La lutte contre l’illettrisme mobilise tout le monde. Pourquoi est-ce important d’en parler ?
Le quotidien de Maxime, en situation d’illettrisme
Maxime, 29 ans, est mécanicien dans un garage. La naissance de ses enfants l’a confronté de nouveau à ses difficultés en lecture. Jouer à un jeu de société, lire une histoire, les accompagner au musée, chercher un dessin animé, les inscrire à la crèche… sont autant de situations difficiles pour lui. Il peine à cacher ses difficultés. Maxime est considéré comme étant en situation d’illettrisme.
Dans le quotidien, il utilise des stratégies de contournement. Quand il fait ses courses, il ne paie qu’en carte bleue, au travail il renvoie les clients vers la secrétaire, au quotidien, c’est sa femme qui s’occupe de la gestion de l’administratif… Elle est la seule à connaître ses difficultés. Il a honte et a peur de la réaction des autres.
L’illettrisme, qu’est-ce que c’est ?
Selon l’ANLCI, l’illettrisme est une situation qui concerne toutes celles et tous ceux qui, après avoir été scolarisés en langue française, ne disposent pas des compétences de base nécessaires en lecture, écriture, calcul, numérique, pour être autonomes dans des situations simples de la vie quotidienne.
L’illettrisme concerne des personnes qui ont bénéficié d’une scolarisation en Français, contrairement à l’analphabétisme qui concerne les personnes qui n’ont pas appris à lire et à écrire, qui n’ont jamais été à l’école.
Les personnes en situation d’illettrisme peuvent présenter des difficultés pour se repérer dans l’espace, lire un mode d’emploi ou une recette, comprendre des consignes dans leur vie personnelle et sur leur lieu de travail, utiliser l’informatique.
Les causes de l’illettrisme
Les causes de l’illettrisme sont multiples et variées et peuvent apparaître très tôt : parcours scolaire compliqué, ruptures familiales, problèmes de santé ou encore perte des compétences fondamentales faute de pratique. L’illettrisme reste souvent méconnu et source de fausses croyances. Lutter contre l’illettrisme est un enjeu crucial pour notre société et exige la mobilisation de chacun.
Combien de personnes sont concernées?
L’illettrisme concerne 4% des adultes en France, soit 1 500 000 personnes âgées de 18 à 64 ans.
Plus largement, 10,5% de la population adulte âgée de 18 à 64 ans ayant été scolarisée en France qui est en forte difficulté avec les compétences de base (lire, écrire, compter,…), soit 3.700.000 personnes en métropole et outre-mer.
Contrairement aux idées reçues, l’illettrisme ne touche pas que les personnes âgées. La moitié des adultes en situation d’illettrisme ont moins de 45 ans (INSEE). 3% des jeunes entre 18 et 29 ans sont en fortes difficultés avec les compétences de base.
Par où commencer ?
La première chose à faire pour les personnes qui sont en situation d’illettrisme c’est de pouvoir en parler sans peur d’être jugées. Trouver quelqu’un avec qui parler de ses difficultés permet d’ouvrir une porte vers des solutions individualisées. C’est le premier pas pour s’en sortir et faire diminuer la honte ressentie.
L’ANLCI a mis en place un numéro vert (0 800 11 10 35) unique et gratuit. Il permet d’être mis en lien avec des professionnels des Centres Ressources Illettrisme (CRI) qui proposent des ressources adaptées à chaque personne. Comme les causes de l’illettrisme sont multiples et les facteurs variés, les solutions à apporter doivent être individualisées.
La femme de Maxime l’a aidé à faire la démarche de téléphoner au numéro vert. Son parcours pour sortir de l’illettrisme pourra commencer par des solutions pédagogiques. Maxime n’est pas trop vieux pour réapprendre à lire. Il va rencontrer des bénévoles et des professionnels qui pourront reprendre avec lui les bases de la lecture, avec un matériel adapté aux adultes.
De plus, certaines ressources sont disponibles pour faciliter le quotidien des personnes en situation d’illettrisme : des podcasts, des articles lus, des écrits en FALC (Facile à lire et à comprendre), le site SantéBD… Ces supports permettent de rendre des informations importantes accessibles à tous (informations sur les soins de santé, services publics…).
Maxime doit-il consulter un orthophoniste ?
Les causes d’une situation d’illettrisme sont multiples. Une petite partie des adultes en situation d’illettrisme présentent un Trouble Spécifique du Langage Écrit (anciennement nommé dyslexie). Il s’agit souvent de personnes, non repérées durant leur scolarisation et qui n’ont pas pu accéder à une maîtrise des savoirs de base et se sont ainsi retrouvées en échec scolaire.
Cependant, toutes les personnes en situation d’illettrisme ne sont pas dyslexiques et toutes les personnes dyslexiques ne sont pas en situation d’illettrisme.
L’illettrisme n’est pas une pathologie contrairement aux troubles spécifiques du langage écrit qui sont des troubles du neurodéveloppement. L’orthophoniste n’interviendra que lorsqu’il y a une suspicion de trouble spécifique du langage écrit.
Dans un premier temps, Maxime s’adressera à une association pour bénéficier d’une formation afin de réapprendre à lire et à écrire. Rentrer à nouveau dans des apprentissages lui permettra de se réconcilier avec l’écrit.
Après un temps d’apprentissage, s’il éprouve encore un questionnement sur un éventuel diagnostic de trouble du langage écrit, Maxime pourra en parler à son médecin qui l’adressera vers les professionnels concernés (orthoptiste, ophtalmologue, psychologue…). S’il suspecte un éventuel trouble de la lecture et de l’orthographe, il pourra l’orienter vers un orthophoniste.
L’illettrisme concerne 1 500 000 adultes entre 18 et 64 ans,
Il s’agit de personnes en forte difficulté avec les compétences de base (lire, écrire, compter,…), ce qui vient entraver leur quotidien.
L’illettrisme concerne des personnes ayant été préalablement scolarisées en français et ses causes sont multiples.
Pour être aidé, il faut contacter le numéro vert unique et gratuit : 0 800 11 10 35.
Illettrisme et troubles spécifiques du langage écrit (anciennement dyslexie) sont deux choses différentes. Toutes les personnes en situation d’illettrisme n’ont pas forcément besoin de voir un orthophoniste, si vous avez un doute n’hésitez pas à en parler avec un médecin traitant.