Yasmine, 32 ans, trouve qu’elle a du mal à lire vite et fait beaucoup de fautes d’orthographe. Elle se demande si un orthophoniste pourrait l’aider à s’améliorer.

L’histoire de Yasmine

Depuis qu’elle est enfant, Yasmine a toujours eu du mal avec le français : à l’école primaire, elle faisait des erreurs de lecture, lisait lentement et son orthographe était mauvaise. Elle hésitait sur les conjugaisons et ne savait jamais comment écrire un verbe, se demandait s’il y avait un T ou 2 T à « carotte ». C’était un peu mieux au collège et au lycée mais elle travaillait plus que ses amis pour des résultats peu satisfaisants.

Son quotidien

Aujourd’hui encore, sa lecture est un peu lente, elle bute sur les mots nouveaux, confond le « b » et le « d » les jours où elle est fatiguée ou inverse des lettres. Parfois, elle a du mal à comprendre ce qu’elle lit et doit relire le texte pour bien le comprendre. Son orthographe est laborieuse : elle fait encore trop de fautes, ne sait toujours pas bien conjuguer les verbes.

Elle a mis en place des stratégies pour faire moins de fautes : par exemple, quand elle hésite sur un mot, elle l’écrit de 2 façons différentes pour trouver la bonne, elle essaie de se souvenir des règles de grammaire et des conjugaisons qu’on lui a apprises quand elle était enfant (par exemple, on met « a » quand on peut dire « avait »). Mais cela lui prend beaucoup de temps et d’énergie et ne fonctionne pas toujours. Elle demande aussi à des proches de corriger ses fautes quand elle écrit une lettre ou veut envoyer un mail important, mais ils ne sont pas toujours disponibles et elle n’a pas toujours envie de montrer aux autres ce qu’elle écrit. Et puis, elle a peur de ne pas pouvoir aider ses enfants quand ils seront plus grands et qu’ils apprendront les règles de grammaire et les conjugaisons, feront des dictées et des rédactions.

On lui a déjà fait des réflexions désagréables sur son orthographe, elle en a parfois honte et cela a failli lui coûter son emploi. C’est la même chose pour la lecture : quand elle lit un document administratif, elle a peur de faire un contresens et se tromper.
De nos jours, l’outil informatique est bien utile avec les logiciels de traitement de texte, les dictées vocales, les correcteurs orthographiques. N’empêche que, parfois, ils se trompent et il faut être à l’aise avec leur utilisation, ce qui prend du temps et n’est pas facile pour tout le monde.

Yasmine est déjà allée chez un orthophoniste, quand elle était petite. Aujourd’hui, ses difficultés en lecture et orthographe lui pèsent beaucoup et elle aimerait bien avoir l’avis d’un professionnel. Mais son entourage lui dit que l’orthophonie, c’est pour les enfants et qu’elle est trop âgée pour s’améliorer, que c’est trop tard.

Trop tard pour consulter ?

L’orthophoniste travaille avec des patients à tous les âges de la vie. C’est donc normal d’en consulter un lorsqu’on est adulte, et il n’y a aucune honte à cela. Le dépistage, la pose de diagnostic et la prise en soin de troubles de la lecture (ou dyslexie) et de l’orthographe (ou dysorthographie) font partie des compétences de l’orthophoniste. Ces investigations peuvent être effectuées chez l’enfant, l’adolescent mais aussi chez l’adulte, même si cela se fait moins fréquemment.

Le bilan

L’orthophoniste procède à la réalisation d’un bilan qui consiste généralement en un long entretien pour connaître le patient, ses antécédents médicaux. Il oriente ses questions sur l’apprentissage de la lecture, de l’orthographe, les difficultés rencontrées dans ces domaines tout au long de la scolarité mais aussi dans la vie professionnelle et personnelle. Puis il propose des épreuves de lecture et d’orthographe : de la lecture de mots, de texte, des questions de compréhension de texte, une dictée. Il est possible d’ajouter une évaluation rapide de la mémoire et du langage oral par de la compréhension de récit ou de consignes et une évaluation des connaissances en vocabulaire.

Les conclusions de l’orthophoniste

À l’issue du bilan, l’orthophoniste interprète les données recueillies pour diagnostiquer ou non la présence d’une dyslexie et/ou d’une dysorthographie, que l’on nomme aussi « troubles spécifiques des apprentissages avec déficit de la lecture et/ou de l’expression écrite ».
Si le diagnostic est avéré, il peut proposer une prise en soin en expliquant au patient ce qu’il faudrait travailler et comment. Il s’agit de décider ensemble de ce qui pourra être fait, de prendre en compte la demande et les attentes du patient et donc de travailler sur ce qui lui pose le plus de problèmes et qu’il souhaite améliorer.

Les conséquences dans le quotidien

Il faut savoir aussi que, quand on est dyslexique et/ou dysorthographique, on le reste, on n’en guérit pas mais on peut progresser. On peut comprendre les règles de grammaire et de conjugaison mais aussi pallier ses difficultés en mettant en place des stratégies de compensation. Le rôle de l’orthophoniste est d’aider le patient à trouver les meilleures compensations. Si les difficultés restent importantes, il est possible d’obtenir des aides, même quand on est adulte : par exemple, les étudiants peuvent obtenir des aménagements pendant les examens comme un temps additionnel ou l’utilisation d’un ordinateur avec traitement de texte. Un salarié peut aussi bénéficier d’aides informatiques pour faciliter son travail et sa charge mentale.

Il n’est jamais trop tard pour consulter un orthophoniste. C’est le professionnel qui diagnostique un trouble du langage écrit. Il va proposer un plan de soin en accord avec les besoins de Yasmine et va l’aider à mettre des moyens de compensation en place pour qu’elle se sente plus à l’aise dans sa lecture et son orthographe.