La communication

Parler, bavarder, discuter, argumenter, raconter, se souvenir, chanter, comprendre, donner des informations, poser des questions: autant d’actions de communication que de moments à partager à deux ou à plusieurs, chez soi, en famille, avec des amis, des collègues, des commerçants ou bien encore des personnes rencontrées dans de nombreuses occasions de notre vie. Pour cela, il faut pouvoir dire des mots, les organiser en phrases, en discours, les accompagner de gestes, de mimiques, d’intonations afin que notre interlocuteur puisse nous comprendre. Cela a l’air simple, évident, quasiment automatique.

Quand on avance dans l’âge

La personne âgée connaît un grand nombre de mots qu’elle sait utiliser et comprendre mais le chemin pour les trouver peut sembler un peu plus long que lorsqu’elle avait 20 ans. Janine, 83 ans, raconte «les mots sur le bout de la langue» la gênent terriblement lorsqu’elle est en famille : « tout le monde va beaucoup plus vite que moi et je finis par me taire ». Pourtant, tous ces mots, elle les sait bien, ils reviennent même tous seuls mais « les autres parlent d’autre chose à ce moment-là ».
Il est également fréquent que ces petites lenteurs pour aller retrouver le mot précis soient augmentées par de légers troubles sensoriels (baisse de l’audition, vue altérée) et quelques difficultés attentionnelles finissent par « empêcher » la personne âgée de bien communiquer, surtout si plusieurs conversations sont menées de front. Appareil auditif, lunettes, dentier : le kit de survie souvent camouflé et pourtant très utile.

De bonnes oreilles pour bien communiquer

Il est important de veiller à maintenir une bonne qualité d’audition au fil des années mais les prothèses auditives ne suffisent pas.
Parler dans un environnement calme réduit le besoin de faire répéter l’interlocuteur et permet à la personne âgée de ne pas avoir à « filtrer » les bruits parasites.
Il est essentiel également de parler un peu plus lentement afin de laisser le temps nécessaire à la compréhension de ce qui est dit, de ne pas parler à plusieurs en même temps, d’éviter de changer de sujet de conversation sans prévenir.
Lorsqu’elle invite ses parents octogénaires, Claire les place à table en face d’elle, elle arrête la télévision et n’oublie jamais d’attirer leur attention quand elle leur parle. Elle privilégie ses repas à 4 ou 5 personnes afin de permettre à ses parents de ne pas être noyés par plusieurs conversations. Tout comme Claire, continuons à profiter de nos ainés en aménageant de véritables moments d’échanges. Les personnes âgées aiment raconter ce qu’elles ont fait et ont vu. Elles aiment également nous écouter si nous prenons la peine de parler moins vite.

De bons yeux pour bien communiquer

Nous savons aussi qu’il est utile de maintenir une bonne vision car la communication n’est pas faite que de mots, elle est complétée par des regards, des mimiques et des gestes qui donnent beaucoup d’informations au cours de la conversation. Les troubles de la vision doivent être pris en charge et les lunettes ne doivent pas rester dans le tiroir. Éviter le contre-jour et utiliser un bon éclairage permettent aux personnes âgées de bien voir notre visage, de lire sur nos lèvres.

De bonnes dents pour bien communiquer et bien manger 

Il ne suffit donc pas de savoir parler, de connaître les mots, de savoir faire des phrases. Il est essentiel de pouvoir parler et, lorsque l’on vieillit, cela peut devenir difficile du fait d’une voix qui s’atténue, d’une audition qui baisse comme nous venons de l’évoquer, mais également d’une dentition qui s’altère. Veillons à ce que le « pouvoir » parler soit complet. Jacques, 68 ans, raconte ses difficultés à articuler « des mots compliqués qui ne ressemblaient à rien » jusqu’au moment où il a « pu aller chez le dentiste et revenir avec deux appareils dentaires » qui lui ont redonné sa « parole de 20 ans ». Ses dents si précieuses pour parler lui ont également permis de « recommencer à manger de la viande, croquer dans une pomme et accepter les invitations des amis ». Lorsque l’on vieillit, on peut rencontrer quelques difficultés pour manger sans pour autant être malade !
Il n’est donc pas nécessaire de proposer une alimentation hachée, mixée, de la bouillie. Par contre, il faut veiller à la présentation des plats (de belles couleurs égaient les repas), servir une quantité adaptée (donc pas la peine de remplir l’assiette) et surtout accorder du temps à la personne âgée, le temps dont elle a besoin.

Tous les moments de partage sont essentiels

Avez-vous déjà éprouvé l’agréable sensation que procurent les souvenirs sensoriels ? Ces petits instants où vous retrouvez avec plaisir le goût des fraises des bois que l’on cueillait jadis, l’odeur de la naphtaline des vieilles armoires, le son de ce carillon qui marquait le temps lors des leçons, dans la grande salle à manger, la forme des nuages poussés par le vent ? Et bien, ces petits moments de grâce peuvent se cultiver, se provoquer. L’évocation des souvenirs anciens met du baume au cœur et nous réchauffe l’esprit.
Yvonne, 90 ans, 6 enfants, 16 petits-enfants et 3 arrière-petits-enfants aime à raconter ce petit chemin qui sent la noisette ou l’odeur du jardin après le passage de la pluie, les bêlements du troupeau en transhumance : « je me souviens quand ils arrivaient dans les prés, à côté de chez moi ». L’odeur des foins, la fenêtre ouverte de la salle de classe qui marquait l’approche des grandes vacances, les sabots du cheval qui passait sur la route et attirait l’œil en même temps qu’il enchantait les oreilles. Et elle prend du plaisir à regarder les yeux pétillants et attentifs des grands et des plus jeunes quand elle évoque ses souvenirs.

L’environnement, l’entourage, les activités, les échanges, les relations, la bonne humeur, l’humour, les jeux, les chansons contribuent à la bonne santé et entretiennent la capacité à communiquer. Tout plaisir partagé, comme un repas ou une conversation, contribue à maintenir une bonne qualité de vie.