De manière soudaine ou graduelle, une surdité peut se dégrader. La communication orale devient alors très compliquée. Si des appareils auditifs classiques ne parviennent plus à compenser la perte auditive, alors la qualité de vie entière de la personne est atteinte.
Pour un niveau de surdité « profonde et/ou sévère », si c’est l’oreille interne (la cochlée) qui est atteinte mais que le circuit nerveux de l’audition (du nerf auditif au cerveau) fonctionne bien, l’implant cochléaire peut être une solution.

Qu’est-ce qu’un implant cochléaire ?

C’est un dispositif médical né de la recherche sur l’électro-acoustique durant la deuxième moitié du XXe siècle dans plusieurs pays du monde (France, USA, Australie, Autriche). Ces recherches ont abouti à des appareils de plus en plus perfectionnés et miniaturisés depuis les années 1980-1990.

Cet appareillage est constitué de deux parties :

La partie interne est l’implant cochléaire lui-même. C’est un petit boîtier biocompatible avec un aimant, placé sous la peau et relié à l’oreille interne (la cochlée). Des électrodes qui envoient les informations y sont insérées. Cet implant est installé par le chirurgien ORL (le plus souvent en ambulatoire, sans nuit à l’hôpital). Cette partie interne est destinée à rester en place sans limite de temps.

La partie externe est constituée de micros et d’un processeur électronique. Elle est placée autour du pavillon de l’oreille. Elle est reliée à une antenne avec un aimant qui permet la connexion à la partie interne, de chaque côté de la peau. Il existe aussi des modèles tout-en-un réunissant tous les éléments (microprocesseur, aimant et antenne) en un seul boitier placé sur l’aimant de la partie interne. Cette partie externe est portée toute la journée, comme des lunettes, et chargée la nuit, tout comme un appareil auditif classique.

Quelles sont les étapes d’une implantation cochléaire ?

La proposition d’une implantation est le plus souvent émise par un médecin ORL qui oriente son patient sourd vers un centre d’implantation, situé dans un hôpital (il y en a au moins un dans chaque région de France).

Ce centre va faire les différents examens et consultations nécessaires pour décider de la possibilité et de l’intérêt d’une implantation pour chaque patient. Ce processus prend en moyenne plusieurs mois (il peut être réduit en cas d’urgence). Si l’implantation est possible médicalement, souhaitable pour le patient dans sa vie quotidienne et que le patient est d’accord après avoir été pleinement informé de tous les enjeux et contraintes, alors le processus est programmé.

La chirurgie consiste à mettre en place la partie interne. Quelques jours à quelques semaines après la partie externe va être activée. Le régleur utilise les informations de réglage mesurées en salle d’opération lors de l’implantation. Le niveau de stimulation est faible pour que le patient s’habitue à la nouvelle modalité de perception des sons. Au départ, les porteurs décrivent des sons métalliques, ou robotiques, mais très rapidement cette impression disparaît.
Graduellement, les réglages vont permettre d’amplifier le signal transmis, sur mesure, en fonction des sensations que décrit le patient. Les réglages sont rapprochés au départ, mais vont s’espacer peu à peu au fur et à mesure que le patient perçoit mieux et atteint des niveaux stables.

Lors de chaque séance de réglages (faits par un audioprothésiste, orthophoniste ou ingénieur), le patient consulte également un orthophoniste pour faire le point sur la communication en général et sur les éventuelles difficultés logistiques. Le patient va effectuer des tests de perception de la parole et recevoir des conseils. L’orthophoniste du centre d’implantation est en contact avec l’orthophoniste qui fait la rééducation pour coordonner les soins. L’adaptation est un long processus.

Parallèlement, la rééducation orthophonique (le plus souvent en libéral) va permettre au patient d’intégrer le message auditif transmis par l’implant. D’abord pour discriminer des bruits et des rythmes, puis reconnaître différentes fréquences, différents sons et voix, puis reconnaître peu à peu des syllabes, des mots et des phrases, dans différents environnements et même des paroles enregistrées ou au téléphone. Cette rééducation orthophonique est indispensable pour bien intégrer la connaissance des sons du patient à la nouvelle perception que va permettre l’implant cochléaire. D’abord intensive (deux à trois fois par semaine), la rééducation dure de plusieurs mois à plusieurs années selon l’évolution du patient et de ses besoins, et le rythme des séances évolue également.

La rééducation orthophonique peut même commencer avant l’implantation pour améliorer la lecture labiale et intégrer des habitudes qui facilitent la communication orale au quotidien (comme dans le cas d’une presbyacousie, surdité avec un appareillage classique).

Quels bénéfices attendre d’un implant cochléaire ?

Une personne implantée peut-elle à nouveau téléphoner, aller au cinéma, écouter un concert ?
Il n’y a pas deux résultats identiques.
La grande majorité des patients implantés réussit au bout d’un an à comprendre la parole dans la plupart des situations de la vie courante. Il est alors possible d’apprécier de nouveaux la musique et parfois à localiser l’origine des sons, la compréhension des échanges redevient toujours bonne dans le calme mais souvent moins dans le bruit. Pour certains, la musique redevient un plaisir en général ou pour certains types de musiques. Pour d’autres, certaines voix sont mieux comprises que d’autres. Les sensations varient aussi selon les environnements. La conversation téléphonique redevient très souvent possible, au moins avec les personnes connues. Il n’y a pas deux parcours identiques, mais chaque patient implanté va pouvoir entendre et comprendre la parole courante pourvu qu’il suive bien le processus de réglages et de rééducation.

Les limites classiques de l’audition avec un implant sont la compréhension dans des espaces qui résonnent, dans le bruit irrégulier et en particulier dans le brouhaha (restaurant bruyant, grande tablée, plusieurs personnes parlant en même temps). Des réglages supplémentaires peuvent être installés selon les besoins de chacun et des accessoires sont possibles : programme dans le bruit, micro directionnel, micro de table, connexion Bluetooth, boucle magnétique, etc. Il est même possible de se baigner avec l’installation d’un kit étanche.
Les performances sont toutes différentes selon les patients et elles continuent d’évoluer au cours de la vie du patient.

Puis-je avoir un implant cochléaire de chaque côté ?

Il peut n’y avoir qu’une oreille implantée, soit parce que l’oreille controlatérale (opposée) entend encore assez bien avec un appareil classique, soit parce qu’un seul côté est implantable (si l’oreille controlatérale ne peut plus bénéficier d’un implant).

L’implantation cochléaire bilatérale est possible, en une fois (chirurgie simultanée pour les deux oreilles) ou successivement. Tout dépend des résultats et de l’évolution de chaque oreille. En général, on implante d’abord l’oreille qui entend le moins bien pour préserver les perceptions qui existent encore.

Puis-je continuer à entendre naturellement avec l’oreille implantée ?

Une oreille n’est implantée que si elle est très sourde (surdité profonde ou sévère), elle n’est donc plus capable de comprendre la parole et la quasi-totalité des sons ne sont plus perçus. Une fois implanté, lorsque l’implant est désactivé (processeur retiré ou éteint), il n’y a alors quasiment plus de restes auditifs à cause de l’insertion du faisceau d’électrodes dans l’oreille interne.

Comment est choisi le modèle d’implant cochléaire qui est posé ?

C’est l’équipe hospitalière qui décide avec le patient du modèle qui va être implanté, selon des considérations chirurgicales et technologiques. Actuellement trois marques d’implants sont installées en France, qui ont des performances techniques excellentes et équivalentes entre elles :

  • Advanced-Bionics (USA-Suisse)
  • Cochlear (Australie
  • Med-El (Autriche)

Le fabricant Neurelec-Oticon (français puis danois) a été récemment racheté par Cochlear, mais les implants déjà en place continuent à fonctionner et à être réglés.
Le patient peut bien évidemment donner son avis à partir des possibilités exposées, l’équipe conseille avec les données de son expérience et le patient choisit la forme et la couleur du processeur.

Combien de temps fonctionne la partie interne d’un implant cochléaire ?

L’implant est posé sans limite de durée et seule la partie externe est régulièrement changée pour un processeur éventuellement plus récent. Les personnes les plus anciennement implantées le sont depuis 30 ans parfois. Certaines ont toujours le même implant et les processeurs successifs (partie externe) s’adaptent à ce modèle. Si,avec le temps, l’implant se dégrade ou tombe en panne, alors une chirurgie d’explantation/réimplantation est possible.

Combien coûte un implant cochléaire en France ?

L’implant (parties interne et externe), les examens d’imagerie et de biologie, la chirurgie et toutes les interventions de professionnels de santé (dont l’orthophonie) sont pris en charge par l’Assurance Maladie. La partie interne (implant) coûte 16.000 euros, et la partie externe (processeur) 6.000 euros.

L’Assurance maladie prend aussi en charge le renouvellement de la partie externe tous les 7 ans, afin de bénéficier d’un appareil neuf (contre l’usure naturelle, puisqu’il est porté tous les jours) qui intègre les améliorations technologiques.
En outre, des forfaits sont prévus par la sécurité sociale pour la prise en charge des autres dépenses liées à l’implant : remplacement ou équipement d’accessoires, et remplacement des batteries.
L’implant et le processeur sont aussi garantis par leur fabricant (10 et 5 ans minimum). Seule l’assurance de l’implant est à la charge du patient (environ 180 euros par an actuellement, contre la casse, la perte ou les pannes hors garantie).

Est-ce que le port d’un implant interdit certaine activités ?

Comme pour tout appareil sensible, il faut d’abord prendre soin de son processeur au quotidien (déshumidificateur, charge de la batterie, changement des filtres-micros), et éviter de l’exposer à l’humidité (douche, pluie, transpiration excessive) ou la chaleur excessive (sauna, hammam).

Il faut éviter les chocs sur le crâne qui risquent de déplacer ou casser la partie interne de l’implant. Ainsi, on ne peut plus pratiquer de sport violent (boxe, lutte, etc.) ni de plongée sous-marine (risque avec la pression). Et il faut porter un casque pour les activités à risque de chute sur la tête : VTT, équitation, moto, etc. Le port d’un casque peut être compliqué avec le processeur. On peut passer les portiques de sécurité (aéroports et lieux sensibles) avec une carte de porteur d’implant.

On peut aussi désormais passer un examen par IRM en signalant le port de l’implant et son modèle afin de mettre en place des aménagements spécifiques.

Un implant peut être posé à tout âge : depuis un enfant sourd profond de quelques mois afin qu’il acquière la parole le plus naturellement possible, jusqu’à une personne âgée qui devient sourde profonde. L’orthophoniste intervient à tous les âges pour le suivi et la rééducation.
Un implant ne peut plus être efficace sur une oreille qui n’aurait plus du tout entendu depuis de nombreuses années, on peut dire que le cerveau va finir par « oublier » cette oreille et de manière irréversible.

L’intérêt de l’implantation est mesuré par l’équipe hospitalière en fonction des données médicales (intégrité et évolution du circuit nerveux de l’audition) et de l’histoire de la surdité du patient, mais aussi du bénéfice à attendre qui dépend de la vie sociale, des capacités cognitives et de l’environnement du patient.

Sites de référence pour des informations sur l’implant cochléaire

Association de patients :
CISIC (www.cisic.fr )
ANIC (www.association-anic.fr )
ARDDS (http://www.ardds.org )
API (www.api-asso.fr )
Fondation pour l’audition (www.fondationpourlaudition.org )
Portail national de la surdité (www.surdi.info )
Assurance maladie (www.ameli.fr/assure/sante/themes/perte-acuite-auditive )