Les parents de Louise appréhendent un peu. Aura-t-elle mal ? Y aura-t-il une cicatrice ? Aura-t-elle des difficultés à manger? 
À la demande de leur pédiatre, ils ont pris RDV avec un médecin spécialiste ORL (oto-rhino-laryngologiste) qui a parlé d’opérer leur fille. En effet, Louise est tout le temps malade. Elle a des rhumes et des otites qui lui donnent de la fièvre et lui font très mal. Elle respire avec la bouche car elle n’arrive pas à respirer avec le nez.

Qu’appelle-t-on les végétations ?

Ce qu’on appelle «végétations» en langage courant s’appellent plus précisément les «végétations adénoïdes». Ce sont des tissus lymphoïdes, un peu comme des petites éponges qui se situent au carrefour entre la gorge et le nez.
Elles font partie du système immunitaire : elles forment une barrière contre les virus et les microbes (les bactéries). La plupart du temps on ne les voit pas directement en ouvrant la bouche car elles sont cachées tout au fond de la gorge, en haut, derrière le palais mou.

Schéma des végétations

Tout le monde a des végétations ?

Oui, tout le monde a des végétations adénoïdes (mais aussi des amygdales, qui sont une autre sorte de végétations). En règle générale, les végétations se développent la première année. Entre 1 et 3 ans, elles atteignent leur taille maximale puis elles diminuent et sont censées disparaître aux alentours de 10 ans.

Pourquoi doit-on parfois retirer les végétations ?

Chez un certain nombre de personnes, ces petits tissus jouent bien leur rôle de protection contre les microbes, mais il arrive que les végétations finissent par être un peu débordées par le travail à fournir. Elle peuvent grossir (être «hypertrophiées») ou inflammées et infectées. Dans ce cas, non seulement elles ne protègent plus, mais en plus elles gênent la respiration et peuvent propager des microbes à proximité comme, par exemple, vers les oreilles. Quand les végétations sont trop grosses, elles obstruent le passage et empêchent de respirer par le nez. Or, respirer par le nez, c’est ce qui permet de rester en bonne santé. Le nez filtre l’air, le réchauffe, le nettoie. De plus, la respiration nasale est nécessaire à la bonne croissance de tout les os du visage (le massif facial). Quand on respire par le nez, la langue est bien positionnée dans la bouche. Cela permet aux mâchoires de grandir correctement.

Comment savoir si les végétations sont trop grosses ?

C’est le médecin spécialisé en oto-rhino-laryngologie (il s’occupe des maladies de l’oreille, du nez et de la gorge) qui doit donner son avis sur cette question. La plupart du temps, certains signes évoquent de grosses végétations et conduisent à prendre rendez-vous. L’enfant a toujours la bouche ouverte, il est souvent malade, il semble perpétuellement enrhumé, il a des otites moyennes aiguës (douloureuses, avec de la fièvre) ou des otites séreuses (persistance de liquide derrière le tympan, ce qui ne fait généralement pas mal mais diminue l’audition).

Au cours d’une consultation, le médecin ORL va poser des questions aux parents, regarder le carnet de santé et faire un examen clinique. Pour voir les végétations, il va regarder tout au fond de la gorge. Quand l’enfant a la langue tirée et que la tête est un peu en arrière, cela peut parfois suffire pour évaluer leur taille. Parfois, l’ORL va passer une minuscule caméra par le nez de l’enfant (un nasofibroscope, petit tuyau épais comme un spaghetti) et verra les végétations par le haut.

S’il constate que les végétations sont obstructives, c’est-à-dire qu’elles empêchent l’air de passer du nez à la gorge, vers la trachée et les poumons, alors plusieurs solutions sont envisagées : le docteur peut prescrire en première intention un traitement à base de corticoïdes : il s’agit d’un spray que l’on va vaporiser dans le nez de l’enfant tous les jours pendant quelques semaines, avant de faire un contrôle. Dans un deuxième temps, une opération est proposée si le traitement n’a pas suffi. Dans certains cas, l’intervention chirurgicale est la première solution envisagée.

Louise a des végétations «obstructives», que va-t-il se passer ?

Le traitement par corticoïdes n’a pas suffi, elle continue à respirer par la bouche et elle a encore beaucoup d’otites. Le chirurgien va l’opérer dans quelques jours. Louise sera opérée à la clinique en ambulatoire : elle rentrera le matin et sortira dans l’après-midi. Louise sera endormie par un médecin anesthésiste pour cette intervention très rapide. Le chirurgien va gratter les végétations avec un petit instrument chirurgical. Louise sera ensuite emmenée en salle de réveil puis elle retrouvera ses parents.

Quelles sont les suites de l’opération ?

Après le retrait des végétations (une «adénoïdectomie»), il peut parfois y avoir de petits saignements qui vont cesser rapidement. On peut proposer des médicaments contre la douleur mais, en général, c’est une intervention qui ne fait pas mal du tout. L’enfant peut sortir de la clinique trois à quatre heures après l’intervention. Il va rentrer chez lui pour retrouver ses jouets. Les parents n’ont aucun soin particulier à prévoir.

L’opération est-elle définitive ?

Généralement, une seule intervention suffit. Mais les végétations peuvent repousser et dans ce cas, il faudra peut-être retourner au bloc opératoire. Une fois encore, c’est l’évaluation du médecin ORL qui sera déterminante, si les signes reviennent (l’enfant respire à nouveau bouche ouverte, les otites reviennent).

Faut-il un suivi orthophonique après le retrait des végétations ?

En général, un suivi orthophonique n’est pas nécessaire après une adénoïdectomie, mais il arrive que l’enfant ait déjà commencé un suivi ou que l’opération soit effectuée au préalable d’une prise en charge orthophonique. Dans certains cas, c’est l’orthophoniste qui suggère aux parents de prendre rendez-vous chez l’ORL car l’enfant n’arrive pas utiliser correctement son nez.

Les problèmes de respiration, de position de langue, de langage (quand on a des otites à répétition, on entend moins bien et cela peut entraîner un retard pour parler) sont pris en soins par les orthophonistes.
Respirer par le nez est indispensable pour être en bonne santé. Certains enfants n’ont pas mis en place cette respiration nasale parce que l’air ne passait pas bien. Après l’opération des végétations, la plupart du temps la respiration nasale se fait automatiquement mais il faut parfois quelques séances d’orthophonie pour aider l’enfant à automatiser son nouveau fonctionnement, et pour apprendre les bonnes habitudes : diminuer la succion (pouce, tétine, biberon), se moucher régulièrement, bien utiliser son nez et sa langue, avoir une bonne hygiène bucco-dentaire.

L’opération des végétations ou adénoïdectomie est une intervention pratiquée très régulièrement par les ORL : cela permet de restaurer un trajet de l’air de bonne qualité. Parfois le résultat est spectaculaire : l’enfant est moins fatigué (on est mieux oxygéné quand on dort bouche fermée), il mange mieux, n’a plus de rhinite chronique. Parfois les effets semblent plus discrets, mais le bénéfice se voit à long terme : avec une respiration nasale, on aide la croissance de tout le visage et on améliore sa santé.