Faire semblant

Photo by Markus Spiske on Unsplash

Tout petit et même plus grand, je joue à faire semblant. Dans les magazines des grandes personnes, on appelle cela faire un « jeu symbolique ».

Entre un an et 18 mois, je vois la timbale dans laquelle je bois qui traîne, vide. Je la prends et je fais semblant de boire même s’il n’y a rien dedans. C’est une étape importante dans mon développement. Cela veut dire que, dans ma tête, je me représente la timbale remplie de jus d’orange et moi en train de boire. Cela ouvre la porte au langage et à la pensée. Très vite je fais semblant de boire devant maman en espérant qu’elle me donne du jus. Cela veut dire que je sais que, dans sa tête, elle se représente la timbale remplie de jus d’orange et moi en train de boire. Elle comprend mes besoins. Et moi je sais qu’elle comprend mes intentions.

Vers 2 ans, je ferai semblant de donner à boire à une autre personne, à ma poupée … toujours avec ma timbale vide.
Plus tard je le ferai avec un récipient qui ressemble à une timbale, après avec un tube, un bouchon ou en mimant.
Puis je mets la timbale dans la main de la poupée pour qu’elle boive. Ou une brosse à cheveux pour qu’elle se coiffe. Pourtant une poupée n’a pas besoin de boire. Mais moi, j’ai découvert que les personnes ressentent des choses. Je m’entraîne avec ma poupée pour savoir comment cela fait quand on a mal, ou peur, ou faim, ou quand on est en colère. C’est important pour les relations que j’aurai avec les autres enfants ou les grandes personnes. Même les garçons ont besoin de jouer à la poupée.

Vers 2 ans et demi, j’adore me déguiser ou emprunter un vêtement à papa ou maman.
Je fais semblant d’être une maman. Je m’occupe de mon bébé : le laver, le coiffer, l’habiller, lui donner à manger. Je joue à la dînette.
Je fais semblant d’être un papa. Je bricole avec mon petit marteau en bois, j’envoie des sms sur mon téléphone jouet…

A 3/4 ans, je joue au maître ou à la maîtresse, au docteur, au coiffeur…
Pour Noël, je réclame la maison de poupée et les poupées, la ferme et les animaux, le bateau de pirates et les personnages, le garage et les voitures… Je refais des scènes de ma vie. Je joue des histoires qu’on m’a racontées. Ou que j’ai vues sur un petit livre ou à la télé.
Avec les autres enfants, on fait comme si on était malade, un explorateur, un policier en mimant et en parlant.
Avec des personnages miniatures et leurs accessoires, on invente des histoires à n’en plus finir.
Il n’y a pas d’âge pour jouer à faire semblant. Même quand on est un grand/une grande de l’école primaire ou en 6ème…

C’est très important ce jeu de faire semblant. Cela me prépare à comprendre les situations de la vie en les rejouant. Cela m’aide à comprendre les réactions des autres. Et cela m’aide à enrichir mon langage.
Quand je joue à un jeu d’aventure, sur une tablette ou une console. Ce n’est pas du tout pareil. L’histoire, je n’ai pas à l’inventer. Le créateur du jeu, il a décidé de ce qui va se passer. Il me laisse juste choisir l’ordre dans lequel cela va se faire. Je n’ai pas besoin de chercher ou d’imaginer ce dont j’ai besoin pour réussir. Il me laisse juste choisir parmi des choses qu’il a décidées lui. Cela ne développe pas mon imagination !

J’aimerais bien jouer à faire semblant avec mon voisin. Mais il ne sait pas trop comment faire. Ou alors il refait toujours les mêmes séquences sans rien changer. Il n’en invente pas d’autres. Ce n’est pas amusant. Mais je vois bien qu’il ne le fait pas exprès. C’est vraiment difficile pour lui. Ses parents en ont parlé au médecin sans attendre. J’ai appris qu’il va dans une consultation pour jeunes enfants avec différents spécialistes. Et chez un orthophoniste.