Le langage, ce n’est pas que parler. Le langage, c’est aussi comprendre et communiquer.

La compréhension

La compréhension est très importante. Un enfant qui ne comprend pas aura beaucoup de mal à développer son langage. Et c’est pareil pour nous adultes ! Par exemple, nous décidons d’aller en Russie pour apprendre le russe. Si les habitants nous parlent sans simplifier leur langage, nous aurons des difficultés de compréhension. Il est donc essentiel d’observer le niveau de compréhension de notre enfant et de simplifier notre langage si on remarque des difficultés. Attention, on peut souvent penser que l’enfant comprend très bien quand il répond facilement à toutes les demandes à la maison. Mais le quotidien est constitué de beaucoup de rituels. Ces habitudes permettent aux enfants de savoir quoi faire au bon moment, même s’ils comprennent mal le langage. Un enfant a besoin d’entendre 13 fois un mot pour le comprendre et 27 fois s’il a des difficultés de développement du langage.

L’envie de communiquer

Pour pouvoir parler, il faut avoir envie et besoin de communiquer. Le bébé communique d’abord par ses mouvements et ses pleurs. À travers son regard et ses sourires, il entre aussi en communication avec l’adulte. Petit à petit, le langage devient l’outil le plus efficace pour communiquer. Mais l’enfant doit avoir besoin de l’utiliser. Si on devance toutes ses demandes, il n’aura pas besoin de développer son langage pour obtenir ce qu’il veut. Continuez de le laisser exprimer ses besoins pour qu’il ressente la nécessité d’utiliser le langage. Lorsque l’enfant ne parle pas encore, il faut être attentif à ses tentatives de communication non-verbale (regard, gestes, vocalisations) et y répondre. Cela stimule son envie de communiquer car il se sent compris. C’est aussi le moment idéal pour enrichir son langage. Par exemple, l’enfant demande son verre d’eau avec des cris et des gestes, on peut reprendre sa demande et lui dire : « tu veux boire mon chéri ? ».
L’enfant a besoin d’entendre, en moyenne, 24 fois un mot pour pouvoir le produire et 49 fois s’il a des difficultés de développement du langage.

Les compétences de base

Comme un ouvrier sans ses outils ne pourrait pas travailler, sans ces compétences, l’enfant ne peut pas communiquer et développer son langage. Ces compétences, appelées « compétences socles », peuvent s’observer facilement et seront la priorité en termes d’objectifs si des difficultés sont observées. Cherchons avant tout à soutenir leur acquisition avant de vouloir que l’enfant développe son langage.

Parmi les compétences socles, on retrouve :

  • l’envie de communiquer
  • le partage et le maintien du regard
  • l’écoute (porter attention aux bruits, répondre à son prénom, être attentif à la voix)
  • la capacité de faire attention à quelque chose en même temps que quelqu’un d’autre, c’est ce qu’on appelle « l’attention conjointe »
  • l’imitation de gestes, de bruits, de sons du langage puis de mots
  • pointer du doigt un objet pour le demander ou partager son intérêt : le pointage
  • pouvoir faire une action chacun son tour : le tour de rôle

Quel professionnel consulter ?

En cas de doute concernant le développement du langage, la première étape est de vérifier l’audition de l’enfant chez un ORL. Une fois l’audition contrôlée, l’orthophoniste est le professionnel indiqué pour faire le point sur le développement du langage. Pour consulter, vous devez d’abord passer chez votre médecin généraliste ou votre pédiatre afin d’obtenir une ordonnance. Vous pouvez également vous rendre à la PMI (Protection Maternelle Infantile).

Il existe encore des idées reçues sur la prise en soins orthophonique des enfants de moins de 3 ans. L’orthophonie se pratique le plus tôt possible en cas de besoin. Plus l’intervention est précoce, meilleures sont les perspectives d’évolution. N’attendez pas l’entrée à l’école pour consulter un orthophoniste.

Quelques stratégies à appliquer

Si votre enfant a du mal à comprendre, articule difficilement, utilise très peu de mots et construit mal ses phrases : par où commencer ?

Avant tout, on va adapter notre niveau de langage au niveau de compréhension de l’enfant. S’il montre des difficultés pour comprendre : on peut répéter, simplifier, reformuler, parler plus lentement, faire des phrases courtes, utiliser des gestes.

S’il ne possède que quelques mots de vocabulaire, il ne pourra pas vous répondre quand vous lui demandez « c’est quoi ça ? » ou « qu’est-ce que tu as fait à l’école ? ». L’adulte dénomme et explique les choses pour l’enfant.

Si l’enfant articule mal, lui redonner le bon modèle en accentuant l’articulation l’aide beaucoup. L’idéal est de se mettre à sa hauteur pour qu’il voit le placement de nos lèvres, nos dents et notre langue.
Exemple : l’enfant dit « une wature », on lui répète « oui ! c’est une VVVoiture »

Comme pour l’articulation, si l’enfant fait des erreurs en utilisant des mots ou en formulant des phrases, on lui redonne le bon modèle sans le faire répéter.
Exemple : l’enfant dit « papa jouets ranger », on reprend en disant « ah, ton papa range tes jouets ! »

On ajoute de l’information au langage de l’enfant pour stimuler son développement.
Exemple : l’enfant dit « le chat boit », on reprend en disant « oui ! Le chat gris boit du lait »

En général

On valorise l’enfant dès qu’il fait des tentatives de communication via le langage. On lui répond pour le motiver à continuer à essayer de parler malgré ses difficultés.
Pour pouvoir développer le langage, l’enfant doit d’abord avoir de bonnes compétences socles. Il doit aussi avoir développé une bonne compréhension. Enfin, il doit montrer une véritable volonté de communiquer. Si les bases sont bien posées, c’est ensuite à travers les interactions quotidiennes que l’enfant trouvera des milliers d’occasions de développer son langage. Grâce au langage des adultes qui l’entourent et aussi celui des enfants, il améliorera sa compréhension, apprendra de nouveaux mots et développera sa capacité à faire des phrases. À travers le langage, l’enfant développera petit à petit sa pensée, il pourra « se parler dans sa tête ». On comprend donc le rôle primordial du langage en tant que base des apprentissages, car il permet d’interagir, de communiquer et de réfléchir.

À 3 ans, un enfant comprend le langage, échange avec ses parents et discute avec d’autres enfants. Il peut encore avoir quelques sons difficilement prononcés (exemple : le R) mais son entourage le comprend facilement. Si le niveau de langage de votre enfant ne lui permet pas d’interagir correctement avec son environnement, ou qu’il ne progresse pas, consultez votre médecin qui vous orientera chez l’orthophoniste. Un bilan de langage oral sera réalisé pour évaluer ses compétences et ses difficultés. Cela permettra de déterminer la nécessité ou non d’une prise en soins.