« J’ai 15 ans et j’oublie tout. Les contrôles, les devoirs, les rendez-vous… Ça m’énerve ! Et mes relations avec mes parents et mes profs sont mauvaises à cause de ça. J’y peux rien, dès que je commence un exercice, mes pensées partent ailleurs. C’est bizarre, parce que quand j’écris ce que je dois faire, ou quand je note mes idées, ça va un peu mieux. En plus, ça m’occupe. Un prof m’a conseillé de tenir un carnet. Je veux bien, mais je ne sais pas trop par où commencer… »
« J’ai 22 ans. Après un accident de scooter et plusieurs semaines d’hospitalisation, j’ai du mal à me concentrer comme avant. Je perds le fil des conversations, je commence une tâche et j’en oublie une autre. Un neuropsychologue m’a conseillé d’écrire pour m’organiser. Au début, j’ai trouvé ça inutile… mais noter mes rendez-vous, mes idées et même mes émotions m’a permis de retrouver un peu de contrôle. Aujourd’hui, j’ai toujours un carnet dans mon sac. »
Quand l’attention fait défaut : de quoi parle-t-on ?
Avoir du mal à se concentrer, à retenir ou à terminer une tâche n’est pas rare, mais lorsque ces difficultés persistent et perturbent la vie quotidienne, on parle de trouble de l’attention. Ces troubles peuvent concerner différents profils : des adolescents avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), mais aussi des personnes présentant un trouble acquis (après un traumatisme crânien, une infection, ou un épisode de Covid long).
Les conséquences des troubles attentionnels peuvent être importantes : baisse des résultats scolaires, oubli des consignes, désorganisation, conflits familiaux, découragement… Ces difficultés peuvent générer de l’anxiété et une perte de confiance. L’écriture peut alors devenir une aide précieuse.
Pourquoi l’écriture aide à se concentrer
Écrire permet de libérer la mémoire de travail en externalisant les pensées. Cela réduit la charge mentale et rend visibles les priorités. Le geste d’écriture, en mobilisant la main, les yeux et l’esprit, agit comme un ancrage sensorimoteur. Il aide à structurer les idées, à planifier, à hiérarchiser.
L’écriture, qu’elle soit manuscrite ou numérique, joue aussi un rôle émotionnel : poser les idées apaise, clarifie et redonne un sentiment de maîtrise. Voir ses progrès sur papier permet de valoriser les efforts et de renforcer la motivation.
Écrire quoi, pour aider à quoi ?
Se repérer et se souvenir
Faire des listes ou to-do lists aide à planifier les tâches et à éviter les oublis. On peut rayer ou cocher ce qui est accompli, ce qui procure une satisfaction immédiate.
Utiliser des post-it, un agenda ou un code couleur simple (rouge = urgent, vert = fait) aide à visualiser les priorités.
Soulager la concentration
Fractionner les tâches complexes (“relire trois pages”, “faire deux exercices”) rend l’effort plus accessible. Tenir un “carnet de concentration” pour noter les moments de réussite ou les distractions permet d’apprendre à mieux se connaître.
Monitorer ses progrès et s’encourager
Écrire ses réussites, ses difficultés et ses émotions favorise la prise de recul et la motivation. Les adolescents apprécient souvent d’utiliser des symboles ou des dessins pour repérer les moments d’attention.
Interagir avec le monde
L’écriture permet aussi d’améliorer la communication : noter un rendez-vous, préparer une discussion importante, ou résumer une consigne aide à limiter les malentendus.
Focus : le TDAH à l’adolescence
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par une difficulté à maintenir l’attention, une impulsivité et parfois une agitation motrice. Chez l’adolescent, il peut se traduire par une désorganisation marquée, des oublis fréquents et une grande variabilité dans les performances scolaires.
L’écriture devient alors une stratégie concrète pour structurer la pensée et retrouver de la sérénité. Mais il est essentiel d’accompagner l’adolescent : ces outils ne se mettent pas en place seuls. Les parents et les professionnels peuvent soutenir l’ado pour qu’il les intègre dans sa routine.
Le rôle de l’orthophoniste
L’orthophoniste évalue les besoins de l’adolescent dans plusieurs domaines : attention, mémoire, organisation, communication. Ensemble, ils explorent des outils adaptés : cahier unique, agenda numérique, application de rappel, carnet d’attention.
L’orthophoniste peut aussi aider à développer des compétences en communication écrite : apprendre à reformuler une consigne, structurer un texte, synthétiser une idée. Ces compétences soutiennent la réussite scolaire et l’autonomie future.
Un accompagnement parental bienveillant est souvent décisif : co-écrire la liste des devoirs, instaurer un rituel d’organisation, valoriser les efforts. Des outils visuels comme le time timer, les tableaux blancs ou les routines hebdomadaires peuvent aussi renforcer la concentration.
Et au-delà de l’écriture : d’autres soutiens utiles
L’écriture s’intègre dans un ensemble plus large de stratégies. Les activités physiques régulières, les temps de loisirs créatifs ou musicaux, les soutiens psychologiques et les aménagements scolaires (temps supplémentaire, reformulation des consignes) contribuent tous à améliorer la qualité de vie et la concentration.
Écrire n’est pas seulement une aide scolaire : c’est une stratégie de vie. À court terme, cela aide à s’organiser ; à moyen terme, cela développe la planification et la gestion de la charge mentale ; à long terme, cela renforce la confiance et l’autonomie.
Chaque mot posé permet d’alléger l’esprit, de canaliser l’attention et de reprendre confiance en ses capacités. L’écriture devient un soutien concret pour mieux gérer son attention, quel que soit l’âge ou la cause des difficultés.
Ressources utiles :
TDAH France – Association nationale : informations et témoignages.
Haute Autorité de Santé – Recommandations sur les troubles attentionnels.
Applications d’organisation : Notion, Todoist, Trello.
Bibliographie



