Y a-t-il forcément des conséquences sur la dentition ? Les conséquences ne portent-elles que sur les dents ?
La maman d’Adèle a pris conscience que la tétine de sa fille était devenu un problème quand elle l’a emmenée à la consultation gratuite M’T dents chez la dentiste pour ses 6 ans. La dentiste a sensibilisé Adèle sur la position des dents et sur toutes les conséquences du développement de son visage.

Habitudes de succion, jusqu’à quand ?

La succion, c’est avant tout un réflexe naturel. Il est donc inné et fort. Déjà in utero on peut observer la succion du fœtus. Le nouveau-né conserve ce besoin jusqu’à ses 6 mois. En plus d’être un moyen de s’alimenter, le réflexe de succion fait partie du développement et deviendra par la suite un moyen pour se rassurer, se consoler, se calmer. Ce besoin est différent selon les bébés.
Si certains prennent leur pouce rapidement ou tètent leur doudou, d’autres se tourneront vers la tétine.

L’entrée en petite section marque traditionnellement la fin de cette succion. L’enfant se débarrasse doucement de la tétine, du pouce, du doudou à sucer, du biberon ou de tout substitut à sucer. Toutes les dents de lait sont apparues, l’enfant positionne sa langue sur le palais quand elle est au repos.
L’articulation et la production des sons du langage sont stables à partir de 5 ans.
Une succion de substitution peut avoir des conséquences sur l’articulé dentaire. Plus on repousse l’arrêt, plus on sera face à une difficulté pour arrêter cette habitude. L’enfant peut devenir dépendant si cette habitude perdure.

Impact sur la respiration

Un enfant qui tète un pouce ou une tétine favorise une respiration par la bouche (buccale). Hors, la respiration naturelle est nasale (par le nez). Le travail du nez est important, il permet de réchauffer l’air inspiré. Il sert de filtre contre les microbes et limite les maladies fréquentes du tout-petit. (angines, otites, rhinopharyngiques, laryngites). La respiration par la bouche facilite l’accès au corps pour les microbes.
Si la langue ne touche pas le palais, on dit qu’elle a une posture de langue basse (vers les dents du bas). Si le palais est trop étroit, la base du nez ne se développe pas et la respiration nasale sera difficile. Les conduits du nez seront trop étroits pour laisser l’air passer. Il faudra vérifier si les lèvres se ferment et sont en contact, quand la bouche est au repos. Si l’enfant utilise sa bouche pour respirer, le cercle vicieux est enclenché.

Impact sur le développement du visage

La langue se met en position basse et perturbe la croissance du palais et entraîne ainsi une mauvaise position dentaire. Si la langue n’est plus au contact du palais, elle ne participe plus à son développement. On observe donc un palais creux et étroit avec une mâchoire trop petite.

Impact sur les dents

Un bon équilibre de la bouche entre les joues, la langue, le palais et les lèvres aide à la bonne position des dents.
Les forces de la bouche ne sont pas équilibrées si l’enfant conserve le pouce ou la tétine. Cela entraîne une déformation de la mâchoire et du palais. Si la langue reste en position basse, elle ne peut pas pousser sur le palais et l’aplatir comme de la pâte à tarte pour l’agrandir. Les dents définitives n’ont pas assez de place pour pousser harmonieusement les unes à côté des autres. Elles vont manquer de place. Elles vont se chevaucher et donc créer une mauvaise position dentaire. Le palais et la mâchoire ne seront pas assez élargis.

Impact sur le sommeil

Si la langue ne touche pas le palais quand l’enfant dort, elle n’a pas de point d’appui. Une langue basse est dite « hypotonique », c’est à dire qu’elle manque de force et de tonicité. Elle va reculer au fond de la gorge pendant le sommeil et réduire ou bloquer la respiration. L’air ne passe plus, l’enfant va alors avoir des épisodes d’apnée du sommeil. Les ronflements ou respiration forte sont présents chez les enfants ayant recours à une tétine, un doudou ou un pouce. L’apnée est parfois appelée « obstrusive ». C’est à dire que la langue bloque complètement le flux d’air et l’enfant ne respire plus. Le cœur va accélérer et déclencher un micro-réveil. Cet épisode se reproduit plusieurs fois par nuit. Parfois jusqu’à plusieurs dizaines de fois par heure. Le sommeil n’est donc plus réparateur. L’enfant ne se repose pas. Il souffre d’un manque d’air toutes les nuits.

Impact sur la déglutition

L’enfant qui place mal sa langue va souvent avaler en têtant. Il va propulser la langue vers l’avant pour chercher un appui sur les lèvres et les dents. La déglutition sera dite «primaire» car elle n’est plus adaptée pour son âge. Le biberon maintient cette habitude de succion. L’enfant consomme du lait de croissance jusqu’à ses 3 ans mais à partir de 9 mois il peut le boire avec une tasse à bec. D’autres contenants pour boire son lait existent. À 18 mois, il peut boire comme un adulte.

Impact sur l’articulation

L’enfant qui place mal sa langue au repos utilisera les mêmes postures pour prononcer les sons. Il peut produire des sons mal articulés.
La langue en position basse va induire des postures inadaptées pour l’articulation.

Comment arrêter ?

La maman d’Adèle a décidé de mettre fin à cette utilisation de la tétine qui est devenue une habitude addictive pour sa fille. Adèle va devoir réduire progressivement son utilisation. Elle a d’abord arrêté l’utilisation dans la voiture et les transports en commun. La maman d’Adèle a jeté la tétine qu’elle avait dans son sac à main. Adèle n’a plus qu’une seule tétine. Elle l’utilise lors de la phase d’endormissement dans le lit. Sa maman repasse dans la chambre pour lui enlever pour la nuit, lorsqu’Adèle est endormie.

« J’ai eu beaucoup de difficultés à me faire à l’idée mais Adèle a finalement arrêté en quelques jours. Nous avons préparé ce moment avec sérénité, sans stress. Nous avions décidé d’un moment ou elle n’aurait pas de stress extérieur. Adèle a pleuré car elle avait peur du manque. »

Si l’enfant respire par la bouche : qui consulter ?

L’ORL vérifiera s’il y a une obstruction nasale ainsi que le volume des végétations adénoidiennes et le volume des amygdales. Il pourra prescrire un traitement préventif pour dégager les voies respiratoires. 
Si la respiration buccale reste en place, le traitement orthodontique sera plus long et plus difficile avec des corrections dentaires instables.
L’orthodontiste, quant à lui, pourra établir un diagnostic à l’aide de moulage, de radios afin d’étudier la déglutition de l’enfant. S’il voit une déglutition primaire, il va orienter vers un orthophoniste car il existe un risque que l’appareil bouge. La rééducation de la posture linguale sera associée ou différée avec le port d’un appareil orthodontique.

La consultation chez l’orthophoniste sera dépendante des habitudes de succion.
L’orthophoniste pourra modifier l’articulation, la déglutition, la respiration, grâce à la posture de la langue. Il faudra attendre que l’enfant se débarrasse de ses habitudes avant de consulter un orthophoniste. Cela évitera que la prise en soins ne s’éternise et que l’enfant se démotive. L’enfant doit se débarrasser de ses habitudes de succion avant de consulter un orthophoniste.

Pour ne pas perdre de temps, l’accompagnement de l’enfant doit respecter son rythme pour mettre fin à cette habitude de succion. Il faudra également choisir le bon moment pour commencer le sevrage sur une période stable. Les parents et l’enfant pourront discuter et décider, conjointement du bon moment pour proposer un arrêt à cette succion addictive. Dans les moments de manque, les parents pourront proposer un temps de câlin, la lecture d’une histoire. L’enfant pourra également remplir un tableau avec gommettes à coller chaque jour sans tétine ou sans pouce. Des livres traitant du sujet sont également édités pour aider l’enfant à se débarrasser de cette habitude.