Je remarque qu’elle ne les utilise pas ou les utilise de travers et qu’elle ne les comprend pas. Elle me regarde souvent avec des grands yeux qui semblent dire « je ne comprends pas, maman ». Je me dis qu’elle va peut-être les apprendre à l’école ou que c’est peut-être parce qu’on parle deux langues à la maison… Est-ce normal ? Comment faire pour l’aider ?

Le vocabulaire mathématique

Le vocabulaire mathématique comprend les mots de quantité et d’espace. Par exemple, les mots de quantité peuvent être « plus, plus que, moins, moins que, le plus, le moins, autant, ensemble, en tout, chacun, ajouter, enlever, égaliser, distribuer, partager, etc. » et les mots décrivant l’espace ou la géométrie peuvent être « proche, loin, au-dessus, en-dessous, sur, sous, devant, derrière, entre, milieu, centre, côté, angle, carré, cercle, rond, etc. ». Le vocabulaire mathématique joue un rôle important dans le développement des capacités mathématiques comme le calcul et la résolution de problèmes. Les enfants qui comprennent et utilisent les mots de vocabulaire mathématique ont plus de facilité à comprendre les consignes et les énoncés de problèmes.

Comment et quand l’enfant apprend les mots de vocabulaire mathématique ?

L’enfant acquiert du vocabulaire mathématique dans sa classe au cours des leçons de mathématiques mais aussi dans sa vie quotidienne lorsqu’il observe son environnement, qu’il manipule et interagit avec les objets présents autour de lui, qu’il joue et qu’il discute avec les membres de sa famille et ses amis. En effet, les très jeunes enfants développent un intérêt spontané pour les nombres, pour les quantités et à leurs relations dans le quotidien.

À la maternelle / à 3-6 ans

Entre 3 et 6 ans, les enfants sont scolarisés en école maternelle. Ils apprennent du vocabulaire mathématique à travers les activités de la vie quotidienne à la maison avec leur famille et par les activités de l’école avec leur enseignant et leurs amis. Naturellement plus l’enfant grandit, plus il connaît de mots mathématiques. En maternelle, les enfants comprennent et utilisent les mots comme « ajouter, enlever, le plus loin, sous, un peu, le premier, loin, le plus, plus, dessous, au milieu, à la fin, le dernier, le moins, devant, moins ».

En début de primaire / à 6-8 ans

Au début du primaire (CP-CE2), les enfants apprennent du vocabulaire mathématique à travers les leçons de mathématiques. Ce vocabulaire devient plus complexe et plus spécialisé. Ce vocabulaire est souvent moins utilisé dans la vie quotidienne. Cela peut être difficile pour l’enfant d’associer le vocabulaire appris en classe aux situations de la vie quotidienne. Par exemple, ils rencontrent des mots particuliers comme « dizaine, centaine, pair, impair, somme, différence, croissant, décroissant, cube, etc. ».

En fin de primaire / à 9-12 ans

En fin de primaire (CM1-CM2), les enfants apprennent du vocabulaire mathématique à travers les leçons de mathématiques. Ce vocabulaire devient encore plus complexe. Par exemple, ils rencontrent des mots particuliers comme « mètre, kilomètre, équilatéral, isocèle, facteur, produit, rotation, égalité, parallélogramme, tiers, quarts, solide, face, périmètre, centième, etc. ».

Au collège et dans les classes supérieures / après 12 ans

Au collège et au lycée, les jeunes poursuivent l’apprentissage de vocabulaire mathématique. Les mots deviennent encore plus complexes aux leçons mathématiques (par exemple, « équation, fonction, linéaire, graphique, abscisse, etc. »). Ces apprentissages sont indispensables pour comprendre ensuite les articles de journaux qui présentent des informations importantes au niveau de la science, de la santé, de l’économie, des choix politiques, etc.

Pourquoi mon enfant ne parvient pas à exprimer et à comprendre les mots de vocabulaire mathématique ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi un enfant n’exprime pas ou ne comprend pas certains mots de vocabulaire.
Premièrement, il est possible qu’il n’ait encore jamais rencontré ce mot et qu’il l’entende pour la première fois. Il suffit alors de redire autrement, expliquer, montrer et réutiliser ce mot plusieurs fois et dans différentes situations.
Deuxièmement, le mot est peut-être trop difficile selon l’âge de l’enfant. On n’imagine pas utiliser le mot « symétrie » avec un enfant de 2 ans et demi par exemple ! Il est évident que cet enfant aura bien des difficultés à comprendre ce mot.
Troisièmement, ces difficultés pour les mots de vocabulaire mathématique peuvent être dues à un trouble des apprentissages en mathématiques. Des difficultés à percevoir et compter les quantités peuvent entrainer un manque d’intérêt spontané pour les nombres, les quantités et leurs relations dans le quotidien et, en conséquence, présenter des difficultés au niveau du vocabulaire mathématique.
Quatrièmement, les difficultés pour les mots de vocabulaire mathématique peuvent être associées à un trouble développemental du langage : des difficultés générales avec les mots peuvent entrainer des difficultés à comprendre les mots de vocabulaire qui sont plus abstraits comme « aucun, certains, la plupart, etc. » ou même des difficultés à apprendre les mots de la comptine numérique. En revanche, les enfants qui apprennent les mathématiques à l’école dans une langue différente de celle parlée à la maison ne sont pas particulièrement en difficulté au niveau du vocabulaire mathématique. Le bilinguisme ne crée pas de difficultés au niveau du vocabulaire mathématique.

Comment aider mon enfant à la maison ?

Il est important de stimuler l’intérêt spontané pour les nombres, pour les quantités et leurs relations dans le quotidien avec les enfants et les mots qui vont avec. Pour cela, il est essentiel de proposer aux enfants des mots mathématiques de manière naturelle, dans les jeux et les discussions, dans le plaisir de l’échange. Ce peut être en préparant le repas, en comptant les cerises (quatre, huit, peu, beaucoup, etc.), en comparant la taille de deux courgettes (grande, petite, plus grande que, la moins grande, etc.), en coupant, divisant, assemblant des aliments, en remplissant les verres d’eau (un peu, beaucoup, le plus, le moins, presque, autant, jusqu’à, etc.). Ce peut être en faisant les courses au marché ou à l’épicerie, en lisant les étiquettes de prix (trois euros quatorze, cher, beaucoup, peu, plus/moins cher, etc.), en pesant les aliments (lourd, léger, ajouter, enlever, etc.), en commentant les piles d’objets ou les files de chariots (court, long, haut, aligné, devant, derrière, etc.). Ce peut être lors d’un jeu dehors dans le jardin, dans la cour, au parc, en courant vite ou doucement, en sautant un peu, très haut, le plus haut possible, etc. Ce peut être pendant un jeu de briques, de l’oie, de marchande, etc. en comptant, en alignant, en superposant, en égalisant, en ajoutant, en échangeant, etc. Ce peut être pendant la lecture d’un livre illustré en décrivant les images, en pointant et en comptant les objets ou les personnages dessinés.

Toutes les occasions de vie sont des bonnes occasions pour échanger avec les enfants et leur apprendre naturellement des mots mathématiques. Si les enfants ne comprennent pas un mot, il suffit de redire différemment, de montrer avec les objets de la maison si cela est possible, de donner un exemple concret. Pour le vocabulaire mathématique appris à l’école, il peut être utile de préparer avec l’enseignant un répertoire des mots, avec leur définition et des illustrations (schéma, dessin). Si les difficultés sont importantes et semblent persister, alors il est utile d’en discuter avec l’enseignant et l’enfant pourrait avoir besoin d’un bilan orthophonique.