Ce témoignage, de plus en plus fréquent, décrit une réalité invisible mais bien réelle : la fatigue persistante après une infection à la Covid-19. Elle touche de 30 à 80% des patients selon les études. Ce n’est pas une simple « baisse de forme » : on parle ici d’un véritable épuisement, physique et mental, qui s’installe dans la durée.

Une fatigue hors norme

Chez les patients atteints de Covid long, la fatigue est le symptôme le plus fréquent, et souvent le plus invalidant. Les chercheurs ont aussi montré que les femmes avaient un risque presque 7 fois plus élevé que les hommes de présenter des symptômes de fatigue.
On parle de fatigue post-effort : ce n’est pas tant l’effort lui-même qui est impossible, c’est ce qui suit. Une simple marche, un moment de concentration ou une conversation animée peuvent entraîner un « crash » dans les heures ou les jours qui suivent. Ce phénomène porte un nom : le « malaise post-effort », bien connu dans d’autres pathologies comme le syndrome de fatigue chronique. Il s’accompagne souvent de brouillard mental, de troubles du sommeil, de vertiges, d’intolérance à l’effort physique et d’une grande frustration.

Pourquoi cette fatigue persiste-t-elle ?

Les chercheurs avancent plusieurs explications :

  • une réponse immunitaire déréglée
  • des déséquilibres métaboliques, neurologiques ou hormonaux
  • une persistance virale ou une réactivation d’autres virus comme Epstein-Barr
  • un déconditionnement lié à l’inactivité forcée durant la maladie
  • Cette fatigue n’a rien de psychologique au sens péjoratif du terme. Elle est neurologique, systémique, parfois multifactorielle et elle ne disparaît pas simplement avec du repos

Ajuster son effort : oui, mais comment ?

Le principe est de calibrer l’effort à partir de ce que les chercheurs appellent le « taux d’effort perçu », sur une échelle de 1 à 10, et de ne pas dépasser le seuil de 4 à 6 sur 10. Ce calibrage, qui doit être adapté à chaque personne en fonction de sa tolérance à l’effort et au risque d’accentuation des symptômes, a été démontré comme efficace sur la fatigue et la qualité de vie.
Ensuite, il faut garder en priorité la notion de sécurité :

  • l’effort physique ou cognitif ne doit pas conduire à un épisode d’accentuation des symptômes avec un risque pour la personne
  • la capacité à assurer les activités de la vie quotidienne est le préalable obligatoire au retour au travail

Le « pacing » : apprendre à gérer son énergie

Face à cette fatigue durable, la clé est l’adaptation. L’une des stratégies les plus efficaces est le « pacing » (ou gestion de l’énergie). Il s’agit de :

  • planifier les activités aux moments où l’on est le plus en forme
  • fractionner les tâches, établir des buts raisonnables et des listes
  • insérer des temps de repos réguliers
  • prioriser ce qui compte vraiment pour vous
  • ce n’est ni une fuite, ni un abandon : c’est un mode de survie fonctionnel

Quel rôle pour l’orthophoniste ?

Beaucoup de patients décrivent une fatigue mentale intense, qui gêne la concentration, la mémoire ou la prise de décision.
L’orthophoniste intervient pour :

  • évaluer l’impact cognitif de la fatigue
  • apporter des stratégies concrètes de compensation
  • développer des compétences d’autogestion
  • travailler l’attention, la planification ou l’endurance cognitive
  • accompagner le patient dans la reprise d’une activité adaptée à son rythme
  • identifier des facteurs protecteurs (réserve cognitive, émotions positives, niveau de résilience, indulgence avec soi-même, soutien social…)

La fatigue post-Covid est un symptôme complexe, durable et handicapant. Elle nécessite compréhension, adaptation et patience. Des stratégies existent. L’orthophoniste peut vous aider à mieux gérer vos ressources pour retrouver, petit à petit, de l’énergie et du confort de vie.

Soutien à la réadaptation : auto-prise en charge après une maladie causée par la COVID-19

Les informations du Vidal