Images

Photo by Joanna Kosinska on Unsplash

Des images, il y a partout autour de moi, sur les murs, sur les écrans, dans les livres. Je suis comme dans un bain d’images. Encore faut-il que j’arrive à les interpréter. Parce que une image, c’est tout plat, en 2 dimensions, pas comme les objets en volume (en 3 dimensions) qu’il y a autour de moi. Et puis, elles ne sont pas bien grandes. En tout cas, pas à la même taille que les objets ou les personnes. Et des fois, il y a des façons de dessiner un peu particulière et je ne reconnais pas bien ce qu’elles représentent.
Il y a d’abord mon image dans le miroir. Le miroir, je me vois dedans. Mon image est à la bonne taille mais inversée. Mon bras droit je le vois à gauche dans le miroir. Au début je ne reconnais pas que c’est moi mais très vite oui. Alors je fais des grimaces ou je danse devant le miroir. Cela me plaît beaucoup.

Il y a ensuite les photos. Je vois souvent les grands en faire avec leur téléphone mobile. Après ils me les montrent. Ils me disent « regarde, c’est papa ». Il faut que je réalise que ce que je vois sur le tout petit écran c’est bien papa qui est pourtant très grand ! Et en plus il a l’air d’être coupé en deux, on voit pas ses jambes !

Après on me montre des photos d’animaux. Là c’est pareil, c’est tout petit et tout plat. Cela n’a pas d’odeur, on ne sent pas le doux des poils quand on touche l’image.

Quelque fois, on me montre des photos en noir et blanc. J’ai du mal à comprendre pourquoi les couleurs sont parties. C’est bizarre. Il me faut du temps pour y arriver.

Il y a aussi des dessins. Là ce n’est plus la représentation pour de vrai d’une personne, d’un animal, d’un objet. Les images c’est jamais tout à fait pareil que les choses vraies. Les couleurs, les formes. Et puis on voit que la face avant, et pas les côtés ni la face arrière. Là aussi il me faut du temps pour réaliser. Et reconnaître ce qui a été dessiné.

Des fois même, le dessinateur, il a une façon à lui de représenter les personnes, les animaux, les objets, les voitures. Là encore il faut que je m’habitue. Et il y aussi des choses que je dois apprendre pour bien lire l’image.

Il y a même des dessins où il n’y a que les contours des objets et il faut les reconnaître à leur silhouette.
Il y a aussi des petits dessins stylisés. Ça s’appelle des pictogrammes. Il y en a sur les panneaux du code de la route, dans les magasins ou les gares, dans les notices de jouets… Ceux-là aussi il faut qu’on me les présente et qu’on me les explique.

Il y a aussi les images en mouvement dans les dessins animés, les vidéos et les films et dans les jeux de console. Il faut apprendre à les décoder. Regarder sur un écran, c’est pas avant 3 ans et après 3 ans pas trop longtemps (30 minutes). Parce que les images bougent tout le temps, souvent très vite. Et mes yeux, ils ont du mal à les suivre. Et il y a aussi des effets spéciaux, avec des flashes lumineux, ça éblouit. Papa et maman sont très attentifs à ce qui est indiqué : « Interdit aux enfants de moins de 10 ans » par exemple. Les images violentes, ça fait peur. Les images qui sont destinées à des plus âgés, ça me perturbe.


Il y a quelque chose de bien avec les images. C’est qu’elles restent là. On peut les regarder le temps qu’on veut. Elles peuvent servir d’aide mémoire. C’est pas comme les paroles. Elles ne restent pas. Quand on les a dites, c’est fini, c’est parti.
Mais pour que les images soient une aide pour moi, il faut que quelqu’un me les fasse découvrir. Dans toutes leurs façons : les photos, les dessins, les pictogrammes. Me montre comment les lire, les interpréter et les comprendre.
Si je ne comprends pas bien tout le langage, me montrer une image ou un pictogramme, ça m’aide. Si je ne parle pas, je ne sais pas dire les mots, je peux montrer, donner une image ou un pictogramme à la place.

Mais il y a des enfants qui ont du mal à comprendre une image. C’est peut-être parce qu’ils ne voient pas bien de près. Le spécialiste des yeux (l’ophtalmologiste) leur proposera peut-être de mettre des lunettes. Ou qu’ils n’arrivent pas à bien analyser les formes, les tailles, les orientations. À faire la différence entre le dessin et le fond. Là c’est l’orthoptiste ou l’ergothérapeute qui peut les aider.