les crises.