Le frein de langue, qu’est-ce que c’est ?

Le frein de langue est une membrane très sensible qui relie la face inférieure de la langue au plancher buccal (partie basse de la bouche). Parfois, sa taille ou sa forme limitent les mouvements de la langue et on parle alors de « frein de langue court ».
Un frein lingual court est une anomalie génétique qui touche 4 à 10% de la population et qui se retrouve principalement chez les garçons.

Le frein est considéré comme « court » lorsqu’il est impossible de venir toucher l’arrière des dents du haut avec la langue en ayant la bouche ouverte ou lorsque l’enfant ne peut pas tirer la langue au-delà de sa mâchoire inférieure. Quand il essaie de tirer la langue, elle est plutôt « plate » ou « en cœur ».

Quelles sont les conséquences du frein de langue court chez le nourrisson ?

Si l’allaitement de votre enfant ne se passe pas comme prévu et si vous présentez des douleurs importantes ou des crevasses au sein, cela doit vous alerter sur l’éventualité d’un frein de langue court. Si les tétées sont particulièrement longues, si votre nourrisson pleure beaucoup, ne prend pas de poids, a du reflux, des coliques ou de l’aérophagie, cela doit également vous alerter.

Parfois dès la naissance, à la maternité, ce frein court est diagnostiqué et sectionné. Mais dans quelques cas, il n’est diagnostiqué que quelques mois après, suite aux difficultés rencontrées dans l’allaitement. C’est alors votre pédiatre, médecin généraliste, ORL ou stomatologue qui réalise un examen buccal et qui pose ensuite le diagnostic. Toutefois, une intervention sur le frein n’est pas systématiquement décidée et un accompagnement dans l’allaitement peut être proposé. Si aucune amélioration n’est perceptible, une frénectomie est réalisée : on sectionne le frein aux ciseaux ou au laser. Cela dépend de la forme et de l’âge de l’enfant, nécessitant parfois une anesthésie générale. Cette intervention est très peu douloureuse et permettra à votre nourrisson d’acquérir naturellement une succion efficace.

Et si je n’ai jamais entendu parler de tout cela avant, comment je peux suspecter un frein de langue court chez mon enfant de 3-6 ans ?

Tout d’abord, un frein de langue court peut être responsable de troubles articulatoires chez l’enfant. En effet, ce frein peut empêcher la formation d’une belle pointe de langue, nécessaire à la prononciation des sons t/d/n/l/s/z.
Chez certains enfants présentant un frein de langue court, on ne constatera pas de troubles articulatoires. Parfois, les muscles ont appris à compenser les mouvements de la langue réduits par le frein.

La langue contribue au bon développement de la face. Mais lorsque le frein est trop court, cette langue est bloquée dans la partie basse de la bouche. Cela entraîne alors divers troubles orthodontiques ou dentaires chez les enfants : des problèmes de positionnement des dents ou de la mâchoire, des caries ou encore un palais trop étroit.

Le frein de langue court va également avoir un impact sur la manière dont se positionne la langue dans la bouche lorsqu’on avale sa salive, des liquides ou des solides. La langue est restreinte dans ses mouvements, elle va alors exercer une pression vers l’avant (et donc sur les dents) pendant la déglutition (quand on avale sa salive, des liquides et des solides). Ce mouvement de langue lorsqu’on avale est tout à fait normal chez les enfants jusqu’à l’âge de 6/8 ans, mais devient ensuite pathologique. Un frein de langue court obligera l’enfant à garder une déglutition de nourrisson.
Il ne pourra pas acquérir seul sa déglutition d’adulte qui consiste à exercer une pression de la langue sur le palais lorsqu’on avale.

Un enfant chez qui l’on suspecte un frein de langue court aura également tendance à beaucoup respirer par la bouche, pourra avoir un sommeil agité (sueurs nocturnes, ronflements, bouche sèche). Il se sentira fatigué la journée et pourra difficilement se concentrer à l’école. Ce sont des enfants qui feront également beaucoup d’infections ORL à répétition (rhinites, rhinopharyngites).

Concernant l’alimentation, ces enfants présenteront des difficultés de mastication notamment sur des morceaux durs (pain dur, viande, légumes crus) et seront particulièrement lents à table ou au contraire très rapides (s’ils ne mastiquent pas et « avalent tout rond »). Ils pourront également rencontrer des difficultés pour lécher une glace et auront la bouche sale à la fin des repas, sans possibilité de s’essuyer le contour de la bouche avec la langue.

Plus tard, votre adolescent se plaindra peut-être aussi de ne pas pouvoir embrasser avec la langue ou n’osera pas vous le dire…

Dans l’ensemble de ces cas, il est conseillé de réaliser un bilan complet auprès d’un médecin ORL, stomatologue ou chirurgien maxillo-facial. Ce bilan sera couplé à un bilan orthophonique et orthodontique. À l’issue de ces bilans, le diagnostic de frein de langue court sera alors posé, ou non.

Que va-t-il se passer pour mon enfant chez qui on vient de diagnostiquer un frein de langue court ?

Suite à la pose du diagnostic, une rééducation orthophonique peut parfois être envisagée en premier. Cette décision est prise lorsque le frein est dans un entre-deux et qu’une rééducation linguale peut éventuellement permettre un allongement du frein.

Dans les autres cas, une chirurgie vous sera proposée : certains chirurgiens pratiqueront une frénectomie (section du frein), d’autres une plastie d’allongement lingual (allongement du frein). Cela dépend de la technique du professionnel et de la longueur du frein.
À la suite de la chirurgie, une brève rééducation orthophonique est fortement conseillée pour aider l’enfant à se réapproprier sa langue en bouche.

Que faire à la maison en attendant le RDV chez l’orthophoniste ?

– Ouvrir grand la bouche et claquer la langue. La langue doit faire un effet ventouse avec le palais et claquer fortement.
– Tirer la langue le plus loin possible en faisant une belle pointe.
– Balayer le palais d’avant en arrière lentement avec la langue en maintenant la bouche grande ouverte.
– Toujours avec la bouche grande ouverte, mettre la pointe de la langue derrière les dents du haut.